Robert F. Kennedy Jr veut sauver 400 autruches canadiennes pour mieux les « comprendre »
Auteur: Simon Kabbaj
On se dit parfois que l’on a tout vu, et puis on lit une nouvelle histoire qui repousse les limites de l’absurde. Imaginez un peu : le ministre de la Santé des États-Unis, Robert F. Kennedy Jr. — oui, celui qui a affirmé qu’un ver avait mangé une partie de son cerveau et qui a avoué garder des bocaux de cadavres d’animaux écrasés dans son congélateur — est en pleine croisade. Sa mission ? Supplier le gouvernement canadien d’épargner la vie de 400 autruches. Pourquoi ? Pour que l’on puisse « mieux les comprendre ». Vous ne rêvez pas. C’est l’incroyable feuilleton qui agite les relations diplomatiques entre les deux pays.
Le cœur de l'affaire : une ferme, une épidémie et 400 autruches en sursis
Pour comprendre, il faut aller en Colombie-Britannique, au Canada, dans une ferme appelée Universal Ostrich Farms. En décembre dernier, une épidémie de grippe aviaire a éclaté, tuant 69 oiseaux. En réaction, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a ordonné ce qui se fait habituellement dans ces cas-là : l’abattage du reste du troupeau, soit 400 autruches, pour éviter que la maladie ne se propage. Mais les propriétaires de la ferme refusent, dénonçant une décision excessive du gouvernement. Et c’est là que l’histoire prend une tournure internationale, avec l’intervention improbable de Kennedy et de toute une clique de personnalités de l’administration Trump.
La théorie de Kennedy : laissons les virus se propager pour la science ?
Mais pourquoi diable le ministre de la Santé américain se soucie-t-il d’autruches canadiennes ? Parce que cela correspond à une de ses obsessions de longue date. Selon Kennedy, il ne faut pas tuer les autruches, mais plutôt les étudier pour voir comment elles réagissent au virus. Son idée, qu’il a déjà proposée pour des élevages de volailles aux États-Unis, est de laisser le virus « parcourir le troupeau ». Selon lui, les oiseaux qui survivent pourraient avoir des anticorps surpuissants qui nous aideraient à développer des protections pour l’avenir. Un porte-parole de son ministère a même confirmé qu’il fallait suivre les autruches dans « un environnement contrôlé » pour en tirer des « connaissances scientifiques significatives ».
Le revers de la médaille : un jeu dangereux pour les scientifiques
Cette théorie, aussi séduisante puisse-t-elle paraître pour certains, fait bondir la plupart des experts en santé et des scientifiques. Pour eux, cette approche est un jeu extrêmement dangereux. Laisser un virus comme la grippe aviaire se propager librement, même dans un environnement « contrôlé », c’est prendre le risque qu’il mute, qu’il devienne plus dangereux et qu’il finisse par créer une pandémie bien plus large, causant des morts qui auraient pu être évitées. C’est un pari risqué que peu de professionnels de la santé sont prêts à prendre.
Des alliés aussi surprenants que lui
Kennedy n’est pas seul dans son combat. Un autre personnage haut en couleur de l’administration américaine, Mehmet Oz (plus connu sous son nom de télé, le Dr. Oz), a rejoint la cause. Il a même proposé d’accueillir les autruches sur son propre ranch de 900 acres en Floride. Il a déclaré à la presse, avec des jeux de mots un peu douteux : « Nous sortons le cou pour les oiseaux », avant d’ajouter que les Canadiens devraient « arrêter de faire la politique de l’autruche ». On appréciera l’effort.
Une pitié pour les autruches... mais pas pour tout le monde ?
C’est là que l’histoire devient encore plus savoureuse. Cette soudaine pitié de Robert F. Kennedy Jr. pour les autruches est assez ironique quand on connaît son passif avec le reste du règne animal. Lui-même a raconté des anecdotes pour le moins… spéciales. Il y a eu l’épisode du cadavre d’ourson abandonné dans Central Park, ou celui, raconté par sa fille, où il aurait utilisé une tronçonneuse pour couper la tête d’une baleine échouée. Son cousin prétend même qu’il avait l’habitude de passer des poussins et des souris au mixeur pour nourrir ses faucons. On est bien loin de l’image du sauveur des animaux.
Conclusion : Un combat bien étrange et hors de sa juridiction
Au final, il est important de rappeler que Kennedy n’a absolument aucun pouvoir dans cette affaire. Il est ministre de la Santé humaine aux États-Unis, pas de la Santé animale, et encore moins au Canada. Il utilise simplement sa tribune pour défendre ses idées controversées. Cette histoire est une illustration parfaite du mélange étrange de politique, de science alternative et de personnalités excentriques qui caractérise parfois notre époque. Bref, une journée comme une autre dans le monde merveilleux de la politique moderne, où même le sort de 400 autruches peut devenir une affaire d’État.
Selon la source : gizmodo.com