Qu’est-il arrivé à l’homme qui a réalisé la toute première vidéo sur YouTube ?

Le 23 avril 2005, un jeune homme se tient devant un enclos à éléphants, filmé par un ami. Il prononce quelques mots banals : « La chose cool à propos de ces gars, c’est qu’ils ont de très, très longues trompes… et c’est tout ce qu’il y a à dire. ». Rien d’extraordinaire. Aucune mise en scène sophistiquée. Juste un moment capturé sur caméra.

Pourtant, cette vidéo de 19 secondes, intitulée Me at the zoo, va marquer un point de bascule dans l’histoire d’internet. Sans le savoir, Jawed Karim venait d’inaugurer une nouvelle ère : celle où tout le monde pouvait devenir créateur de contenu, où n’importe quelle personne avec une caméra pouvait potentiellement être vue par des millions d’autres.

À l’époque, YouTube n’en est encore qu’à ses balbutiements. Personne ne se doute que cette plateforme deviendra l’un des piliers du web moderne, ni que cette vidéo, aussi banale soit-elle, accumulera plus de 348 millions de vues et plus de 5 millions d’abonnés à ce jour. C’est un début modeste, mais il jette les bases d’une révolution culturelle et numérique qui façonne encore aujourd’hui notre façon de consommer du contenu en ligne.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Jawed Karim n’est pas un simple utilisateur lambda ayant posté une vidéo pour le plaisir. Il est en réalité l’un des trois cerveaux à l’origine de YouTube, aux côtés de Chad Hurley et Steve Chen.

L’idée de la plateforme naît en 2004, alors que les trois ingénieurs, tous anciens employés de PayPal, constatent une lacune majeure sur Internet : il est difficile, voire impossible, de partager facilement des vidéos en ligne. Aucun site ne permet de télécharger et visionner du contenu de manière fluide.

C’est ainsi que naît YouTube, une plateforme pensée pour simplifier le partage et la diffusion de vidéos. Pourtant, dès le départ, Jawed Karim choisit une trajectoire différente de ses deux associés. Plutôt que d’être en première ligne, il préfère un rôle plus discret, se positionnant comme conseiller au lieu de prendre une place décisionnelle.

Ce retrait volontaire le prive d’une part importante des actions de l’entreprise, mais il semble peu intéressé par la gloire et l’exposition médiatique. Contrairement à Chad Hurley et Steve Chen, qui deviennent des figures publiques du web, Karim reste dans l’ombre, laissant ses partenaires gérer les opérations tout en continuant ses études à Stanford. Un choix qui alimente encore aujourd’hui le mystère autour de sa personnalité.

Dès les débuts de YouTube, Jawed Karim prend une décision surprenante : il refuse d’être un actionnaire majoritaire et choisit un rôle plus discret. Contrairement à Chad Hurley et Steve Chen, qui s’impliquent activement dans la gestion et l’expansion de la plateforme, Karim se place en retrait, adoptant le statut de conseiller plutôt que dirigeant.

Pourquoi ce choix ? Plusieurs raisons peuvent l’expliquer. D’abord, il souhaite poursuivre ses études à l’université de Stanford, un objectif qu’il juge plus prioritaire que le tumulte entrepreneurial. Ensuite, Karim semble peu attiré par la lumière des projecteurs. Contrairement à ses associés, il ne cherche ni reconnaissance publique ni pouvoir décisionnel absolu.

En acceptant une part minoritaire dans l’entreprise, il limite son contrôle sur l’évolution de YouTube, mais cela ne l’empêche pas de bénéficier du succès fulgurant de la plateforme. Son rôle en retrait ne signifie pas qu’il était absent du processus : il participe aux premières étapes du développement, influençant les décisions techniques et stratégiques.

Un choix risqué ? Peut-être. Mais une chose est sûre : même en étant dans l’ombre, Jawed Karim a changé l’histoire du web.

En octobre 2006, YouTube connaît un tournant décisif : Google rachète la plateforme pour la somme astronomique de 1,65 milliard de dollars. Une transaction qui fait immédiatement de Chad Hurley et Steve Chen des multimillionnaires, eux qui détenaient une grande partie des parts.

Mais qu’en est-il de Jawed Karim, ce cofondateur resté dans l’ombre ? Avec sa participation minoritaire, il touche environ 64 millions de dollars en actions Google. Une somme colossale, bien qu’inférieure à celle de ses anciens associés. Pourtant, cette fortune, il l’a amassée sans jamais avoir occupé de poste officiel ni même perçu de salaire chez YouTube.

Loin d’exhiber sa richesse, Karim adopte une posture discrète. Pas d’interviews, pas de déclarations fracassantes, pas de train de vie extravagant. Là où d’autres fondateurs de startups devenus millionnaires s’affichent dans les médias et investissent leur argent dans des projets hyper médiatisés, Karim choisit la réserve.

Ce choix intrigue. Pourquoi un homme ayant contribué à l’un des plus grands succès de l’ère numérique refuse-t-il la célébrité et les feux des projecteurs ? Un mystère qui ne fait qu’épaissir l’aura énigmatique qui l’entoure…

Après la vente de YouTube, Jawed Karim ne disparaît pas complètement du monde de la technologie, mais il se fond dans le décor, loin des projecteurs. Contrairement à ses anciens associés, qui multiplient les apparitions publiques et les interviews, il préfère investir son argent dans des projets d’avenir plutôt que d’attirer l’attention sur lui-même.

En 2009, il cofonde YVentures, un fonds d’investissement qui mise sur des entreprises technologiques prometteuses. Mais son pari le plus audacieux, et peut-être le plus rentable, est d’avoir investi très tôt dans Airbnb, à une époque où l’idée de louer un logement entre particuliers semblait encore marginale. Aujourd’hui, Airbnb pèse plusieurs milliards de dollars, et Karim a encore une fois eu le flair des visionnaires.

Mais alors, où est-il aujourd’hui ? Peu d’informations filtrent sur sa vie privée. Il n’a pas de réseaux sociaux, ne donne presque jamais d’interviews, et rares sont ceux qui connaissent ses projets actuels. Est-il toujours actif dans la tech ? Probablement. Mais il agit dans l’ombre, évitant soigneusement la notoriété que d’autres recherchent.

Certains le considèrent comme un génie discret, un homme ayant changé le monde sans jamais chercher la gloire. D’autres pensent qu’il a simplement choisi une vie loin du tumulte de la Silicon Valley. Une certitude demeure : il a façonné internet tel qu’on le connaît aujourd’hui, et son influence, bien que silencieuse, est toujours présente.

Bien qu’il n’ait jamais publié d’autres vidéos, Jawed Karim ne s’est pas totalement éloigné de YouTube. Il a utilisé la description de sa vidéo Me at the zoo pour exprimer ses opinions sur certaines décisions controversées de la plateforme. Lors de l’obligation de créer un compte Google+ pour commenter, il avait écrit :
« Pourquoi diable ai-je besoin d’un compte Google+ pour commenter une vidéo ? »

Face au tollé général, Google a dû faire machine arrière et fermer Google+ en 2019. Il a également protesté contre la suppression des “dislikes” sur YouTube, soulignant que cette décision était impopulaire auprès des créateurs.

L’histoire de Jawed Karim est fascinante. Il a changé l’internet à jamais avec une simple vidéo et une idée révolutionnaire. Pourtant, il a préféré une vie discrète, loin du tumulte de YouTube et des réseaux sociaux. Son héritage reste immense : grâce à lui, des millions de créateurs peuvent aujourd’hui partager leur contenu avec le monde entier. Peut-être un jour refera-t-il surface… Mais pour l’instant, il reste l’homme du tout premier clic.