l’inflation s’entête, la banque du canada va probablement faire la sourde oreille
Auteur: Adam David
Bon, on va faire simple. Les derniers chiffres sur l’inflation viennent de tomber, et à première vue, on pourrait se dire « bof ». On est passé de 1,7 % à 1,9 % en juin. Pas de quoi paniquer.
Sauf que… c’est le genre de chiffre qui est trompeur. Le vrai souci, celui qui empêche les gens de la Banque du Canada de dormir, c’est ce qu’on appelle l’inflation « sous-jacente ». Celle qui est tenace, qui s’incruste. Et à cause de ça, il y a de très fortes chances que la banque centrale décide de… ne rien faire. Encore une fois. Pas de baisse de taux d’intérêt à l’horizon pour la fin juillet. On reste comme on est.
Les chiffres bruts, et pourquoi ça coince
Alors oui, Statistique Canada a confirmé ce 1,9 % d’inflation annuelle. Ça, c’est le chiffre officiel, celui qu’on voit partout. Mais franchement, ce n’est pas lui le problème.
Le vrai bazar se trouve dans les indicateurs de base que la Banque du Canada surveille comme le lait sur le feu. Et ces indicateurs-là, ils restent bloqués autour de 3 %. Pour la banque, c’est « un peu trop chaud », comme le dit Doug Porter, l’économiste en chef de BMO. C’est comme un bruit de fond dans un moteur qui ne veut pas s’arrêter.
La faute à qui ? Principalement à deux choses : le prix de l’essence qui n’a pas vraiment baissé le mois dernier, et le coût des véhicules et d’autres biens durables qui a continué de grimper.
Mais pourquoi ça ne baisse pas, au fond ?
C’est la question à un million. Pourquoi cette inflation de fond est-elle si collante ? Apparemment, c’est parce que notre économie est plus résistante que prévu. C’est presque ironique.
Malgré la guerre commerciale avec les États-Unis qui plane sur nos têtes, les Canadiens continuent de dépenser. Et quand les clients achètent, les entreprises, elles, n’hésitent pas à augmenter leurs prix. C’est un cercle vicieux, ou vertueux, ça dépend pour qui. « L’une des raisons pour lesquelles l’inflation sous-jacente est encore relativement forte, c’est que l’économie s’est avérée un peu plus résiliente que ce que beaucoup attendaient », explique M. Porter. En gros, tant que ça tourne, les prix ne baissent pas vraiment.
Le joker : un marché du travail étonnamment solide
Et puis il y a cet autre élément, tombé quelques jours plus tôt : le rapport sur l’emploi. Et là, surprise générale. On a créé 83 000 emplois en juin. C’est énorme. Le taux de chômage a même reculé à 6,9 %.
Pour la Banque du Canada, c’est un signal très fort. Ça veut dire que, pour l’instant, les fameux tarifs douaniers ne semblent pas faire tant de dégâts que ça à l’économie. Stephen Brown, de Capital Economics, le résume bien : si l’emploi est si fort, la banque n’a aucune raison de se précipiter pour baisser ses taux. Elle n’a pas besoin de jouer les pompiers. Pas tout de suite, du moins.
Les marchés financiers ont compris le message
Du coup, sur les marchés, on a vite fait le calcul. La probabilité d’une baisse de taux fin juillet, qui était déjà faible, s’est complètement effondrée. On est passé de 13 % de chances à à peine 5 %. Autant dire que plus personne n’y croit.
Bon, ça ne veut pas dire que c’est plié pour le reste de l’année. Certains, comme chez Capital Economics, parient toujours sur deux baisses de taux plus tard, en septembre et décembre. Mais même eux commencent à douter pour septembre…
D’autres, comme Ali Jaffery de la CIBC, prônent la patience. Il estime que la Banque du Canada va vouloir attendre l’automne pour y voir plus clair sur l’impact des tarifs et l’issue des négociations. C’est probablement le plus sage, au fond.
Conclusion : qu'est-ce qui coûte plus cher, concrètement ?
Alors, si on regarde dans le panier d’épicerie de StatCan, c’est un peu le grand écart. Les prix des véhicules de tourisme ont accéléré, avec une hausse de 4,1 %. Fait intéressant : même le prix des voitures d’occasion a augmenté pour la première fois en 18 mois, à cause de stocks plus serrés. Est-ce lié aux tarifs ? Pas si sûr, le dollar canadien faible y est sans doute aussi pour quelque chose.
Les vêtements et les chaussures ont aussi vu leurs prix grimper, et là, StatCan pointe directement les tarifs douaniers du doigt.
Petite lueur d’espoir : l’inflation sur la nourriture s’est calmée (passant de 3,4 % à 2,9 %), surtout grâce aux légumes frais qui coûtaient moins cher. L’inflation sur le logement a aussi légèrement ralenti. Bref, c’est un tableau contrasté. On verra bien ce que la Banque décidera à la fin du mois, mais franchement, il ne faut pas s’attendre à un miracle.
Selon la source : theglobeandmail.com