Chikungunya : la Chine déploie drones, amendes et coupures d’électricité pour stopper le virus qui traverse ses frontières
Auteur: Simon Kabbaj
Un sentiment de déjà-vu. La Chine est en train de mener sa plus grande opération de confinement depuis le Covid-19. Mais cette fois, l’ennemi n’est pas un virus respiratoire, c’est le chikungunya, transmis par les moustiques. Pour le stopper, le pays emploie les grands moyens : drones de surveillance, pulvérisations massives d’insecticide, et même des coupures d’électricité pour les récalcitrants. Mais malgré ces mesures draconiennes, le virus a déjà traversé les frontières.
L'armée mobilisée contre les moustiques
Dans la province du Guangdong, l’épicentre de l’épidémie, la lutte contre les moustiques a pris des allures militaires. Des soldats parcourent les rues pour pulvériser de l’insecticide, tandis que des drones survolent les quartiers à la recherche de la moindre flaque d’eau stagnante, le lieu de reproduction favori des moustiques Aedes. Des témoins rapportent même que les gens sont aspergés de brouillard insecticide avant d’entrer dans certains bâtiments.
Des mesures coercitives : amendes et coupures d'électricité
Et le gouvernement ne plaisante pas. Les habitants qui ne nettoient pas les gîtes larvaires (comme les soucoupes de pots de fleurs) risquent de lourdes amendes allant jusqu’à 10 000 yuans (environ 1 400 dollars), voire des coupures d’électricité. Dans certains quartiers, des foyers ont déjà été privés de courant après avoir refusé les inspections. Les autorités menacent même de poursuites pénales pour « obstruction à la prévention des maladies infectieuses ».
Un air de 'zéro Covid'
Ces tactiques rappellent étrangement les méthodes utilisées pendant la pandémie. Le gouvernement parle même d’atteindre le « zéro chikungunya », un objectif qui fait écho à la fameuse stratégie du « zéro Covid ». Les déclarations officielles évoquent une « campagne de santé publique patriotique » qui fait passer le confinement rapide avant les libertés individuelles. Les patients sont même gardés une semaine à l’hôpital sous des moustiquaires, alors même que le virus ne se transmet pas entre humains.
L'épidémie saute les frontières
Malgré cette réponse musclée, le virus s’est déjà échappé. Avec plus de 7 000 personnes infectées dans le Guangdong, c’est la plus grande épidémie de chikungunya que la Chine ait connue. Des cas liés à cette épidémie sont apparus à Hong Kong et Macao. Le virus a même voyagé jusqu’en Europe : la France a signalé 30 cas locaux cette année, et l’Italie un cas. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies craint que cela ne marque le début d’une transmission plus large sur le continent.
Des avertissements aux voyageurs dans le monde entier
Ce qui a commencé comme une crise locale à Foshan, une ville de 10 millions d’habitants, a rapidement conduit à des avertissements internationaux pour les voyageurs. Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) des États-Unis ont émis une alerte de niveau 2 pour le Guangdong, conseillant aux visiteurs de prendre des précautions supplémentaires contre les piqûres de moustiques. C’est la première fois que la Chine fait face à de telles restrictions liées à une maladie transmise par les moustiques.
Une réponse 'draconienne' qui divise les experts
Cette réponse musclée divise les experts en santé. Le Dr Marc Siegel, un analyste médical, la qualifie de « très restrictive et draconienne » et doute de son efficacité. D’autres, comme le Dr Yanzhong Huang, soulignent que la Chine a de bonnes raisons d’agir fermement. Le chikungunya est rare dans le pays, donc la population n’a aucune immunité. De plus, les deux vaccins qui existent ailleurs ne sont pas disponibles en Chine. La prévention reste donc le seul outil.
Conclusion : un avant-goût des futures crises sanitaires ?
Selon la source : theheartysoul.com