Jusqu’à 30% du salaire en moins ? le projet choc du gouvernement pour loger les travailleurs migrants
Auteur: Mathieu Gagnon
C’est l’Alliance des travailleurs migrants pour le changement qui a tiré la sonnette d’alarme en partageant un document de travail du ministère de l’Emploi et du Développement social du Canada. Un document qui, pour beaucoup, a l’air d’une véritable provocation.
Un projet qui sème la discorde
Et c’est dans les détails que le bât blesse. Le document propose une fourchette pour les déductions de logement. Dans le pire des cas, un employeur pourrait prélever jusqu’à 30 % du revenu avant impôts d’un travailleur. Pour mettre les choses en perspective, cela représenterait environ 1 000 dollars par mois. Une somme colossale quand on connaît les salaires de ces travailleurs.
La parole d'un travailleur à bout
« On dirait qu’ils veulent rendre le programme encore plus difficile », confie-t-il. « Si on me prend autant d’argent, je n’aurai plus rien à envoyer à ma famille ou même pour acheter à manger ici, juste pour survivre. » C’est une angoisse bien réelle. D’autant plus qu’on lui rappelle constamment qu’il est remplaçable, qu’il y a « 10 autres Jamaïcains qui attendent pour prendre [son] poste ». Difficile de se plaindre dans ces conditions.
Le gouvernement se défend, les associations s'insurgent
Mais cette défense ne convainc pas du tout les associations. Syed Hussan, directeur de l’Alliance des travailleurs migrants, qualifie cette proposition de « vol massif » de salaires « sans aucune amélioration de leurs conditions de vie ». Pour lui, c’est « incroyablement hypocrite », surtout quand on sait qu’un rapport de l’ONU a récemment qualifié le système canadien de « terreau pour les formes contemporaines d’esclavage ».
Des logements qui posent question
Le témoignage du travailleur jamaïcain est d’ailleurs glaçant. Il raconte que lui et ses colocataires sont souvent obligés de rester dehors jusqu’à 22 ou 23 heures le soir pour que leur dortoir surchauffé puisse enfin refroidir. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de climatisation. Et le pire dans tout ça, c’est que c’est parfaitement légal, car les logements sont inspectés et approuvés en début de saison.
Conclusion : une fausse bonne idée ?
« Si on voulait une vraie mobilité, on leur dirait simplement : ‘Vous pouvez travailler où vous voulez’ », explique-t-il. Comme n’importe quel citoyen canadien. Pour l’Alliance des travailleurs migrants, la seule véritable solution pour que ces hommes et ces femmes puissent défendre leurs droits sans crainte est de leur accorder la résidence permanente. Une solution simple qui changerait tout.
Selon la source : thecanadianpressnews.ca