Donald Trump a profité d’une interview sur Fox News ce samedi soir pour défendre bec et ongles son fameux projet de loi, qu’il surnomme affectueusement son « Grand et Beau Projet ». Son message est clair : malgré les estimations qui prévoient que des millions d’Américains perdront leur couverture santé, il martèle que sa réforme « ne va pas causer de morts, elle va garder les gens en vie ».
Une déclaration choc, surtout quand on sait que la loi, promulguée le 4 juillet, risque de laisser un paquet de monde sur le carreau.
Les chiffres qui font mal : que dit vraiment le rapport ?
Alors, regardons les faits. Le Bureau du budget du Congrès (le CBO), l’organisme non partisan qui fait les comptes, n’est pas aussi optimiste. Pas du tout, même.
Selon leurs calculs, environ 11,8 millions de personnes risquent de perdre leur assurance maladie. Pas d’un coup, mais progressivement, sur une décennie. La raison ? Des coupes franches, de près de 1 000 milliards de dollars, dans des programmes fédéraux essentiels comme Medicaid, l’Obamacare et le programme d’assurance maladie pour enfants.
Un passage au forceps et une question de priorités
Comment une loi aussi contestée a-t-elle pu passer ? Ça s’est joué à un cheveu. La Chambre des représentants l’a adoptée avec une marge infime de 218 voix contre 214. Au Sénat, c’était tellement serré qu’il a fallu que le vice-président, JD Vance, vienne trancher pour départager les votes.
Et la grande question, c’est pourquoi faire de telles coupes dans la santé ? L’objectif affiché est de financer des baisses d’impôts. Des baisses qui, pour l’essentiel, profitent aux plus riches et prolongent les mesures fiscales de 2017 qui devaient normalement prendre fin en 2025. C’est un choix politique, et il est clair.
Et la dette américaine dans tout ça ?
Comme si ça ne suffisait pas, le CBO estime que cette loi va alourdir le déficit fédéral de 3 400 milliards de dollars sur les dix prochaines années. Une prévision que la Maison Blanche et une bonne partie des Républicains au Congrès rejettent en bloc. Pour eux, ces chiffres ne tiennent pas la route.
En attendant, le projet de loi durcit les conditions d’accès à Medicaid, qui couvre les Américains à faibles revenus et les personnes handicapées. Il impose notamment des exigences de travail pour certains adultes et renforce les contrôles d’éligibilité. Bref, un tour de vis général.
La contre-attaque de Trump : 'parlez-en positivement !'
Face à la polémique, Trump appelle les Républicains à monter au front. « Je dis aux Républicains, vous devez en parler positivement », a-t-il lancé lors de son interview avec sa belle-fille, Lara Trump, qui travaille pour Fox News.
Il s’en est pris violemment aux Démocrates, les accusant de ne savoir faire qu’une chose : « se plaindre ». « Ils disent que ça va causer des morts, et ceci et cela… c’est juste une petite phrase choc. Quelqu’un leur a donné une petite phrase choc », a-t-il balayé. Pour lui, la réalité est tout autre : « Ça va garder les gens en vie, et ça va rendre notre pays prospère. »
Conclusion : Des milliards d'investissements... et l'IA en prime
Et comment compte-t-il rendre le pays prospère ? Trump affirme que sa loi a déjà déclenché des investissements massifs. « Nous recevons des investissements grâce à cette loi. Des investissements dans ce pays que personne n’aurait crus possibles. On approche des 15 000 milliards de dollars », a-t-il affirmé.
Il a même ajouté que des constructeurs automobiles revenaient installer leurs usines aux États-Unis, chose impensable avant. Et, dans la foulée, il a qualifié l’intelligence artificielle de « nouveau truc à la mode », assurant que des milliards y sont investis grâce à sa politique. « Ils n’auraient pas fait ça sans ce que nous venons de faire la semaine dernière. » Entre les projections alarmistes et les promesses économiques grandioses, le fossé n’a jamais semblé aussi grand.
Selon la source : wired.com