Environnement : des scientifiques viennent de découvrir 27 millions de tonnes de plastique invisible
Auteur: Simon Kabbaj
Depuis des années, les scientifiques se grattent la tête avec ce qu’ils appellent le ‘paradoxe du plastique manquant’. On sait qu’on a produit des quantités astronomiques de plastique, mais quand on cherche dans les océans, on n’en retrouve pas la totalité. Où est donc passé tout ce plastique ? Eh bien, une nouvelle étude vient de trouver une très grosse partie de la réponse. Et franchement, la réponse est assez effrayante : ce plastique était là, sous notre nez, mais complètement invisible.
Une découverte choquante : 27 millions de tonnes dans l'Atlantique
Accrochez-vous bien. Des chercheurs de l’Institut royal néerlandais de recherche sur la mer (NIOZ) et de l’Université d’Utrecht ont fait une découverte incroyable. Rien que dans l’océan Atlantique Nord, ils estiment qu’il y a 27 millions de tonnes de particules de plastique flottantes. Mais attention, on ne parle pas de bouteilles ou de sacs. On parle de ‘nanoplastiques’, des morceaux si petits (moins de 1 micromètre) qu’ils sont totalement invisibles à l’œil nu. C’est comme une poussière de plastique qui pollue l’océan entier.
Comment les scientifiques ont-ils trouvé ce plastique invisible ?
Pour trouver quelque chose d’invisible, il faut être malin. C’est une étudiante, Sophie ten Hietbrink, qui a fait le gros du travail. Embarquée sur un navire de recherche, elle a prélevé des échantillons d’eau à 12 endroits différents entre les Açores et l’Europe. Ensuite, en laboratoire, elle a filtré ces échantillons pour ne garder que les particules les plus fines, celles que personne ne voyait jusqu’à présent. Après une analyse moléculaire, les scientifiques ont appliqué leurs résultats à l’ensemble de l’océan Atlantique Nord pour arriver à ce chiffre ahurissant.
D'où viennent tous ces minuscules morceaux de plastique ?
Ces nanoplastiques n’apparaissent pas par magie. Ils ont plusieurs origines. Une grande partie vient de la décomposition des plus gros déchets plastiques qui flottent dans l’océan. Le soleil et les vagues les cassent en morceaux de plus en plus petits jusqu’à ce qu’ils deviennent invisibles. D’autres arrivent par les rivières qui se jettent dans la mer. Et, chose encore plus surprenante, ils peuvent aussi tomber du ciel avec la pluie ou sous forme de ‘dépôts secs’. Oui, même l’air que nous respirons est pollué par le plastique.
Un danger invisible pour notre santé et tout l'écosystème
Le vrai problème, c’est que leur petite taille les rend extrêmement dangereux. On sait déjà que les nanoplastiques peuvent pénétrer très profondément dans notre corps. On en a même retrouvé dans du tissu cérébral, c’est dire ! Comme le dit l’un des chercheurs, Helge Niemann : « Maintenant que nous savons qu’ils sont partout dans les océans, il est évident qu’ils pénètrent dans tout l’écosystème ». Des plus petites bactéries jusqu’aux poissons, et donc jusqu’à nous, qui sommes au sommet de la chaîne alimentaire. Les effets exacts sur la santé sont encore à l’étude, mais ce n’est pas rassurant.
Le mystère n'est pas encore totalement résolu
Même si cette découverte est énorme, le ‘paradoxe du plastique’ n’est pas complètement résolu. En effet, les chercheurs n’ont pas retrouvé tous les types de plastique dans leurs échantillons. Par exemple, le polyéthylène et le polypropylène, qui sont des plastiques très courants (bouteilles, emballages…), manquaient à l’appel. Les scientifiques pensent qu’ils étaient peut-être ‘masqués’, c’est-à-dire cachés par d’autres molécules pendant l’analyse. La recherche doit donc continuer pour avoir le portrait complet de cette pollution.
Conclusion : une pollution qu'on ne pourra jamais nettoyer
Le message final des chercheurs est clair et sans appel. Les nanoplastiques qui sont déjà dans les océans sont là pour de bon. Il est absolument impossible de les récupérer. On ne pourra jamais nettoyer cette pollution. La seule et unique solution est d’agir maintenant pour l’avenir. Comme le dit un des scientifiques : « Un message important de cette recherche est que nous devons au moins empêcher la pollution future de notre environnement par les plastiques ». En d’autres termes, il faut couper le robinet du plastique à la source.
Selon la source : nature.com