Les provinces mettent la pression sur le nouveau gouvernement Carney pour construire plusieurs pipelines
Auteur: Simon Kabbaj
Depuis l’arrivée du Premier ministre Mark Carney à Ottawa, les choses semblent bouger. Les provinces riches en ressources, comme l’Alberta et l’Ontario, sentent que c’est le moment ou jamais de relancer de grands projets. Lundi, lors d’une rencontre à Calgary, les chefs de ces deux provinces ont clairement affiché leurs ambitions : ils veulent de nouveaux pipelines pour transporter le pétrole canadien, et ils comptent sur le nouveau gouvernement pour que ça se réalise enfin.
L'ambition des provinces : pas un, mais plusieurs pipelines
La Première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, n’y est pas allée par quatre chemins. Elle est optimiste, mais elle voit grand. Pour elle, un seul nouveau pipeline ne suffira pas. « Je suis d’avis qu’il y a probablement de la place pour plus d’un pipeline, probablement plusieurs », a-t-elle déclaré. Elle rêve notamment d’un pipeline qui relierait son pétrole au port de Prince Rupert, en Colombie-Britannique, même si son homologue de la côte Ouest n’est pas très chaud pour l’instant.
Son collègue de l’Ontario, Doug Ford, est sur la même longueur d’onde. Il a affirmé qu’il fallait construire des pipelines « vers l’ouest, l’est, le nord et le sud » pour créer de la richesse. « Nous devons libérer les opportunités (…) Le Canada est ouvert aux affaires », a-t-il lancé avec enthousiasme.
La promesse du gouvernement Carney : c'est très probable, mais...
Et du côté d’Ottawa, que dit-on ? Le Premier ministre Mark Carney a lui-même jugé qu’il était « hautement, hautement probable » qu’un projet de pipeline pétrolier soit ajouté à la liste des grands projets d’intérêt national. Mais attention, il y a une condition importante : l’idée et l’investissement doivent venir du secteur privé. « C’est le secteur privé qui va mener la danse », a-t-il insisté.
Son ministre des Ressources naturelles, Tim Hodgson, a confirmé que les équipes travaillaient déjà en coulisses. Il a parlé de « nombreuses discussions » pour faire d’un nouveau pipeline vers la côte Ouest une réalité. « On y travaille activement », a-t-il assuré.
Un nouvel outil pour accélérer les choses
Pour aller plus vite, le gouvernement Carney dispose d’un nouvel outil très puissant : la loi C-5, ou « Loi pour bâtir le Canada », votée très rapidement en juin. Pour le dire simplement, cette loi permet au gouvernement d’approuver des projets majeurs jugés « d’intérêt national » en contournant certaines règles fédérales, y compris environnementales si nécessaire. C’est une sorte de voie rapide pour éviter que les projets ne s’enlisent pendant des années dans la bureaucratie.
Un optimisme prudent : les provinces attendent du concret
Malgré les belles paroles, les provinces restent sur leurs gardes. Doug Ford a dit qu’il donnait à Carney « le bénéfice du doute », ajoutant que pour l’instant, « tout va bien ». Mais Danielle Smith a été plus directe. Elle veut voir un projet de pipeline sur la liste des projets approuvés dès cet automne.
Quand on lui demande si Carney n’est que paroles, elle répond : « Il y aura un moment où il faudra passer à l’action. On ne peut pas parler éternellement sans poser des gestes concrets. » Le message est clair : l’attente a ses limites.
Pourquoi tant de confiance en Carney ?
L’une des raisons de cet optimisme, c’est le profil de Mark Carney lui-même. Doug Ford n’a pas mâché ses mots pour le comparer à son prédécesseur. « Je vais vous dire une chose : le Premier ministre Carney, ce n’est pas Justin Trudeau. C’est un homme d’affaires. Il a dirigé d’énormes entreprises de plusieurs milliards de dollars et il apporte cette approche au gouvernement fédéral », a-t-il expliqué.
Pour Ford, cette mentalité d’entrepreneur est ce qui manquait à Ottawa pour « se débarrasser de la paperasse et des réglementations ». Il semble convaincu que Carney saura écouter les provinces et relancer la machine économique du pays.
Conclusion : de l'économie... et un peu d'humour
Au final, cette pression pour de nouveaux pipelines s’inscrit dans un contexte plus large : rendre l’économie canadienne plus forte et moins dépendante des États-Unis et de leurs taxes douanières. Les provinces productrices d’énergie, frustrées par des années de blocage, voient enfin une lueur d’espoir.
Cette nouvelle collaboration semble se dérouler dans une bonne ambiance. Danielle Smith, qui a croisé Mark Carney au célèbre Stampede de Calgary, a même eu le temps de lui parler… de sa technique pour retourner les crêpes. Selon elle, le Premier ministre « a encore un peu de travail à faire » de ce côté-là. Une petite pique amicale qui montre que, même en politique, un peu d’humour ne fait jamais de mal.
Selon la source : nationalpost.com