Qu’est-ce qui est le plus douloureux : l’accouchement ou un coup de pied dans les testicules ?
Auteur: Simon Kabbaj
La douleur est une expérience universelle… mais profondément personnelle. Pourtant, une question revient régulièrement autour des tables familiales, dans les salles d’attente et même chez les scientifiques : est-il plus douloureux d’accoucher ou de recevoir un coup de pied dans les testicules ?
Ce débat peut sembler léger, mais il soulève en réalité de vraies questions biologiques et psychologiques. Il s’agit ici de comparer deux douleurs extrêmes vécues par deux genres différents, souvent sans réelle compréhension de ce que vit l’autre. Alors, mettons cartes sur table, calmement, et regardons ce que dit la science.
1. Deux souffrances pas si comparables

D’un côté, l’accouchement, processus long et éprouvant, parfois suivi de séquelles durables. De l’autre, un coup dans les testicules, choc fulgurant, souvent décrit comme insoutenable. Ce sont deux douleurs très différentes : l’une étalée dans le temps, l’autre brève mais violente.
Mais les comparer a du sens, car elles représentent les sommets de l’intensité physique perçue chez les hommes et les femmes. Pour comprendre, il faut donc plonger dans les détails anatomiques et évolutifs de ces douleurs.
2. Les testicules : petite zone, grande douleur

On ne dirait pas comme ça, mais les testicules sont l’un des endroits les plus sensibles du corps humain. Pourquoi ? Parce que, pendant la croissance du fœtus, ils descendent depuis l’abdomen et entraînent avec eux une grande quantité de nerfs et de tissus sensibles.
Résultat : une simple pression peut provoquer des nausées, des vomissements, voire un évanouissement. Comme l’explique le Dr Nathan Starke, urologue au Texas : « Si ça fait si mal, c’est parce qu’ils sont essentiels à la reproduction. Le corps nous pousse à les protéger à tout prix. »
3. Une évolution qui n’a pas été tendre

Il faut le dire : l’évolution n’a pas vraiment bien protégé les testicules. Situés à l’extérieur du corps, dans une fine poche de peau, ils sont totalement exposés aux chocs.
Un article de la revue Evolutionary Psychology en 2009 soulignait que si les ovaires étaient placés au même endroit, ce serait un véritable désavantage évolutif, car ils seraient bien trop vulnérables.
Et pourtant, chez l’homme, c’est le contraire qui s’est produit, car les spermatozoïdes doivent rester au frais pour être efficaces. Un choix biologique qui nous expose à bien des douleurs.
4. Verdict provisoire : un choc violent mais bref

Un coup de pied dans les testicules peut entraîner une douleur insupportable, mais elle disparaît généralement en moins d’une heure. Bien sûr, dans les cas graves, il peut y avoir des dommages internes ou des hospitalisations, mais cela reste rare.
C’est une douleur fulgurante, soudaine, qui envahit tout le bas-ventre et le dos, mais dont la durée est limitée. On pourrait presque dire que, si on devait souffrir… autant que ce soit vite terminé.
5. L’accouchement : un marathon de souffrance

Passons maintenant à l’accouchement. Ici, on ne parle pas d’une douleur de quelques minutes, mais d’un processus qui peut durer des heures, voire des jours.
La première naissance dure en moyenne 9 heures, mais ce chiffre peut grimper facilement selon les circonstances. Et contrairement à la douleur testiculaire, elle ne commence pas d’un coup : contractions, dilatation du col, douleurs lombaires… tout s’installe progressivement mais sûrement.
6. Un calvaire biologique

Pourquoi l’accouchement est-il si douloureux chez l’être humain ? À cause de ce que les chercheurs appellent le dilemme obstétrical : nous avons un bassin étroit pour marcher debout, mais aussi des bébés à grosse tête.
Résultat : il faut forcer ce gros bébé à traverser un passage très étroit, ce qui implique des contractions puissantes, une dilatation jusqu’à 10 cm du col de l’utérus, et parfois même des déchirures du périnée.
Selon le gynécologue Bart Putterman, « chaque contraction est comme une crampe géante de tout l’utérus », ce qui provoque des douleurs intenses dans tout le bassin, le dos et les jambes.
7. Une douleur qui ne s’arrête pas après la naissance

Contrairement au coup de pied, l’accouchement ne s’arrête pas au moment où le bébé sort. Il faut encore expulser le placenta, gérer les contractions post-partum, la douleur des éventuelles sutures, et une récupération lente du corps.
Beaucoup de femmes ont des douleurs résiduelles pendant des semaines, utilisent des coussins spéciaux pour s’asseoir, et vivent des séquelles psychologiques et physiques parfois longtemps après.
Et tout cela, avec un taux de mortalité maternelle toujours préoccupant, surtout aux États-Unis, où 33 femmes sur 100 000 meurent encore chaque année en donnant naissance.
8. Le poids de l’anticipation

Une autre différence majeure : la douleur de l’accouchement est attendue, redoutée, parfois même fantasmée pendant neuf mois. Elle est accompagnée d’anxiété, de peur, d’épuisement, et d’une pression mentale énorme.
Cela explique pourquoi près des deux tiers des femmes enceintes aux États-Unis souffrent de tokophobie, une peur pathologique de l’accouchement. Cette composante psychologique rend la douleur encore plus difficile à gérer.
Et le gagnant est…

Alors, qui gagne le combat de la douleur ? En vérité, il est impossible de trancher, car la douleur est subjective. Certains hommes s’évanouissent après un coup, d’autres femmes accouchent sans anesthésie.
Mais s’il fallait comparer objectivement, on pourrait dire ceci : le coup dans les testicules est intense, mais bref ; l’accouchement est moins fulgurant, mais long, profond, et parfois traumatisant.
Au final, peut-être qu’au lieu de se battre pour savoir qui a le plus souffert, on devrait simplement se serrer les coudes et admirer le courage des uns et des autres.