Préserver sa batterie en appuyant sur l’accélérateur ? C’est plus logique qu’il n’y paraît
Auteur: Adam David
Le pied léger, des accélérations douces, une angoisse latente à chaque montée en régime… Pour beaucoup de conducteurs de voitures électriques, préserver la batterie est une obsession de tous les instants. Et si cette prudence était, en partie, contre-productive ? C’est la conclusion pour le moins surprenante d’une vaste étude américaine qui vient bousculer quelques-unes de nos certitudes les mieux ancrées.
La peur de l'usure, une anxiété bien réelle
Ne nous voilons pas la face : la durée de vie de la batterie, et surtout le coût de son remplacement, reste la hantise de nombreux automobilistes, le principal frein à l’achat pour ceux qui hésitent encore. On sait pourtant que les constructeurs ont bardé leurs véhicules de garde-fous. Entre une électronique de pointe qui surveille la moindre surchauffe et des « zones tampons » de capacité non utilisées pour éviter les cycles extrêmes, tout est pensé pour que la batterie ne soit jamais un problème. Ou presque.
L’étude menée pendant deux ans par l’université de Stanford sur une centaine de modèles de batteries semble enfoncer le clou. Non, une batterie de voiture électrique n’est pas une pièce d’usure qu’il faudrait changer comme un jeu de plaquettes de frein. Sa dégradation est bien plus lente qu’on ne l’imagine.
Le véritable ennemi : le temps qui passe, pas les kilomètres
Voilà peut-être le premier enseignement majeur de ces travaux. Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas tant les kilomètres parcourus ou les cycles de charge qui abîment le plus une batterie. Le facteur de dégradation numéro un serait en fait… le temps. Tout simplement.
La raison est logique quand on y pense. À l’inverse d’un bus ou d’un camion-livreur en service quasi continu, une voiture de particulier passe le plus clair de sa vie garée, inactive. C’est durant ces longues périodes d’immobilisation que le vieillissement « calendaire » de la chimie opère le plus, bien plus que durant les phases de conduite.
Accélérer pour préserver : le paradoxe qui change la donne
Mais la véritable surprise de l’étude est ailleurs. Elle contredit une hypothèse que même les chercheurs tenaient pour acquise : les fortes sollicitations seraient mauvaises. C’est faux, et ce serait même l’inverse. Les analyses ont montré une corrélation étonnante entre des accélérations franches et brèves et… une dégradation plus lente de la batterie.
Oubliez donc la conduite sur un filet de gaz, du moins de temps en temps. Un peu comme on « décrassait » un vieux moteur diesel pour nettoyer le filtre à particules, solliciter sa batterie avec des pics d’intensité brefs pourrait finalement lui faire du bien. De la même manière, un freinage régénératif un peu plus vigoureux serait plus bénéfique qu’une décélération constante et douce.
Vers une gestion plus intelligente de nos batteries ?
Comment l’expliquer ? Les chercheurs évoquent un « taux de décharge moyen idéal », un équilibre parfait entre le vieillissement lié au temps (calendaire) et celui lié à l’usage (cyclique). Et bonne nouvelle, cette fenêtre de fonctionnement se situe précisément dans la plage d’une conduite normale, parfois un peu dynamique.
En clair, une batterie n’est pas faite pour être sous-utilisée en permanence. Ces découvertes pourraient permettre aux constructeurs d’affiner les logiciels qui gèrent l’énergie (les fameux BMS, ou *Battery Management Systems*). Une simple mise à jour pourrait ainsi optimiser la longévité des batteries en s’adaptant à ces nouvelles connaissances.
conduire sans crainte, mais avec raison
Loin d’être une invitation à l’inconscience au volant ou au non-respect des limitations de vitesse, cette étude est avant tout une formidable nouvelle pour les conducteurs. Elle nous invite à nous défaire d’une certaine anxiété, à utiliser notre voiture électrique pour ce qu’elle est : une machine performante et réactive.
Il ne s’agit pas de passer son temps à faire des départs arrêtés au feu rouge, mais simplement de ne plus culpabiliser lors d’un dépassement ou d’une insertion rapide sur l’autoroute. Peut-être faut-il simplement réapprendre à conduire, en comprenant que la machine électrique a sa propre logique, parfois bien éloignée de nos vieux réflexes hérités du thermique.
Selon la source : automobile-magazine.fr