On en entend parler depuis des années, et voilà que ça se précise. Après un premier galop d’essai à Austin, au Texas, Tesla a des envies de conquête pour San Francisco avec son service de robotaxis. L’idée est simple : envoyer des invitations à des propriétaires de Tesla pour qu’ils testent ce service futuriste. Une belle promesse sur le papier, mais qui pourrait vite se heurter à un mur bien réel : celui de la réglementation californienne, particulièrement stricte en la matière.
Et comme nous allons le voir, même avec un chauffeur de sécurité derrière le volant, l’affaire est loin d’être dans le sac.
Le premier obstacle : le casse-tête des permis de conduire
Imaginez le permis de conduire, mais pour des voitures qui se conduisent toutes seules. En Californie, ce n’est pas une mince affaire, et c’est le Département des Véhicules à Moteur (DMV) qui s’en occupe. Pour qu’une voiture autonome puisse circuler, il faut passer par trois étapes, chacune avec son permis : les tests avec un chauffeur de sécurité, les tests sans chauffeur, et enfin, le déploiement commercial sans personne au volant.
Et Tesla, dans tout ça ? Eh bien, l’entreprise possède bien un permis, mais c’est un peu comme avoir le code sans avoir le droit de passer l’examen de conduite. Tesla a l’autorisation de faire des tests avec un opérateur humain à bord. Mais c’est tout. Pas de permis pour des tests sans conducteur, et encore moins pour un déploiement pour le grand public. D’ailleurs, à ce jour, seules trois entreprises (Mercedes-Benz, Nuro, et Waymo) ont obtenu ce précieux sésame.
L'autre administration qui met son grain de sel
Et si vous pensiez que c’était tout, détrompez-vous. Un autre acteur entre en scène : la Commission des services publics de Californie (CPUC). Son rôle ? Réglementer tout ce qui touche au transport de passagers, qu’il soit assuré par des humains ou par une machine. Et là encore, le bât blesse.
Tesla dispose bien d’un permis de la CPUC, mais il ne concerne que le transport de personnes dans un véhicule classique conduit par un humain, comme un service de VTC traditionnel. Selon la CPUC, ce permis n’a rien à voir avec celui nécessaire pour les véhicules autonomes. En clair, Tesla n’a aucune autorisation de la CPUC pour transporter des passagers dans des véhicules autonomes, que ce soit payant ou gratuit, avec ou sans chauffeur de sécurité. L’entreprise n’a même pas fait la demande.
Alors, au final, légal ou pas légal ?
Faisons simple. Si Tesla décide de lancer ses robotaxis à San Francisco et que le mode de conduite autonome est activé, l’entreprise se mettrait tout simplement hors-la-loi. C’est la conclusion qui s’impose quand on regarde les faits.
Et tenez-vous bien : cela reste vrai même si les trajets sont gratuits et qu’un opérateur de sécurité est présent derrière le volant. Le simple fait d’engager le système autonome pour transporter des passagers sans les permis adéquats des deux agences (le DMV et la CPUC) constituerait une violation de la réglementation de l’État. Un risque juridique énorme pour l’entreprise.
Un contexte déjà bien tendu avec les autorités
Cette tentative de passage en force, si on peut l’appeler ainsi, n’arrive pas n’importe quand. Il faut savoir que le torchon brûle déjà entre Tesla et les autorités californiennes. Le DMV lui-même a engagé des poursuites contre l’entreprise depuis plusieurs années au sujet des promesses jugées trompeuses sur les capacités de conduite autonome de ses voitures.
Pour ne rien arranger, Tesla est également au cœur d’un procès concernant des accidents mortels liés à l’utilisation de son système d’assistance à la conduite, l’Autopilot. Bref, l’entreprise navigue en eaux troubles, et cette nouvelle initiative à San Francisco pourrait bien être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Un service encore loin des grandes promesses
Au fond, on pourrait se demander si tout ce remue-ménage en vaut la chandelle. Car le service de robotaxi, dans sa version actuelle à Austin, est encore loin des grandes promesses d’Elon Musk. Le service est cantonné au centre-ville et aux grands axes, et surtout, un opérateur de sécurité reste assis sur le siège passager, prêt à intervenir si la voiture s’apprête à faire une erreur.
On est bien loin de la « solution générale » que le patron de Tesla promet depuis une décennie, ou de cette fameuse traversée des États-Unis en toute autonomie qui n’a jamais eu lieu. Malgré ces obstacles et ces réalités de terrain, l’ambition de Tesla reste intacte, avec des projets d’expansion en Floride et en Arizona. Mais avant de conquérir le monde, il faudra déjà convaincre la Californie.
Selon la source : techcrunch.com