L’univers ne contiendrait qu’un seul électron ? la théorie qui bouleverse la science
Auteur: Simon Kabbaj
L’univers observable contient un nombre inimaginable d’électrons, présents dans chaque atome de matière qui nous entoure. Pourtant, une théorie audacieuse avancée par le physicien John Wheeler suggère que tous ces électrons ne seraient en réalité qu’un seul et même électron, voyageant à travers le temps. Une idée fascinante qui intrigue les scientifiques depuis des décennies. Mais cette hypothèse tient-elle la route face aux connaissances actuelles en physique ?
Un univers rempli d’électrons... ou d’un seul ?

L’estimation du nombre d’électrons dans l’univers est vertigineuse : 10⁸² (soit un chiffre composé de 82 zéros !). Pourtant, Wheeler a imaginé une explication radicalement différente. Plutôt que de considérer ces milliards de milliards de particules comme indépendantes, il a avancé que tous ces électrons ne seraient en fait qu’un seul et même électron, se déplaçant en avant et en arrière dans le temps, créant ainsi l’illusion d’une multitude d’électrons.
La particularité des électrons : tous identiques

Ce qui rend cette hypothèse intrigante, c’est que tous les électrons sont strictement identiques. Quelle que soit leur origine, leur charge, leur masse et leur spin sont toujours exactement les mêmes. Cette uniformité parfaite est l’un des plus grands mystères de la physique. Pour Wheeler, ce constat était la clé de son raisonnement : si tous les électrons sont absolument indiscernables, alors pourquoi ne pas envisager qu’ils sont en réalité le même ?
Une idée née d’un appel téléphonique

L’histoire raconte que John Wheeler a partagé son hypothèse avec Richard Feynman, célèbre physicien, lors d’un appel téléphonique. Enthousiaste, Wheeler lui aurait dit : « Feynman, je sais pourquoi tous les électrons ont la même charge et la même masse… Parce que ce sont tous le même électron ! »
Cette conversation a profondément marqué Feynman, qui l’a racontée lors de sa conférence Nobel en 1965 :
« J’ai reçu un appel téléphonique de Wheeler, qui m’a dit : ‘Feynman, je sais pourquoi tous les électrons ont la même charge et la même masse !’ Et il m’a expliqué que si les trajectoires des électrons étaient enchevêtrées dans le temps, alors nous ne verrions qu’une seule et même particule apparaissant plusieurs fois. »
Une implication surprenante : l’électron voyage dans le temps

Si cette théorie était vraie, elle signifierait que les positrons (les antiparticules des électrons) ne sont que ce même électron revenant du futur. En d’autres termes, à chaque fois qu’un électron semble remonter le temps, il apparaît sous forme de positron, une particule identique mais avec une charge opposée. Cette idée a profondément influencé Feynman, qui a repris ce concept pour ses propres travaux sur l’interprétation des antiparticules.
Pourquoi cette théorie ne tient-elle pas ?

Malgré son charme intellectuel, l’hypothèse de Wheeler est hautement improbable. L’un des principaux problèmes vient du fait que nous observons bien plus d’électrons que de positrons dans l’univers. Si cette théorie était correcte, il devrait y avoir autant de positrons que d’électrons, ce qui n’est pas le cas. Wheeler tenta d’expliquer cette anomalie en supposant que les positrons « manquants » pourraient être cachés dans les protons, mais cette idée n’a jamais été étayée par des preuves scientifiques.
Conclusion

L’idée d’un unique électron traversant le temps est une belle curiosité intellectuelle, mais elle ne correspond pas aux observations modernes de l’univers. Toutefois, elle illustre l’étrangeté du monde quantique, où les concepts classiques de temps et de particules distinctes deviennent flous. Si cette théorie ne résout pas le mystère des électrons, elle montre à quel point la physique est une science en perpétuelle évolution, où même les idées les plus improbables peuvent mener à de nouvelles découvertes. Mais alors, et si un jour une théorie encore plus étrange venait bouleverser tout ce que nous savons ?