Starmer se prépare à des discussions difficiles avec Trump à Turnberry, Gaza et les tarifs en tête de l’agenda
Auteur: Mathieu Gagnon
Imaginez la scène. Le Premier ministre, Sir Keir Starmer, qui avoue lui-même n’avoir jamais touché un club de golf, doit rencontrer Donald Trump sur son propre terrain de jeu, le prestigieux parcours de Turnberry en Écosse. On comprend tout de suite mieux la petite nervosité qui entoure cette réunion organisée à la dernière minute.
Un proche du Premier ministre a même glissé, un peu inquiet : « Le golf, ça ne s’apprend pas en un week-end ». L’idée de voir les deux hommes discuter des affaires du monde entre deux trous sur un parcours de championnat a de quoi faire sourire… ou frémir. Mais en réalité, le golf est le cadet des soucis de Sir Keir. Les vrais défis sont ailleurs, et ils sont de taille.
L'acier, un dossier brûlant et urgent
Le sujet le plus chaud sur la table, c’est sans conteste celui de l’acier. Si on devait comparer cette négociation à une partie de golf, on pourrait dire que Starmer est à sa troisième tentative pour faire entrer la balle dans le trou. Ça a l’air simple, mais ça ne l’est jamais.
On nous a déjà annoncé par deux fois un grand accord commercial. La première fois en mai, on parlait d’un « accord magnifique ». Puis, plus rien. Le mois dernier, les deux hommes ont signé un papier au Canada, que le président a d’ailleurs failli faire tomber par terre. Mais même après ça, un problème crucial restait en suspens : l’acier.
Pour bien comprendre, Trump a imposé une taxe de 25% sur l’acier. Il menace maintenant de la faire passer à 50% pour le Royaume-Uni si rien n’est réglé. Le temps presse. L’industrie sidérurgique britannique est au bord du gouffre, et l’argent du contribuable est en jeu. Starmer doit absolument obtenir ce qu’on lui avait promis : une taxe à zéro pour cent. Malheureusement, pour l’instant, rien ne semble bouger dans ce sens.
La question délicate de la Palestine
Il se murmure que Starmer aimerait beaucoup faire comme le président français Emmanuel Macron : reconnaître officiellement l’État de Palestine. C’est une idée qui semble lui tenir à cœur. Mais il ne peut absolument pas le faire avant sa rencontre avec Trump.
Pourquoi ? Parce que les États-Unis ont très mal réagi à la décision française. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a été très clair : pour lui, Macron a « récompensé le terrorisme » du Hamas. Une annonce britannique provoquerait la même colère et gâcherait toute la discussion. Pourtant, il faut bien qu’ils en parlent. La situation à Gaza est catastrophique, et sans l’aide des Américains, des milliers de personnes risquent de mourir de faim. Certains pensent que Starmer, en flattant un peu l’égo du président, pourrait raviver son envie de négocier un cessez-le-feu. Sur ce sujet, il ne parlera pas que pour le Royaume-Uni, mais aussi un peu pour la France et l’Allemagne.
Et surtout, n'oublions pas l'Ukraine
Aussi important que soit le Moyen-Orient, le plus grand souci de Starmer est peut-être ailleurs. Il cherche désespérément une solution pour l’Ukraine. Récemment, avec la France et l’Allemagne, il a poussé l’idée d’une « coalition des volontaires » pour protéger l’Ukraine une fois la paix signée.
C’est un beau projet, mais il lui manque l’essentiel : la promesse des États-Unis de les soutenir militairement si les choses tournaient mal. Et c’est là que le bât blesse. Trump n’a montré aucun intérêt pour ce plan. Lui, ce qui semble l’intéresser, ce sont les richesses minières de l’Ukraine. Une vision très différente… Starmer va devoir trouver les mots justes pour essayer de le faire changer d’avis.
Les coulisses d'une visite très politique
Ce voyage en Écosse est officiellement un déplacement privé pour que Trump s’occupe de ses affaires (et joue au golf). Mais c’est en fait une sorte de répétition avant la grande visite d’État prévue en septembre, sur invitation du Roi lui-même.
Il y aura sans doute un moment un peu gênant. On devra expliquer pourquoi le président Macron a eu le droit de faire un discours devant le Parlement britannique, mais pas Trump. L’excuse officielle – que le Parlement sera en vacances – ne tient pas vraiment la route. Après tout, on avait bien fait revenir tout le monde pour écouter le Pape Benoît XVI en 2010 dans les mêmes circonstances.
Et pour ne rien arranger, des amis britanniques de Trump, comme Nigel Farage, ne manqueront pas de lui souffler à l’oreille que d’autres ont été mieux traités que lui. Ambiance…
Conclusion : comment Starmer peut-il vraiment convaincre le président ?
Alors, comment s’en sortir ? Une petite anecdote amusante raconte que Starmer aurait trouvé une solution pour le problème du golf : « On tire à pile ou face. Si le président gagne, on joue au golf. Si je gagne, on joue au foot ». Une pirouette astucieuse, surtout quand on sait que Trump s’est bien amusé avec des footballeurs récemment.
Mais il faudra bien plus qu’une pièce de monnaie pour le convaincre sur l’acier, la Palestine ou l’Ukraine. La seule chose qui compte vraiment, c’est que Trump apprécie les relations personnelles et fait confiance aux gens qui sont directs avec lui. Il l’a dit lui-même au Canada : « Le Royaume-Uni est bien protégé. Vous savez pourquoi ? Parce que je les aime bien. Le Premier ministre a fait du très bon travail. »
Starmer va devoir déployer tout son charme. C’est un pari risqué, mais l’histoire récente de leur relation suggère qu’une victoire n’est peut-être pas si hors de portée.
Selon la source : reuters.com