On nous en parle de plus en plus, de ces fameux microplastiques. Des particules si petites qu’on ne les voit même pas. Et pourtant, la nouvelle est tombée comme un coup de massue : on en a retrouvé jusque dans nos os. C’est une chose de savoir qu’ils polluent les océans, mais c’en est une autre de les imaginer circuler dans notre propre corps. Forcément, une question nous brûle les lèvres : qu’est-ce que tout ce plastique est en train de faire à notre santé ? C’est une préoccupation qui grandit, et les scientifiques commencent à peine à assembler les pièces du puzzle.
Une histoire de plastique écrite dans la terre
Pour comprendre quand tout a commencé, il faut faire un petit voyage dans le temps. Dans un coin tranquille de la campagne anglaise, il existe une collection incroyable : des bouteilles contenant des échantillons de terre et de blé, récoltés méticuleusement depuis 1843 ! C’est un peu comme une bibliothèque de l’histoire de notre planète. Le gardien de ce trésor, Andy Macdonald, a vu défiler les époques dans ses flacons. D’abord les traces de radioactivité des essais nucléaires des années 40 et 50. Et puis… le plastique.
Il y a une ligne très claire, dit-il, avant et après l’ère du plastique. À partir des années 60, l’augmentation est flagrante. Ces particules se sont déposées via l’atmosphère ou se sont détachées des pneus de tracteurs. Ces vieilles bouteilles sont la preuve irréfutable que cette pollution ne date pas d’hier.
Comment ces particules envahissent notre corps
Aujourd’hui, c’est une certitude, nous avalons et respirons des microplastiques en permanence. Une estimation, même si elle a été débattue, parlait de près de 52 000 particules par an. Qu’importe le chiffre exact, l’idée est là : ça rentre. Par la nourriture, l’eau, l’air… Résultat, on en retrouve partout : salive, sang, poumons, lait maternel, et même dans des organes vitaux comme le foie, les reins et le cerveau. Notre corps est devenu, malgré lui, un réceptacle.
Une étude récente de 2024 a montré que notre consommation de ces particules a été multipliée par six depuis 1990. C’est une véritable invasion silencieuse qui se déroule à l’échelle mondiale.
Des expériences pour comprendre le parcours du plastique en nous
Pour savoir ce qu’il se passe une fois que le plastique est avalé, des chercheurs ont eu une idée assez audacieuse. En 2025, à Londres, huit volontaires courageux ont accepté de boire une solution remplie de microplastiques. L’idée, c’est que nous faisons tous cette expérience sans le savoir chaque jour. Par exemple, en trempant un sachet de thé en plastique dans l’eau chaude ou en chauffant un plat au micro-ondes dans une barquette.
La chercheuse Stephanie Wright, qui a mené l’étude, explique que la chaleur est le pire scénario, car elle libère beaucoup de particules. L’équipe a donc suivi le sang des volontaires pendant 10 heures pour voir combien de ces plastiques passent de l’intestin à la circulation sanguine. C’est une étape cruciale pour savoir où ils vont ensuite, s’ils s’accumulent quelque part et si notre corps peut s’en débarrasser. Probablement pas complètement, hélas.
Des liens inquiétants avec des maladies graves
Et c’est là que les choses deviennent vraiment préoccupantes. Plusieurs études récentes ont fait l’effet d’une bombe dans le monde médical. Des chercheurs italiens ont trouvé des microplastiques dans les artères de personnes atteintes de maladies cardiovasculaires. Chez ces patients, la présence de plastique était liée à un risque 4,5 fois plus élevé d’infarctus, d’AVC ou de décès dans les trois années suivantes.
Autre découverte choc : des scientifiques ont analysé le cerveau de personnes décédées. Ceux qui souffraient de démence avant leur mort avaient jusqu’à 10 fois plus de plastique dans le cerveau que les autres. « Nous étions choqués », a admis le professeur Matthew Campen, qui a dirigé l’étude. Pour l’instant, les chercheurs n’osent pas dire que le plastique est la *cause* directe de ces maladies. Ils pensent plutôt que c’est un fardeau supplémentaire qui s’ajoute à d’autres facteurs, affaiblissant notre corps petit à petit, année après année.
Un ennemi aux mille visages, difficile à cerner
Le problème, c’est que le mot « microplastique » est un peu un fourre-tout. C’est un monde d’une complexité folle. Rien que dans une bouteille d’eau, on peut trouver jusqu’à 240 000 particules de sept types de plastiques différents ! Polyamide, polystyrène… chaque plastique a sa propre composition et se dégrade différemment. Certains peuvent absorber des toxines, transporter des métaux lourds ou libérer des produits chimiques qui perturbent nos hormones.
Et il y a encore plus petit : les nanoplastiques. Eux sont capables de traverser les murs de nos cellules et de s’y installer, ce qui pourrait être encore plus dommageable. Certains scientifiques pensent que cette accumulation pourrait accélérer le vieillissement ou même augmenter les risques de cancer en favorisant une inflammation constante dans notre corps. Un peu comme une rouille qui s’installerait à l’intérieur, en somme.
Conclusion : alors, que peut-on faire ?
Face à cette invasion, la recherche s’organise. L’idée n’est pas tant de prouver qu’UN type de plastique cause UNE maladie – ce serait une mission quasi impossible – mais plutôt de trouver des seuils de tolérance. Combien notre corps peut-il supporter avant que le risque ne devienne trop élevé ? Des chercheurs travaillent là-dessus avec des mini-vaisseaux sanguins créés en laboratoire.
D’autres se concentrent sur les personnes les plus fragiles, comme celles qui souffrent d’asthme, pour voir si les microplastiques aggravent leurs crises. L’objectif final, c’est d’avoir assez de preuves pour aller voir les fabricants et leur dire : « ce plastique-là est particulièrement nocif, pouvez-vous arrêter de l’utiliser ? ». Il s’agit de trouver des alternatives plus sûres, que ce soit pour nos emballages ou même pour les masques et les tuyaux à l’hôpital. Le combat ne fait que commencer, mais il est essentiel pour notre santé future.
Selon la source : bbc.com