On entend souvent parler des psychopathes dans les films ou les faits divers, souvent associés à un comportement violent et persistant. Mais que se passe-t-il vraiment dans leur tête ? Des chercheurs viennent de faire un grand pas pour répondre à cette question. Grâce à des technologies d’imagerie très modernes, une nouvelle étude révèle que le cerveau des personnes atteintes de psychopathie présente des différences de structure bien réelles. C’est une découverte qui pourrait nous aider à mieux comprendre les origines de l’agressivité et du comportement antisocial.
Comment les chercheurs ont-ils procédé ?
Pour en arriver à cette conclusion, les scientifiques ont examiné les données d’IRM (imagerie par résonance magnétique) de 39 hommes adultes chez qui une psychopathie avait été diagnostiquée. Ils ont ensuite comparé ces images à celles d’un groupe de personnes ne présentant pas ce trouble. Pour évaluer le degré de psychopathie, ils ont utilisé un outil de diagnostic reconnu, une sorte de questionnaire très détaillé appelé « Liste de vérification de la psychopathie ». Cela leur a permis d’être très précis dans leur analyse.
Le comportement antisocial lié à un plus petit volume cérébral
Le résultat le plus frappant de l’étude est le suivant : plus les scores d’une personne étaient élevés dans la catégorie « mode de vie et comportement antisocial », plus le volume de plusieurs zones de son cerveau était réduit. Et pas n’importe lesquelles ! On parle de régions très importantes comme :
- Les ganglions de la base, qui aident à contrôler nos mouvements et à apprendre.
- Le thalamus, une sorte de « gare de triage » qui relaie les informations de nos sens.
- Le cervelet, essentiel pour notre coordination.
- D’autres zones cruciales pour gérer nos émotions, prendre des décisions et interagir avec les autres.
En somme, cela suggère que les parties du cerveau qui servent de « centre de contrôle » du comportement pourraient être moins développées ou fonctionner différemment chez ces personnes.
Et le manque d'empathie ? C'est moins clair...
C’est intéressant de noter que la science n’est pas toujours noire ou blanche. Si le lien entre le comportement antisocial et la structure du cerveau était très net, ce n’était pas aussi évident pour d’autres traits de la psychopathie. Pour ce qui est des aspects plus relationnels, comme le mensonge pathologique ou le manque d’empathie, les liens avec une structure cérébrale particulière étaient beaucoup moins constants. Cela montre bien la complexité du sujet ; tout ne s’explique pas par une seule et même cause.
Un cerveau globalement plus petit
Au-delà de ces zones spécifiques, les chercheurs ont fait une autre observation de taille : le groupe de personnes psychopathes avait un volume cérébral total significativement réduit par rapport au groupe témoin. La différence la plus nette a été trouvée dans une petite partie de l’hippocampe (la zone de la mémoire) appelée le subiculum droit. Selon les auteurs, cela pourrait indiquer une « perturbation assez généralisée du développement du cerveau » chez ces sujets. C’est un indice fort qui pointe vers un lien biologique puissant entre le comportement antisocial et un volume cérébral réduit dans de nombreuses régions.
Les limites de l'étude et les prochaines étapes
Les scientifiques sont toujours très prudents et honnêtes. Ils reconnaissent que leur étude a quelques limites. Par exemple, les IRM provenaient de différents appareils, et les groupes n’étaient pas toujours parfaitement identiques en termes de capacités intellectuelles ou de consommation de substances, ce qui pourrait avoir une petite influence. Malgré cela, cette étude marque une avancée majeure.
La prochaine grande question sera de savoir si ces différences cérébrales sont héréditaires ou si elles sont influencées par l’environnement de la personne (son éducation, ses expériences de vie…). C’est ce que les futures recherches tenteront de découvrir.
Selon la source : springer.com