Alerte tsunami à Hawaï : quand vouloir bien faire a transformé l’évacuation en cauchemar
Auteur: Mathieu Gagnon
Imaginez la scène. Vous êtes tranquillement chez vous, au 31ème étage d’un immeuble à Honolulu, quand votre téléphone sonne. C’est une alerte : un énorme tremblement de terre a eu lieu de l’autre côté de l’océan Pacifique et un tsunami pourrait frapper Hawaï. Pour David Sun-Miyashiro, c’était une réalité.
Il savait qu’il avait plusieurs heures avant que la moindre vague n’arrive. largement le temps, s’est-il dit, d’aller chercher son père qui devait prendre un avion. Une décision logique, en apparence. Mais à peine sorti, il s’est retrouvé piégé. Les rues de son quartier, Kakaako, étaient complètement bloquées. Une heure pour avancer de quelques mètres à peine. Finalement, il a dû abandonner sa voiture et rentrer à pied avec son jeune fils. Une expérience qui a servi de véritable signal d’alarme pour beaucoup d’habitants.
Le problème : quand on a 'trop' de temps pour paniquer
Alors, que s’est-il passé ? Le tsunami, heureusement, n’a causé que des dégâts mineurs. Mais le vrai problème, c’était le chaos sur les routes. Les autorités parlent maintenant de « sur-évacuation ». Un terme un peu technique pour dire que trop de gens ont évacué alors qu’ils n’en avaient pas besoin.
Le tremblement de terre a eu lieu loin, très loin, au large de la Russie. Cela a laissé plusieurs heures aux Hawaïens pour se préparer. Sauf que l’alerte est tombée en pleine heure de pointe, quand tout le monde rentrait du travail. Résultat : au lieu de fluidifier les choses, ce long délai a poussé tout le monde à prendre sa voiture en même temps. Un cocktail explosif pour la circulation.
Une confusion générale et des caddies bien remplis
La confusion semble avoir été la règle. Molly Pierce, du département de gestion des urgences, explique qu’il existe différents niveaux d’alerte. Pour ce tsunami, seule la zone d’évacuation standard était concernée. Pourtant, de nombreuses personnes vivant dans les zones dites « extrêmes », qui n’étaient pas en danger cette fois-ci, ont quand même pris la fuite.
Et puis, il y a eu les réactions un peu… surprenantes. Au lieu de se mettre à l’abri, certains se sont rués dans les magasins. Eh oui. Des gens qui n’étaient même pas en zone dangereuse sont allés faire le plein d’essence ou dévaliser les supermarchés comme Costco. Pendant ce temps, les touristes, un peu perdus, ne savaient pas qu’ils pouvaient simplement se réfugier dans les étages supérieurs de leurs hôtels. Un manque d’information qui a coûté cher sur les routes.
La leçon des autorités : il faut mieux informer
Face à ce gigantesque embouteillage, les responsables tirent des leçons. Ed Sniffen, le directeur des transports, ne regrette pas d’avoir prévenu la population à l’avance. Mais il insiste : la prochaine fois, il faudra mieux expliquer aux gens comment utiliser ce temps. « Il aurait été plus efficace que les personnes en sécurité restent chez elles, laissant les routes libres pour ceux qui devaient vraiment évacuer », a-t-il déclaré.
Un autre point soulevé est celui de Waikiki. Ce célèbre quartier touristique, avec ses plages de rêve, n’a que quatre routes pour en sortir. Le député Adrian Tam s’est dit très inquiet, qualifiant la situation de « signal d’avertissement ». Il est clair pour tout le monde qu’il faut repenser l’organisation pour éviter un drame à l’avenir.
Pourquoi Hawaï a souvent du temps avant un tsunami
Il faut savoir que la situation d’Hawaï est assez particulière. L’archipel se trouve au milieu d’une plaque tectonique, pas sur les bords où se produisent la plupart des grands séismes. Les tsunamis qui menacent Hawaï viennent donc souvent de très loin (Japon, Alaska, Chili), ce qui laisse de précieuses heures pour s’organiser.
C’est une chance, mais on a vu que ça pouvait aussi être un piège. Fait intéressant, les autorités ont montré qu’elles apprenaient des catastrophes passées. En souvenir du terrible incendie de Lahaina, elles ont pris soin d’ouvrir des routes normalement fermées, comme une route militaire sur l’île d’Oahu, pour offrir plus de voies d’évacuation. Un bon réflexe qui montre une volonté de s’améliorer.
Conclusion : Le calme surprenant au cœur du chaos
Mais au milieu de ce grand bazar, il y a eu une note étonnamment positive. Jake Bacon, un touriste qui évacuait avec sa famille, a été frappé par l’ordre qui régnait malgré tout. « Je n’ai pas entendu un seul coup de klaxon », a-t-il raconté. Les gens attendaient patiemment dans leur voiture, sans s’énerver.
Peut-être, comme il le suggère, qu’attendre une vague qu’on ne voit pas est moins angoissant que de voir une montagne en feu dévorer vos biens. Quoi qu’il en soit, ce calme dans l’épreuve est une belle preuve de civisme. Une petite lueur d’espoir qui montre que, même dans la confusion, les gens peuvent rester solidaires. Et ça, c’est peut-être la chose la plus importante à retenir.
Selon la source : apnews.com