Le rôle de la dopamine dans l’apprentissage pourrait être plus étendu qu’on ne le pensait
Auteur: Mathieu Gagnon
Une nouvelle étude montre que cette substance ne se contente pas de nous donner du plaisir. Non, elle jouerait un double jeu bien plus complexe dans notre façon d’apprendre. C’est une histoire qui pourrait bien changer notre regard sur le fonctionnement de notre mémoire et de nos habitudes.
Les deux moteurs de notre apprentissage
Le premier, c’est un peu comme un moteur diesel, lent mais endurant. Les scientifiques l’appellent l’apprentissage par renforcement. C’est l’apprentissage par essais et erreurs. Vous vous souvenez quand vous avez appris à faire du vélo ? Vous tombiez, puis vous trouviez l’équilibre, et à force de répéter, c’est devenu un réflexe. Ce système est lent à démarrer, mais une fois que c’est appris, c’est gravé pour de bon.
Le deuxième moteur est un turbo, ultra-rapide mais qui consomme beaucoup. C’est la mémoire de travail. C’est comme un petit bloc-notes dans votre tête. On vous donne une adresse, vous la gardez en tête le temps de la noter, puis pouf, elle disparaît. C’est très rapide et flexible, mais ça demande un effort mental et on ne peut pas y noter mille choses à la fois.
La dopamine, ce chef d'orchestre méconnu
On savait déjà qu’elle était essentielle pour graver les leçons de l’apprentissage lent, celui par essais et erreurs. Mais on soupçonnait aussi qu’elle donnait un coup de pouce à notre « bloc-notes » mental, peut-être en rendant l’effort moins pénible. Le grand défi pour les scientifiques était de comprendre comment démêler ces deux effets. Est-ce que plus de dopamine nous rend meilleurs pour former des habitudes, ou est-ce que ça nous aide simplement à utiliser notre mémoire rapide pour ne pas avoir à passer par la case « apprentissage lent » ?
Une expérience pour percer le secret
En parallèle, ils ont mesuré le niveau de dopamine naturel de chaque personne avec des techniques d’imagerie cérébrale. Et pour couronner le tout, ils ont donné aux participants, à différents moments, soit un placebo (une pilule sans effet), soit de la Ritaline (un médicament qui augmente la dopamine), soit du sulpiride (un médicament qui bloque la dopamine). De quoi observer en direct l’influence de cette fameuse substance.
Des résultats assez surprenants
Ensuite, l’effet des médicaments a tout changé. La Ritaline, qui augmente la dopamine, n’a pas vraiment boosté la mémoire rapide comme on aurait pu le croire. Non, au lieu de ça, elle a amélioré l’apprentissage lent, par essais et erreurs. Les gens apprenaient mieux et plus vite de leurs succès, comme si chaque bonne réponse était mieux « gravée » dans leur cerveau.
À l’inverse, le médicament qui bloque la dopamine a rendu le « bloc-notes » mental moins fiable. Les informations semblaient s’effacer plus vite. C’est la preuve que la dopamine joue bien sur les deux tableaux, mais pas de la même manière.
Et si l'effort n'était qu'une question de perception ?
Sauf pour ceux qui avaient pris de la Ritaline. Sous l’effet du médicament, cet effet disparaissait. La dopamine semblait donc rendre l’effort mental moins coûteux, moins pénible. Ce n’est pas seulement que l’on apprend mieux, c’est aussi que l’acte d’apprendre semble plus facile.
Conclusion : Un double rôle qui change tout
La dopamine nous aide à la fois à nous lancer dans des tâches difficiles grâce à notre mémoire de travail, mais elle renforce aussi, plus discrètement, notre apprentissage sur le long terme. Et en prime, elle semble alléger le poids de l’effort mental. Bien sûr, il reste des questions, mais c’est un grand pas pour comprendre non seulement notre propre cerveau, mais aussi des troubles où la dopamine est impliquée, comme le TDAH. C’est une belle leçon sur la complexité de la formidable machine que nous avons entre les deux oreilles.
Selon la source : psypost.org