Extraire les souvenirs après la mort ? Des neuroscientifiques jugent cela possible à 40 %
Auteur: Adam David
Et si nos souvenirs ne s’éteignaient pas complètement avec nous ? Si, d’une manière ou d’une autre, il était possible de les conserver, de les lire, bien après que notre cœur ait cessé de battre. Une idée qui semblait tout droit sortie d’un film de science-fiction. Et pourtant, cette perspective folle commence à faire son chemin dans l’esprit des plus grands experts du cerveau.
Une enquête récente menée auprès de plus de 300 neuroscientifiques a livré des résultats qui ont de quoi surprendre. Tenez-vous bien : plus de 70 % d’entre eux estiment qu’il serait tout à fait possible de préserver les souvenirs dans un cerveau après la mort. Et ce n’est pas tout. Ils évaluent à 40 % la probabilité qu’un jour, nous soyons capables d’extraire ces souvenirs pour les transférer sur un autre support, comme un ordinateur. Vertigineux, n’est-ce pas ?
Le souvenir, une empreinte physique dans notre cerveau
Pour comprendre comment une telle prouesse serait envisageable, il faut d’abord faire un petit détour par le fonctionnement de notre mémoire. Imaginez un souvenir non pas comme une pensée qui s’envole, mais plutôt comme une empreinte laissée dans le sable, une trace physique et durable. C’est sur cette idée que repose tout l’édifice.
Les scientifiques pensent en effet que nos souvenirs à long terme, ceux qui forgent notre personnalité et guident nos choix, ne sont pas juste le fruit d’une activité électrique continue. Ils seraient plutôt stockés dans des structures bien réelles et stables du cerveau. En d’autres termes, même si l’activité neuronale s’arrête, l’information, elle, pourrait bel et bien rester gravée dans la matière cérébrale.
Les engrammes : la clé de la mémoire retrouvée
Cette idée d’empreinte physique n’est pas qu’une simple théorie, loin de là. Ces traces mémorielles portent un nom : les engrammes. Et ces dernières années, la recherche a fait un bond de géant. Le tournant a eu lieu en 2012, quand une équipe a réussi l’exploit de ‘réveiller’ artificiellement un souvenir précis chez un animal en stimulant un groupe de neurones préalablement identifié.
Depuis, les expériences se sont multipliées : on a réussi à effacer des souvenirs de manière ciblée, à en créer de faux, ou encore à les faire remonter à la surface sur commande. Toutefois, il faut rester prudent. La communauté scientifique n’est pas encore unanime sur la nature exacte de ces engrammes. Le puzzle n’est pas encore complet, mais les pièces commencent sérieusement à s’assembler.
Quand les experts eux-mêmes sont surpris par leurs convictions
C’est justement pour prendre la température que des chercheurs de l’Université Monash, en Australie, ont mené cette fameuse enquête. L’auteure principale de l’étude, Ariel Zeleznikow-Johnston, avoue elle-même avoir été la première surprise par l’ouverture d’esprit de ses confrères. Elle s’attendait à ce que beaucoup rejettent l’idée, la jugeant ‘trop étrange pour fonctionner’.
« D’un côté, je pense qu’il existe de nombreuses preuves suggérant que les souvenirs sont stockés dans des aspects structurels », explique-t-elle. « Mais d’un autre côté, c’est une question assez étrange, avec des implications étranges ». Finalement, elle a été « agréablement surprise » de voir à quel point les autres scientifiques prenaient cette hypothèse au sérieux, y voyant le prolongement logique des recherches actuelles.
Le connectome : la carte d'identité de notre cerveau
Alors, où se cacheraient ces fameux souvenirs ? La piste la plus sérieuse, selon les experts interrogés, pointe vers ce qu’on appelle le connectome. C’est un mot un peu technique, mais l’idée est assez simple. Pour le dire autrement, si le génome est la carte d’identité de nos gènes, le connectome est la carte d’identité de notre cerveau. Il s’agit de l’ensemble unique de toutes les connexions entre nos neurones, une cartographie qui code nos souvenirs, notre personnalité, bref, ce qui fait de nous qui nous sommes.
L’hypothèse est donc la suivante : si l’on parvenait à préserver parfaitement ce connectome après la mort, par exemple grâce à des techniques de congélation ultra-avancées (cryoconservation), on préserverait alors l’essence même de nos souvenirs. Et c’est de là que vient cette fameuse probabilité de 40 % : la chance estimée de pouvoir, un jour, déchiffrer cette carte pour en extraire les trésors qu’elle contient.
vers une mémoire éternelle ?
Mais alors, jusqu’où pourrait-on aller ? Les scientifiques évoquent même ‘l’émulation cérébrale’, c’est-à-dire l’idée de ‘télécharger’ le contenu d’un cerveau pour le faire vivre sur un support numérique. On parle alors de prolonger indéfiniment notre ‘existence informationnelle’.
Bien sûr, tout cela reste pour l’instant de l’ordre de la spéculation. Les chercheurs ont même esquissé une feuille de route un peu folle : parvenir à émuler la mémoire d’un ver vers 2045, celle d’une souris vers 2065, et peut-être celle d’un humain aux alentours de 2125. Pour pimenter le tout, un prix de 100 000 dollars a même été lancé pour l’équipe qui réussira la première à décoder un souvenir important d’un cerveau conservé. La course est lancée, et l’avenir de notre mémoire n’a jamais semblé aussi fascinant.
Selon la source : trustmyscience.com