
Pour environ 1 % de la population, manger du pain, des pâtes ou tout aliment contenant du blé, de l’orge ou du seigle peut devenir un véritable supplice. Derrière cette réaction, une maladie silencieuse et souvent mal comprise : la maladie cœliaque. Longtemps considérée comme un trouble complexe aux causes multiples, elle pourrait enfin livrer ses secrets. Une équipe internationale de chercheurs, menée par l’Université McMaster au Canada, a identifié un maillon clé dans le déclenchement des réactions au gluten, ouvrant la voie à de nouvelles thérapies. Voici ce qu’il faut retenir.
1. Le gluten : un ennemi invisible pour certains organismes

Pour la majorité des gens, le gluten – une protéine présente dans certaines céréales – est inoffensif. Mais pour les personnes atteintes de maladie cœliaque, il déclenche une réaction auto-immune : leur corps attaque par erreur les cellules de leur propre intestin. Cela provoque une inflammation, des douleurs abdominales, de la diarrhée, de la constipation, voire des vomissements. Ces symptômes peuvent sembler temporaires, mais à long terme, les villosités de l’intestin grêle, qui absorbent les nutriments, peuvent être endommagées de manière durable.
2. Une maladie qui va bien au-delà des troubles digestifs

La maladie cœliaque ne se limite pas à l’estomac. Lorsqu’elle n’est pas traitée, elle augmente les risques de développer des cancers du côlon, des maladies cardiovasculaires, de l’ostéoporose, de l’anémie ou encore des troubles neurologiques. Chez les enfants, elle peut provoquer des retards de croissance, et chez les femmes, des troubles de la fertilité. Pour l’instant, la seule solution reste une élimination stricte du gluten de l’alimentation, une tâche souvent difficile à gérer au quotidien.
3. Une composante génétique sous-estimée mais déterminante

Les scientifiques savent depuis un moment que la génétique joue un rôle majeur. Environ 90 % des personnes atteintes de la maladie possèdent un gène appelé HLA-DQ2.5, et la plupart des autres portent un gène similaire, HLA-DQ8. Ces gènes produisent des protéines qui présentent les fragments de gluten aux cellules immunitaires, comme des signaux d’alerte. Mais ces signaux sont trop vagues, ce qui pousse le système immunitaire à attaquer également des tissus sains.
4. Une cascade complexe de réactions dans l’intestin

Le gluten ne provoque pas la réaction tout seul. Une enzyme spéciale dans l’intestin vient modifier les fragments de gluten, les rendant encore plus reconnaissables pour le système immunitaire. Cette enzyme est libérée par les cellules qui tapissent l’intestin. Jusque-là, on pensait que ces cellules étaient de simples victimes de l’inflammation. Mais la nouvelle étude montre qu’elles jouent un rôle actif et central dans le processus.
5. Une expérience novatrice sur des cellules intestinales de souris

Pour approfondir leurs recherches, les scientifiques ont utilisé des souris génétiquement modifiées portant les gènes humains HLA-DQ2.5. Ils ont également recréé en laboratoire des mini-intestins appelés organoïdes, pour observer de près ce qui se passe quand ces cellules sont exposées au gluten. En leur ajoutant aussi des agents inflammatoires, les chercheurs ont pu simuler l’environnement d’un intestin malade et identifier les étapes précises de la réaction.
6. Une révélation capitale : les cellules intestinales sont au cœur du problème

Le résultat est surprenant : les cellules intestinales ne sont pas de simples spectatrices, elles sont les premières à présenter les fragments de gluten au système immunitaire. Elles combinent les morceaux de gluten dégradés par les bactéries intestinales et par l’enzyme de transport, puis les exposent aux cellules immunitaires. Cette étape est le déclencheur de l’attaque auto-immune. C’est là que tout commence. C’est la pièce manquante du puzzle que les scientifiques cherchaient depuis des années.
7. Un espoir pour l’avenir : vers des traitements plus efficaces

Cette découverte permet désormais d’envisager des traitements ciblés qui pourraient bloquer cette étape cruciale, ou moduler la réponse inflammatoire des cellules intestinales. Cela signifie que les personnes atteintes pourraient un jour manger du gluten sans souffrir. Pour l’instant, le régime sans gluten reste la seule solution, mais cette avancée ouvre la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques, plus efficaces et moins contraignantes.
Conclusion – Un nouvel espoir pour une vie sans privation

La maladie cœliaque a longtemps été une énigme douloureuse pour des millions de personnes. Grâce aux recherches menées par l’équipe de McMaster, le point de départ de la réaction au gluten est enfin identifié. Ce n’est plus un combat dans le brouillard : la science a mis en lumière le rôle actif des cellules intestinales, autrefois négligées. Une découverte essentielle, porteuse d’espoir, pour que demain, manger une simple pâtisserie ne soit plus un acte à risque, mais un plaisir accessible à tous.