Oubliez les rugissements terrifiants que l’on entend dans les films. Et si certains dinosaures, bien avant l’apparition des oiseaux, pépiaient et gazouillaient ? Une idée qui peut paraître farfelue, mais qui est pourtant sérieusement envisagée par les scientifiques. Une découverte récente en Chine vient en effet bousculer nos certitudes et suggère que les origines du chant des oiseaux pourraient être bien plus anciennes qu’on ne l’imaginait.
La découverte d'un fossile pas comme les autres
Tout part d’un fossile exceptionnel mis au jour dans la province du Hebei, dans le nord-est de la Chine. Vieux de 163 millions d’années, ce dinosaure baptisé Pulaosaurus qinglong ne mesure que 72 centimètres de long. Mais sa petite taille n’enlève rien à son importance, bien au contraire. Ce qui le rend si spécial, c’est son état de conservation. Le squelette est presque complet, une véritable aubaine qui a permis aux chercheurs d’examiner en détail son anatomie, et surtout, une partie de son corps qui ne se fossilise que très rarement : sa gorge.
Au cœur du mystère : une gorge d'oiseau ?
C’est précisément dans la gorge de ce petit dinosaure que se cache la révolution. Les organes vocaux des vertébrés sont essentiels : ils protègent les voies respiratoires et permettent de produire des sons. Le problème, c’est qu’ils sont souvent fragiles. Comme le souligne Xing Xu, paléontologue à l’Académie chinoise des sciences et co-auteur de l’étude, « ce sont des os très fins, très délicats et difficiles à préserver ». Trouver ces petits os intacts est donc un petit miracle pour les scientifiques. Et ceux de Pulaosaurus ont révélé une structure étonnamment proche de celle des oiseaux.
À mi-chemin entre le reptile et l'oiseau
Pour bien comprendre, il faut faire un petit comparatif. Chez la plupart des reptiles actuels, les organes vocaux sont faits de cartilage et sont plutôt simples, leur permettant de produire des sons basiques comme des sifflements ou des grognements. À l’inverse, les oiseaux possèdent des organes vocaux osseux, délicats et flexibles, capables de produire des sons bien plus complexes et mélodieux.
Et Pulaosaurus dans tout ça ? Eh bien, il semble se situer pile entre les deux. Sa gorge n’est pas aussi simple que celle d’un reptile, ni aussi complexe que celle d’un oiseau moderne. C’est un entre-deux qui suggère une capacité à produire des sons plus variés qu’un simple grondement.
Un talent partagé par d'autres dinosaures ?
On pourrait penser qu’il s’agit d’un cas unique, une sorte d’exception. Mais détrompez-vous. Les chercheurs ont noté que la structure vocale de Pulaosaurus ressemble à celle d’un autre dinosaure, le Pinacosaurus, qui appartient pourtant à la famille des ankylosaures. Or, Pulaosaurus, lui, fait partie du groupe qui donnera plus tard naissance aux « dinosaures à bec de canard ».
Ces deux créatures sont séparées par des millions d’années d’évolution et n’appartiennent pas à la même lignée. Le fait qu’elles partagent des structures similaires est donc une indication très forte. Cela suggère que cette capacité à « chanter » ou du moins à produire des sons complexes pourrait venir d’un ancêtre commun très, très ancien, et qu’elle n’était pas réservée à la lignée qui a finalement mené aux oiseaux.
une nouvelle page de l'histoire de l'évolution
Concrètement, qu’est-ce que ça change ? Énormément de choses. Cette découverte pourrait repousser les origines du chant des oiseaux de plusieurs millions d’années, jusqu’à des créatures ayant vécu il y a plus de 230 millions d’années. Cela dit, le mystère n’est pas entièrement résolu. On ne sait toujours pas comment ni quand le syrinx, la boîte vocale si particulière des oiseaux modernes qui leur confère leur incroyable talent vocal, a évolué. Et on ignore encore si un dinosaure a un jour possédé une telle merveille de la nature. La science continue son enquête, et le monde des dinosaures n’a pas fini de nous surprendre.
Selon la source : gizmodo.com