Nous pensons les connaître. Nous les observons dans les documentaires, les admirons dans les parcs nationaux, parfois même nous les côtoyons au quotidien. Le règne animal nous semble familier, presque cartographié. Pourtant, à y regarder de plus près, ce monde grouille de secrets, de stratégies de survie si étonnantes qu’elles semblent sorties d’un roman. La science, avec la patience d’un artisan, lève peu à peu le voile sur des comportements et des particularités qui défient notre imagination.
Saviez-vous, par exemple, qu’un certain marsupial produit des excréments cubiques ? Ou que le bonheur, si l’on en croit les observateurs, a le visage d’un petit animal au sourire permanent ? Ce voyage en 60 étapes n’est pas une simple compilation d’anecdotes. C’est une invitation à poser un regard neuf sur nos voisins de planète, à s’émerveiller de l’ingéniosité sans fin de l’évolution et, peut-être, à mesurer l’étendue de ce qui nous reste à découvrir.
le koala
Son allure de peluche et son régime à base d’eucalyptus en ont fait une icône de la douceur australienne. Mais le koala partage avec l’être humain une caractéristique anatomique pour le moins troublante : des empreintes digitales. Examinées au microscope, leurs boucles et leurs spirales sont quasiment impossibles à distinguer des nôtres. Les chercheurs y voient une formidable adaptation évolutive, une convergence permettant, comme pour les primates, une meilleure préhension des branches lors de la quête de nourriture.
l'éléphant
Force tranquille dotée d’un odorat cent fois supérieur au nôtre, l’éléphant est un paradoxe de puissance et de fragilité. Capable de se déplacer avec une agilité surprenante, il est pourtant physiquement incapable de sauter. La faute à des chevilles rigides et à des muscles du bas des jambes que des chercheurs du Royal Veterinary College de Londres ont qualifiés, non sans une pointe d’ironie, de « chétifs ». Cette contrainte biomécanique explique aussi pourquoi ses courses ne peuvent être que de brèves accélérations.
l'ornithorynque
Avec son bec de canard et son corps de loutre, l’ornithorynque semble tout droit sorti de l’imagination d’un enfant. Méfiez-vous des apparences. Les mâles possèdent, sur leurs pattes arrière, des éperons capables d’injecter un venin puissant. S’il n’est pas mortel pour l’homme, le Fonds mondial pour la nature (WWF) prévient que la douleur est atroce, provoquant œdèmes et hyperventilation. Une leçon de modestie : la nature n’a que faire de nos catégories du « mignon » et du « dangereux ».
le paresseux
Sa lenteur est légendaire, presque philosophique. Mais plongez-le dans l’eau, et le paresseux révèle un talent insoupçonné. Il est un excellent nageur, se déplaçant environ trois fois plus vite dans l’élément liquide qu’accroché à sa branche. Selon Live Science, il pratique une brasse étonnamment similaire à la nôtre, une compétence vitale pour survivre dans les forêts tropicales soumises aux inondations saisonnières. L’image du paresseux, serein et flottant, a de quoi attendrir.
la baleine
Comment un géant qui doit remonter à la surface pour respirer peut-il dormir sans se noyer ? La baleine a trouvé la parade : elle ne dort jamais complètement. Grâce à un mécanisme appelé « sommeil lent uni-hémisphérique », une moitié de son cerveau se repose pendant que l’autre reste en alerte. Ce demi-sommeil lui permet de gérer sa respiration consciente, de rester à l’affût des prédateurs et de continuer à naviguer. Un compromis fascinant entre le besoin de repos et l’impératif de survie.
l'ours polaire
Dans l’immensité glacée de l’Arctique, les conventions sociales ont leur importance. Pour se saluer, les ours polaires se touchent délicatement le nez. Selon l’organisation Polar Bears International, ce geste n’est pas qu’une simple politesse. C’est aussi un code pour demander à partager un repas. Un ours s’approchera d’un congénère en train de se nourrir et présentera son museau, en signe de requête. Une forme de communication subtile et touchante.
le kangourou
Symbole de l’Australie, le kangourou est une merveille de propulsion, bondissant pour couvrir de longues distances. Mais cette spécialisation a un coût : il lui est impossible de reculer. La structure de ses puissantes pattes arrière et sa longue queue, qui sert de balancier, l’en empêchent. Ce n’est pas un hasard s’il figure sur les armoiries du pays aux côtés de l’émeu, qui partage la même incapacité : un symbole de la nation qui ne va que de l’avant.
le requin
« Continue de nager… » Ce conseil du poisson Dory dans Le Monde de Nemo est une question de vie ou de mort pour certaines espèces de requins. Le grand blanc, le mako ou le requin-baleine pratiquent la « ventilation forcée » : ils doivent nager constamment la gueule ouverte pour que l’eau oxygénée irrigue leurs branchies. S’arrêter de bouger, pour eux, c’est littéralement suffoquer. Une existence sans pause, dictée par les lois de la physique.
le paon
Petite précision de vocabulaire d’abord : le « paon » est le mâle, la femelle est la « paonne », et l’espèce est le « paon bleu ». Au-delà de sa roue spectaculaire, cet oiseau cache une merveille génétique. Une mutation, le leucisme, peut le priver partiellement ou totalement de ses couleurs, le laissant d’un blanc immaculé. Ces paons blancs, loin d’être albinos, ne sont pas une anomalie mais une variation d’une beauté saisissante.
la hyène
On la dépeint souvent comme une sorte de chien sauvage, opportuniste et ricanant. C’est une erreur. Biologiquement, la hyène est bien plus proche du chat. Elle appartient au sous-ordre des Féliformes, les carnivores « félins », par opposition aux Caniformes. Mais ne vous y trompez pas : la hyène est si singulière qu’elle constitue sa propre famille, les Hyaenidae. Ni chien, ni chat, simplement hyène.
le ratel
Ne vous fiez pas à son nom anglais, « honey badger » (blaireau à miel). Le ratel n’a rien de doux. C’est l’une des créatures les plus féroces et indestructibles qui soient. Membre de la famille des mustélidés, comme la belette, il est capable de manger des serpents venimeux. Dès leur plus jeune âge, les mères habituent leur progéniture aux toxines en leur donnant de petits scorpions, développant ainsi une immunité redoutable. Une véritable force de la nature.
le toucan
Son bec démesuré et coloré pourrait passer pour une simple extravagance. C’est en réalité un outil multifonction d’une ingéniosité remarquable. Il joue un rôle dans la parade nuptiale et la défense. Mais il sert surtout de longue pince pour atteindre des fruits sur des branches trop fragiles pour supporter le poids de l’oiseau. Ses bords dentelés, quant à eux, sont parfaits pour peler les fruits. Un design qui allie l’esthétique à l’efficacité.
le narval
Surnommée la « licorne des mers », cette créature arctique est un miracle d’étrangeté. Sa fameuse « corne », qui peut atteindre trois mètres de long, n’en est pas une. Il s’agit en réalité d’une dent, une canine gauche qui pousse en traversant la lèvre supérieure du mâle. Sa fonction exacte reste débattue, mais elle jouerait un rôle essentiel dans la séduction et la compétition entre mâles. Une coquetterie dentaire extrême.
le quokka
Avec son sourire permanent, ce petit marsupial de l’île de Rottnest, en Australie, est devenu une star des réseaux sociaux. Il est souvent qualifié d’« animal le plus heureux du monde ». Mais derrière cette bonne humeur apparente se cache une formidable capacité d’adaptation. Dans son habitat où l’eau douce est rare, le quokka peut survivre un mois entier sans boire, s’hydratant grâce à l’humidité contenue dans les feuilles qu’il consomme.
le lémurien
Endémiques de Madagascar, les plus de 100 espèces de lémuriens sont parmi les mammifères les plus menacés au monde. Parmi eux, le lémurien noir aux yeux bleus se distingue par une particularité étonnante : c’est le seul primate, hormis l’homme, à pouvoir avoir les yeux bleus. Un trait d’une rare beauté, qui souligne la singularité et la fragilité de cette branche de notre arbre évolutif.
le chameau
Surnommé « le navire du désert », le chameau doit ce titre non seulement à sa capacité à transporter des charges, mais aussi à sa démarche singulière. Il avance en levant simultanément les deux pattes du même côté (les deux gauches, puis les deux droites). Ce mouvement, appelé l’amble, provoque un balancement caractéristique, un roulis qui rappelle celui d’un bateau sur les vagues de sable.
le dragon barbu
Malgré son nom et son apparence intimidante, le dragon barbu est un lézard d’une nature étonnamment douce et curieuse. Il explore son environnement en tirant la langue, comme beaucoup de reptiles. Mais il possède une charmante particularité : pour signifier sa reconnaissance ou apaiser un congénère, il effectue un lent mouvement circulaire avec l’une de ses pattes avant, un geste qui ressemble à s’y méprendre à un salut de la main.
le papillon
Le papillon boit le nectar des fleurs grâce à sa longue trompe, le proboscis. Mais ce n’est pas avec sa bouche qu’il « goûte » le monde. Ses récepteurs gustatifs se trouvent… au bout de ses pattes. En se posant sur une feuille, il peut ainsi instantanément savoir si celle-ci sera comestible pour ses futures chenilles. Un moyen efficace de choisir la meilleure nurserie possible pour sa progéniture.
la loutre de mer
L’image a fait le tour du monde et a de quoi émouvoir : des loutres de mer, mère et petit, se tenant la patte pendant leur sieste pour ne pas dériver l’une de l’autre. Ce comportement, adorable, est aussi une stratégie de survie. Il renforce le lien social et assure la sécurité du groupe flottant. Une tendresse qui nous rappelle que 12 des 13 espèces de loutres dans le monde sont aujourd’hui considérées comme vulnérables ou en danger.
le lièvre de Californie
Ses longues oreilles ne servent pas qu’à détecter le moindre bruit suspect. Elles sont aussi un système de climatisation d’une redoutable efficacité. Richement vascularisées, elles agissent comme des radiateurs, permettant au sang de se refroidir au contact de l’air. C’est une stratégie de thermorégulation qui ne coûte pas la moindre goutte d’eau, essentielle pour survivre dans les climats arides. Ingénieux.
le pigeon
On le surnomme parfois avec mépris « rat des villes ». C’est faire bien peu de cas de l’intelligence remarquable du pigeon biset. Non seulement il a été utilisé pendant des siècles pour transmettre des messages, mais une étude de l’université Keio, à Tokyo, a démontré qu’il pouvait être entraîné à distinguer les peintures de Monet, Picasso, Cézanne ou Matisse. Un sens de l’esthétique que l’on ne soupçonnait pas chez ce citadin mal-aimé.
le dauphin
L’idée semble tout droit sortie d’un film de science-fiction, et pourtant, elle est bien réelle : les dauphins s’appellent par leur nom. Des recherches de l’université de St Andrews ont révélé que les grands dauphins utilisent des sifflements-signatures uniques. Pour interpeller un congénère spécifique, un dauphin va imiter le sifflement de celui qu’il souhaite contacter. C’est, à ce jour, un cas unique chez les mammifères non humains d’utilisation d’étiquettes vocales apprises pour désigner des individus.
la chauve-souris
Souvent injustement diabolisées, les chauves-souris sont des alliées précieuses des écosystèmes. Une seule petite chauve-souris brune peut dévorer jusqu’à 1000 moustiques en une heure. Mais l’un des faits les plus touchants les concernant est sans doute leur manière de donner naissance. La femelle accouche la tête en bas, et rattrape son nouveau-né au vol dans ses propres ailes, le berçant dans un premier cocon protecteur.
le chat
Vous pouvez appeler votre chat « Caramel » ou « Sucrette », cela ne changera rien à une réalité biochimique : il ne peut pas détecter le goût sucré. Des scientifiques du Monell Chemical Senses Center ont découvert qu’il manque aux chats les récepteurs nécessaires sur leur langue. En revanche, une autre étude a montré qu’ils possèdent au moins sept récepteurs pour l’amertume, un avantage certain pour éviter d’ingérer des proies ou des plantes toxiques.
le wombat
C’est une de ces anecdotes qui semble trop étrange pour être vraie, et qui pourtant a récemment passionné les scientifiques : le wombat fait des crottes carrées. Le mystère a été en partie résolu par une équipe du Georgia Institute of Technology. Vivant dans des climats arides, le wombat extrait toute l’humidité de ses aliments. Ses intestins, dotés d’une élasticité variable, sculptent littéralement ces matières très sèches pour leur donner cette forme cubique unique au monde.
le canard
Les plages de Californie ne sont pas réservées aux surfeurs humains. Depuis plusieurs années, des observateurs rapportent un comportement étonnant chez les canards colverts de la côte, de Santa Barbara à San Diego. Ils ont été vus attrapant des vagues pour se laisser porter jusqu’au rivage. La raison est purement alimentaire : c’est une technique efficace pour chasser les crabes de sable. Un comportement que, selon les scientifiques, ils auraient appris en observant les oiseaux de rivage.
le lamantin
Aussi appelé « vache de mer », ce lointain cousin de l’éléphant peut peser jusqu’à 600 kilos. Strictement végétarien, il a besoin d’une quantité colossale d’énergie pour se déplacer dans les eaux peu profondes où il vit. Chaque jour, pour subvenir à ses besoins, il doit ingérer l’équivalent de 10% de son poids en herbes marines et en algues. C’est une vie passée à brouter, paisiblement, les prairies sous-marines.
le lamantin, et son étonnant colocataire
Les eaux où vivent les lamantins abritent aussi l’un des plus redoutables prédateurs : l’alligator. On pourrait s’attendre à une cohabitation tendue. Il n’en est rien. Les scientifiques rapportent que les deux espèces coexistent pacifiquement. Des alligators ont été vus nageant juste à côté des lamantins, ou se laissant même gentiment bousculer par les paisibles herbivores. Il semblerait que le lamantin ne figure tout simplement pas au menu de l’alligator. Une trêve inattendue.
le grizzli
Ce n’est pas une illusion d’optique : le grizzli a bien une bosse proéminente sur le dos. Il ne s’agit pas d’une malformation ou d’une réserve de graisse, mais d’une puissante masse de muscles ancrée à sa colonne vertébrale. Cette musculature surdéveloppée lui confère une force prodigieuse pour creuser le sol à la recherche de racines ou pour déterrer les tanières de petits mammifères.
le tigre
On sait que les rayures du tigre sont aussi uniques qu’une empreinte digitale, un camouflage parfait pour se fondre dans les hautes herbes. Ce que l’on sait moins, c’est que ce motif n’est pas seulement capillaire. Si l’on rasait un tigre, on retrouverait exactement les mêmes rayures sur sa peau. Un tatouage naturel qui rappelle la fragilité de l’espèce : le tigre de Sumatra, par exemple, pourrait disparaître de notre vivant.
la girafe
Ce doux géant des savanes africaines, qui peut atteindre 6 mètres de haut, possède une langue d’une couleur surprenante : un bleu-noir presque violet. Si aucune certitude n’existe, les scientifiques avancent une hypothèse plausible. Cette forte concentration en mélanine protègerait cet organe, constamment exposé lors de la récolte des feuilles d’acacia, des violents coups de soleil de la plaine africaine.
le chien
Vous rentrez après une absence plus longue que d’habitude et vous jurez que votre chien vous fait une fête plus exubérante. Vous n’imaginez rien. S’il ne peut pas lire l’heure, le chien a une perception fine du passage du temps. Il ne compte pas les heures, mais il est sensible aux routines et à la dégradation des odeurs. Votre odeur, par exemple, s’estompe dans la maison au fil de la journée. Une odeur plus faible signifie une absence plus longue.
le rhinopithèque de birmanie
Dans un monde où les espèces disparaissent, chaque découverte est une célébration. Celle du rhinopithèque de Birmanie en est une, teintée d’une pointe de comédie. Ce singe, découvert récemment, a été surnommé le « singe qui éternue ». La raison ? Son nez est tellement retroussé que lorsque la pluie tombe, l’eau s’y accumule, le forçant à éternuer pour l’évacuer. Pour éviter ce désagrément, il passe les jours de pluie la tête entre les genoux.
le rhinocéros
Contrairement à celles de la plupart des animaux, la corne du rhinocéros n’est pas faite d’os. Des chercheurs de l’Université de l’Ohio ont confirmé qu’elle est composée à 100% de kératine, la même protéine que nos cheveux et nos ongles. Sa solidité vient de dépôts de calcium en son cœur, tandis que la mélanine la protège des UV. C’est l’usure naturelle, le soleil et les combats qui lui donnent, avec le temps, sa forme pointue emblématique.
la pieuvre
Pourquoi se contenter d’un seul cœur ou d’un seul cerveau ? La pieuvre, créature des profondeurs, en possède respectivement trois et neuf. Deux cœurs pompent le sang vers les branchies, le troisième irrigue le reste du corps. Quant aux cerveaux, il y en a un central et huit autres, plus petits, situés à la base de chaque bras. Ces cerveaux secondaires permettent aux tentacules d’agir de manière autonome, de prendre leurs propres « décisions » sans consulter la tour de contrôle principale.
la grenouille des bois
Pour un mammifère, geler est synonyme de mort. Pour la grenouille des bois d’Alaska, c’est une stratégie de survie. Durant les hivers les plus rudes, elle se laisse littéralement congeler. Les deux tiers de l’eau de son corps se transforment en glace, son cœur s’arrête, sa respiration cesse. Elle entre dans un état de stase. Au printemps, elle dégèle et reprend le cours de son existence comme si de rien n’était. Une prouesse cryogénique naturelle.
la mouche domestique
Elle n’a pas de cordes vocales, comme tous les insectes. Pourtant, la mouche domestique produit un son bien reconnaissable. Ce bourdonnement est le résultat de ses battements d’ailes, à une fréquence de 200 fois par seconde. Des ingénieurs ont calculé que cette fréquence correspond, pour notre oreille, à une note sur la gamme de Fa majeur. Le son d’un été agaçant a donc sa propre tonalité musicale.
l'hippopotame
Comme la girafe, l’hippopotame doit se protéger du puissant soleil africain. Il passe ses journées dans l’eau. Mais il a une autre astuce : il ne transpire pas, il sécrète un fluide huileux rougeâtre que l’on a longtemps appelé « sueur de sang ». Ce n’est ni du sang, ni de la sueur. Selon Scientific American, ce liquide est un hydratant, un antibiotique et un écran solaire tout-en-un. Une crème protectrice multifonction produite par le corps lui-même.
le zèbre
Pourquoi ces rayures si voyantes dans la savane ? Elles sont bien un camouflage, mais un camouflage de rupture. Les lignes brisent la silhouette de l’animal, le rendant plus difficile à distinguer pour un prédateur dans le jeu d’ombres et de lumières des hautes herbes. Mais une étude publiée dans PLOS One a révélé une autre fonction : les rayures perturbent la vision des taons et autres mouches piqueuses, qui peinent à se poser sur une surface aussi contrastée.
le colibri
Avec jusqu’à 80 battements d’ailes par seconde, le colibri est un virtuose du vol, se déplaçant si vite qu’il en devient une tache iridescente. Ses ailes ne lui permettent pas seulement d’avancer ou de faire du surplace. C’est le seul oiseau au monde capable de voler délibérément en marche arrière, sans l’aide du vent. Une manœuvre d’une complexité aérodynamique inouïe, qui lui permet de se dégager des fleurs après avoir bu leur nectar.
le flamant rose
C’est un fait si contre-intuitif qu’il mérite d’être répété : les flamants roses ne naissent pas roses, mais gris. Ils le resteraient toute leur vie sans leur régime alimentaire très spécifique, composé de crevettes et d’algues bleu-vert. Ces aliments sont riches en pigments caroténoïdes, notamment la canthaxanthine. Ingéré en grande quantité, ce colorant naturel s’accumule progressivement dans les plumes, leur donnant leur teinte rose si caractéristique. On est ce que l’on mange, littéralement.
la crevette
La crevette est une petite bizarrerie de l’évolution. Dix pattes, un exosquelette… et une anatomie interne pour le moins centralisée. L’essentiel de ses organes vitaux – non seulement le cerveau, mais aussi le cœur, l’estomac et les organes reproducteurs – sont tous situés dans sa tête, ou plus précisément dans son céphalothorax. Une organisation corporelle compacte et pour le moins originale.
la phrygane
Cet insecte aux allures de papillon de nuit, qui vit près des points d’eau douce, est un architecte-né. Dès le stade larvaire, il se construit une maison protectrice sur mesure. À l’aide d’une « soie » qu’il produit lui-même, il assemble de petits éléments de son environnement – grains de sable, brindilles, petits cailloux – pour former un étui tubulaire ou conique. Un fourreau qu’il agrandit au fur et à mesure de sa croissance. Un bricolage naturel fascinant.
la vache
Elle meugle, elle broute, elle donne du lait. Et elle se fait des amies. Une étude de l’Université de Northampton a montré que les vaches tissent des liens sociaux forts et peuvent avoir des « meilleures amies ». La simple présence de cette congénère préférée suffit à réduire leur rythme cardiaque et leur niveau de stress. La séparation, en revanche, est une source d’anxiété. L’amitié, un besoin qui dépasse largement le cercle humain.
l'escargot
On connaît surtout sa lenteur et sa bave, qui laisse une trace brillante sur son passage. Mais ce mucus, qui a longtemps rebuté, intéresse de plus en plus les chercheurs. Il posséderait des propriétés antioxydantes et régénérantes surprenantes, agissant comme un cicatrisant naturel. L’industrie cosmétique s’en est d’ailleurs emparée. Qui aurait cru que la clé d’une peau régénérée se trouvait dans le sillage d’un gastéropode ?
le manchot adélie
Oubliez la bague en diamant. Pour séduire sa belle, le manchot Adélie mâle part en quête du caillou parfait. Il le choisit avec soin et le dépose aux pattes de l’élue de son cœur. Ce cadeau n’est pas que symbolique, il est aussi éminemment pratique. Les manchots Adélie construisent leurs nids avec des centaines de ces cailloux, surélevant ainsi les œufs pour les protéger de la fonte des neiges et des eaux glacées.
le manchot empereur
Il y a quelque chose de joyeux à voir un groupe de manchots s’élancer hors de l’eau pour atterrir sur la banquise. Ce saut puissant n’est pas dû qu’à la force de leurs pattes. Juste avant de jaillir, le manchot empereur relâche des bulles d’air emprisonnées dans son plumage. Ces bulles forment une fine couche autour de son corps qui agit comme un lubrifiant, réduisant la friction avec l’eau et lui permettant de s’éjecter à une vitesse surprenante.
le manchot, et sa mue spectaculaire
Même les animaux les plus adorables ont leurs moments difficiles. Une fois par an, les manchots traversent ce que les scientifiques appellent une « mue catastrophique ». Le terme n’est pas exagéré. Ils perdent toutes leurs plumes en même temps. N’étant plus imperméables, ils sont contraints de rester à terre, incapables de nager ou de pêcher. Ils jeûnent pendant les deux à trois semaines nécessaires à la repousse de leur nouveau plumage.
l'écureuil
Il a pillé vos bulbes de tulipes, déterré vos semis pour cacher ses noisettes et terrorisé les oiseaux à la mangeoire. Et pourtant, ce petit délinquant des jardins a un cœur grand comme ça. Des observations répétées ont montré que les écureuils n’hésitent pas à adopter des oisillons… pardon, des bébés écureuils orphelins, les intégrant à leur propre portée et les élevant comme les leurs. Une solidarité inattendue.
le macaque
Les vidéos font fureur sur internet : des macaques au Japon qui font les poches des touristes pour leur voler des pièces de monnaie. Ce n’est pas de la simple kleptomanie. C’est de l’intelligence pratique. Ces singes malins ont appris à identifier les pièces et se dirigent ensuite tout droit vers les distributeurs automatiques pour s’acheter une boisson ou un en-cas. Le crime, ici, paie en nature.
le panda géant
Précisons d’abord une bonne nouvelle : le panda n’est plus « en danger » mais classé « vulnérable », un progrès notable. Ensuite, corrigeons une idée reçue. Si le bambou constitue 99% de son régime alimentaire, le panda géant est en réalité un omnivore. Lorsque l’occasion se présente, il ne dédaigne pas de compléter son menu avec de petits animaux ou des poissons. Un flexitarisme de nécessité.
le vautour
Il nettoie nos routes des carcasses, nous rendant un service écologique essentiel. Mais le vautour a des habitudes peu compatibles avec nos codes sociaux. Dépourvu de glandes sudoripares, il doit trouver un autre moyen de se rafraîchir sous un soleil de plomb. Sa technique, décrite par le Smithsonian Magazine, est radicale : il défèque sur ses propres pattes. L’évaporation de l’urine liquide a le même effet que la sueur.
le mouton
Derrière son apparence placide et sa laine abondante, le mouton cache un atout visuel de taille. Ses pupilles sont rectangulaires. Cette forme étrange lui confère un champ de vision panoramique exceptionnel, proche de 320 degrés (contre 180 pour l’homme), ainsi qu’une excellente perception de la profondeur. Essayez donc de vous approcher d’un mouton par surprise…
la chèvre
La chèvre n’est pas en reste en matière de particularités. D’abord, elle n’a pas de dents sur la mâchoire supérieure. Ensuite, des études ont montré qu’elle pouvait avoir des « accents » dans ses bêlements, qui varient d’un groupe à l’autre. Enfin, une espèce particulière, la chèvre myotonique, a la caractéristique de voir ses muscles se figer sous l’effet de la peur, la faisant basculer comme si elle s’évanouissait.
la poule
Nous ne sommes pas les seuls à rêver. Les poules connaissent elles aussi le sommeil paradoxal (REM sleep), la phase durant laquelle les rêves sont les plus fréquents. Mais ce n’est pas tout. Elles pratiquent aussi le sommeil lent uni-hémisphérique, comme les baleines. Elles peuvent ainsi dormir d’un œil, ou plutôt d’un hémisphère cérébral, tout en gardant l’autre en alerte pour surveiller les prédateurs.
le raton laveur
C’est agaçant de le retrouver en train de fouiller les poubelles. Mais il faut reconnaître à ce chapardeur masqué une certaine sophistication. Des observateurs ont été témoins d’un comportement qui a donné son nom à l’animal : il « lave » sa nourriture. En réalité, il ne la nettoie pas. Ses pattes sont extrêmement sensibles, et l’eau augmente leur sensibilité tactile, lui permettant de mieux « sentir » et identifier ce qu’il s’apprête à manger.
la sangsue
Rares sont ceux qui apprécient ce ver prédateur. Et pour cause. Selon le Muséum américain d’histoire naturelle, la sangsue ne possède pas une, mais trois mâchoires, chacune armée d’une cinquantaine de dents. Chaque mâchoire effectue un mouvement de scie pour pratiquer une incision distincte dans la peau, créant une plaie en forme de Y. Une efficacité chirurgicale au service d’un seul but : aspirer votre sang.
l'abeille
Dans la ruche, les tâches sont multiples : nettoyage, garde, nourrissage des larves, collecte du pollen… Des scientifiques de l’Université de l’Illinois ont découvert que les abeilles ont des « personnalités » qui les prédisposent à certains rôles. Les plus aventureuses, les « têtes brûlées », excellent dans l’exploration et la recherche de nouveaux sites pour la colonie, tandis que d’autres, plus réservées, préfèrent les tâches domestiques.
le corbeau
Comment ouvrir une noix quand on n’a qu’un bec ? Les corbeaux du Japon ont trouvé la solution. Ils déposent les noix sur la route, au milieu du trafic, et attendent que les voitures roulent dessus pour les casser. Le plus stupéfiant, selon un reportage de PBS, c’est qu’ils semblent avoir appris à lire les feux de circulation : ils déposent les noix au feu rouge et viennent récupérer leur butin en toute sécurité lorsque les voitures sont à l’arrêt. L’intelligence urbaine à son paroxysme.
un monde à réapprendre
Du chromosome au comportement, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, chaque animal est un univers de complexité. Ces 60 facettes ne sont pas de simples curiosités à ressortir lors d’un dîner. Elles sont des fenêtres ouvertes sur des millions d’années d’évolution, de lutte et d’adaptation. Elles nous rappellent que l’intelligence n’est pas l’apanage de l’homme, que la communication prend des formes insoupçonnées et que la survie est la plus grande des forces créatrices.
Peut-être que la plus grande leçon est celle de l’humilité. Face à la grenouille qui gèle pour revivre, à la baleine qui ne dort qu’à moitié ou au corbeau qui utilise nos propres outils contre nous, nous réalisons l’étendue de notre ignorance. Le monde animal n’est pas un livre ouvert, mais une bibliothèque dont nous commençons à peine à déchiffrer les titres. Apprendre à le lire, c’est aussi apprendre à le respecter.
Selon les sources : rd.com
- Smithsonian National Zoo & Conservation Biology Institute: “Happy Asian Elephant Awareness Month”
- WWF Australia: “Platypus”
- San Diego Zoo: “Honey Badger”
- Minnesota Zoo: “Bactrian Camel”
- San Diego Zoo: “Butterfly, Moth and Skipper”