C’est comme le jour de la marmotte. Voilà, c’est la première chose que les producteurs laitiers canadiens vous disent quand vous leur parlez de Donald Trump. Ils ont l’habitude, maintenant, de se faire pointer du doigt par le président américain. Mais l’habitude, ça n’empêche pas l’inquiétude.
Parce que oui, il a encore menacé le Canada avec une nouvelle série de tarifs douaniers. Et comme toujours, le secteur laitier est en plein dans sa ligne de mire. On a l’impression d’avoir déjà vu ce film cent fois, mais à chaque diffusion, on se demande quand même si la fin ne va pas changer.
La menace, version Trump
Alors voilà, hier soir, sur son réseau social fétiche, le président a dégainé. Dans une lettre, il menace le Canada d’un tarif général de 35 % à partir du 1er août. Et bien sûr, il a une petite phrase spécialement pour l’industrie laitière.
Je cite de mémoire, mais en gros, ça dit : « Le Canada impose des tarifs extraordinaires à nos producteurs laitiers — jusqu’à 400 % — et ça, c’est sans même parler du fait qu’ils n’ont presque pas le droit de vendre leurs produits aux Canadiens. » Rien que ça.
Démêler le vrai du faux (parce que c'est nécessaire)
Bon, on va essayer d’y voir clair. Ses affirmations, comme souvent, sont… disons, créatives. Ce chiffre de 400 %, c’est faux. En fait, tout ça tourne autour de notre fameuse gestion de l’offre. C’est un système qui contrôle les importations dans quelques secteurs, dont le lait, la volaille et les œufs. Il y a des limites à ce que nos producteurs peuvent produire, et à ce que les Américains peuvent nous envoyer.
Actuellement, les produits laitiers américains représentent environ 3,5 % de notre marché. S’ils dépassent ce quota, là, oui, ils se prennent des droits de douane salés. Pour le beurre, par exemple, on parle de 298,5 % pour 2025. Pour le cheddar, c’est 245,5 %. C’est énorme, on est d’accord, mais on n’atteint jamais les 400 % qu’il balance. L’idée, c’est d’éviter que le marché canadien, bien plus petit, se fasse inonder par le lait américain, qui lui, est gavé de subventions par leur propre gouvernement.
La parole à ceux qui sont en première ligne
Philip Armstrong, qui a une ferme en Ontario, résume bien le sentiment général. C’est lui qui parle du jour de la marmotte. « Le lait, on dirait que ça l’obsède », dit-il en parlant de Trump. « Du coup, on est un peu vaccinés… On ne peut pas y faire grand-chose, à ses menaces. »
Mais derrière cette lassitude, il y a une vraie crainte. La peur que le Canada finisse par faire des concessions sur la gestion de l’offre lors des négociations. Pour lui, c’est simple : ce système, c’est ce qui soutient l’industrie. Les États-Unis subventionnent directement leurs agriculteurs ; nous, on a la gestion de l’offre. Chacun son truc. « Chaque pays au monde a un programme pour protéger ses propres industries », rappelle-t-il. Sans ça, avec la taille et les subventions du voisin, « ils nous noieraient tout simplement ».
Ottawa serre les rangs, mais…
Du côté d’Ottawa, le message officiel est clair : la gestion de l’offre n’est pas négociable. Point final. Tyler McCann, de l’Institut canadien des politiques agroalimentaires, pense que « le fait que le premier ministre soit si clair offre une certaine assurance ».
Mais est-ce que ça suffit pour calmer le jeu ? Pas vraiment. Les producteurs, eux, ne sont pas si à l’aise. Ils craignent que le moindre accès supplémentaire accordé au marché canadien ne vienne fragiliser leur gagne-pain. C’est bien beau les déclarations fermes, mais en coulisses, on ne sait jamais ce qui se trame.
Le casse-tête des concessions
Et c’est là que les économistes entrent en scène. Et leur discours est un peu moins rassurant. Colin Mang, de l’Université McMaster, explique que pour protéger notre industrie laitière, il faut un coup de pouce. Et comme le Canada n’a tout simplement pas les poches assez profondes pour subventionner ses agriculteurs comme les Américains, la gestion de l’offre est notre seule option.
Pourtant, il est probable que le gouvernement doive lâcher du lest quelque part. « L’administration américaine actuelle ne semble pas prête à accepter qu’on protège nos petits carrés de sable », dit-il. En clair, le Canada va devoir faire des choix difficiles. Une loi a bien été votée en juin pour protéger le système, mais selon Mang, elle ne pèse pas lourd : un nouvel accord commercial passerait par-dessus.
Carlo Dade, de l’Université de Calgary, est sur la même ligne. Des concessions seront peut-être nécessaires. Pourquoi ? Parce que le Canada dépend beaucoup plus des importations que d’autres pays. « On n’est donc pas vraiment en position de s’offrir le luxe que d’autres peuvent se permettre. » En gros, on a moins de marge de manœuvre pour jouer les gros bras.
Conclusion
Bref, voilà où on en est. D’un côté, une industrie qui se sent comme une cible peinte sur le dos. De l’autre, des négociations qui s’annoncent… compliquées, pour rester poli.
Le gouvernement dit qu’il ne cédera pas. Les experts disent qu’il n’aura peut-être pas le choix. Et les producteurs laitiers, eux, ils attendent de voir à quelle sauce ils vont être mangés cette fois-ci. Enfin bref, on verra bien. Encore une fois.
Selon la source : iask.ca