Oubliez les déserts abyssaux que l’on imaginait. À près de 10 000 mètres sous la surface, dans l’obscurité totale de la fosse des Mariannes, une équipe de scientifiques chinois a découvert ce qui semblait impensable : des écosystèmes entiers, grouillants de vie. Une plongée qui remet en cause bien des idées reçues sur les limites du vivant.
Une expédition dans les entrailles du globe
L’expédition, menée par des chercheurs de l’Institut des sciences et de l’ingénierie des grands fonds, une branche de l’Académie chinoise des sciences, s’est aventurée dans la vallée sous-marine la plus profonde du globe. À bord du submersible *Fendouzhe*, ils ont parcouru plus de 2 500 kilomètres pour atteindre des profondeurs vertigineuses, oscillant entre 5 800 et 9 533 mètres. Un voyage aux frontières de l’exploration humaine.
Des paysages d'un autre monde
« C’est une occasion formidable de découvrir de nouvelles choses. Et ce que nous avons vu était vraiment incroyable », confie à la BBC le Dr Xiaotong Peng, l’un des responsables de la mission. Sous ses yeux, des paysages presque irréels : des champs de mollusques et de vers tubicoles aux allures éthérées, défiant l’imagination dans un monde privé de soleil. Des scènes qui tiennent plus de la science-fiction que de la biologie telle qu’on la connaît.
Le secret de la survie : la chimiosynthèse
Comment une telle vie peut-elle exister ici, soumise à une pression écrasante et privée du moindre rayon de lumière ? La réponse réside dans un processus fascinant : la chimiosynthèse. Au lieu de l’énergie solaire, ces créatures transforment des substances chimiques, comme le méthane ou le sulfure d’hydrogène, qui s’échappent des entrailles de la Terre. C’est ce carburant venu des profondeurs qui alimente tout cet écosystème.
L'autre mystère, celui de la pression
Mais la chimie n’explique pas tout. « Elles doivent aussi avoir une astuce pour s’adapter à une vie sous pression extrême », souligne le Dr Megran Du, un autre membre de l’équipe. « C’est une autre question à laquelle nous devons répondre ». Le mystère de leur incroyable résistance physique reste donc entier, ouvrant un nouveau champ de recherche aussi complexe que passionnant.
Une vieille certitude scientifique ébranlée
Cette découverte vient surtout bousculer une conviction scientifique bien ancrée. On a longtemps pensé que ces formes de vie adaptées à des conditions extrêmes étaient des exceptions, des curiosités isolées. Or, l’existence de ces vastes communautés suggère tout le contraire. Elle laisse entrevoir la viabilité d’écosystèmes entiers alimentés par le méthane, potentiellement bien plus répandus qu’on ne le croyait. Pour couronner le tout, l’équipe chinoise a affirmé avoir observé des espèces totalement inconnues, dont les détails seront bientôt publiés.
le vertige de la découverte
Face à ces images d’un autre monde, certains pourraient ressentir une forme d’effroi. Une réaction que le Dr Du balaie d’un revers de main. « J’encourage toujours mes étudiants : regardez à travers le hublot, au fond de la mer », défend-il. « Vous serez inspirés ». Difficile, en effet, de ne pas l’être.
Selon la source : geo.fr