Ces morceaux de plastique qui s’invitent dans notre cerveau : faut-il s’inquiéter ?
Auteur: Mathieu Gagnon
On nous parle tout le temps de ce fameux plastique. Il est dans nos emballages, dans nos objets du quotidien… Mais figurez-vous qu’on en retrouve aussi des morceaux minuscules, invisibles à l’œil nu, un peu partout dans la nature. On appelle ça des microplastiques. Et le plus troublant, c’est qu’ils ne restent pas dehors. Ils entrent dans notre corps, et des chercheurs en ont même retrouvé… dans notre cerveau.
Alors, la question que tout le monde se pose est simple : est-ce que c’est dangereux ? Pour l’instant, les experts sont prudents, mais ils cherchent activement des réponses. C’est un sujet tout neuf et les découvertes se succèdent, nous allons essayer d’y voir plus clair ensemble.
Le plastique est absolument partout
C’est assez incroyable quand on y pense. Ces petits bouts de plastique ont été découverts aux quatre coins du monde. Du sommet de l’Everest jusqu’au plus profond des océans. Ils flottent dans l’air qu’on respire et se cachent dans la nourriture que nous mangeons.
Mais ce n’est pas tout. Ils ont aussi été trouvés à l’intérieur de nos propres corps. On en a vu dans les poumons, le cœur, et même dans le placenta des femmes enceintes. La découverte la plus récente et peut-être la plus inquiétante, c’est que ces particules sont capables de franchir la barrière qui protège notre cerveau, qu’on appelle la barrière hémato-encéphalique. C’est devenu un enjeu si important que les dirigeants du monde entier en discutent pour tenter de créer un traité mondial contre la pollution plastique.
L'équivalent d'une cuillère en plastique dans nos têtes ?
Une étude a particulièrement fait parler d’elle en début d’année. Des scientifiques américains ont analysé des tissus cérébraux de personnes décédées. Ils ont comparé des échantillons de 2016 avec d’autres de l’année dernière. Leur constat est sans appel : la quantité de microplastiques dans les cerveaux a augmenté avec le temps.
Pour nous donner une idée, le chercheur principal a utilisé une image choc : ils auraient détecté l’équivalent d’une cuillère en plastique de microplastiques dans les cerveaux. Une autre comparaison parlait de la quantité de plastique contenue dans un crayon de cire. C’est une image qui marque, c’est certain.
Calmons-nous, disent d'autres scientifiques
Face à ces annonces, d’autres experts ont vite appelé au calme. Ils nous rappellent que cette étude, bien qu’intéressante, a été réalisée sur un petit nombre de personnes. Il faut donc être prudent avant de tirer des conclusions trop hâtives.
Un professeur de chimie, Oliver Jones, a même trouvé « assez improbable » que nos cerveaux puissent contenir plus de plastique que ce qu’on trouve dans les eaux usées, comme l’étude le suggérait. Il a aussi souligné un point important : les personnes étudiées étaient en parfaite santé avant de mourir. Pour l’instant, même si ces plastiques sont bien là, il n’y a aucune preuve formelle qu’ils nous font du mal. C’est un grand « si », comme il le dit lui-même.
Un lien possible avec les maladies du cœur
Même si on ne peut pas affirmer que les microplastiques causent directement des maladies, d’autres recherches ont montré des liens troublants. Une étude publiée dans un grand journal de médecine a suivi des patients qui avaient une maladie bouchant les artères.
Les chercheurs ont découvert que les patients qui avaient des microplastiques accumulés dans leurs vaisseaux sanguins avaient un risque plus élevé de faire une crise cardiaque, un AVC ou d’en mourir. Attention, cela ne veut pas dire que le plastique est la cause directe. C’est une observation, un lien. C’est un peu comme remarquer qu’il y a plus de rhumes en hiver, sans dire que le froid est la seule cause de la maladie.
Les expériences sur les souris nous apprennent quoi ?
Pour essayer de comprendre les effets directs, les scientifiques font des expériences sur des animaux. Une étude menée sur des souris a montré que les microplastiques pouvaient se loger dans leur cerveau. Chez ces souris, cela a provoqué de rares caillots sanguins en bloquant certaines cellules.
Cependant, les chercheurs insistent sur un point essentiel : les souris sont très différentes des êtres humains. Ce qui se passe chez elles ne se produit pas forcément de la même manière chez nous. C’est une piste, mais il faut rester très prudent avec ces résultats.
Conclusion : Agir maintenant, même sans certitudes absolues
Alors, que retenir de tout ça ? Oui, il y a très probablement des microplastiques dans notre cerveau. Non, pour l’instant, personne ne peut dire avec certitude si cela nous rend malades. L’Organisation Mondiale de la Santé elle-même a déclaré en 2022 que les « preuves sont insuffisantes pour déterminer les risques pour la santé humaine ».
Pourtant, de plus en plus de voix s’élèvent pour dire qu’on ne peut pas se permettre d’attendre d’avoir toutes les réponses. C’est le fameux « principe de précaution ». Un rapport récent le dit clairement : il faut agir maintenant pour limiter notre exposition, avant que cela ne devienne une véritable crise de santé publique. Et c’est d’autant plus urgent que la production mondiale de plastique a doublé depuis l’an 2000 et devrait encore tripler d’ici 2060. Une chose est sûre, ce n’est que le début de ce que nous allons découvrir sur ce sujet.
Selon la source : sciencealert.com