Chrysalide, le vaisseau-monde conçu pour un voyage de 400 ans vers Alpha du Centaure
Auteur: Simon Kabbaj
Partir pour un voyage vers les étoiles, en sachant que vous ne verrez jamais la destination. L’espace est si grand, en fait, que si vous partiez aujourd’hui pour le système solaire le plus proche, vous seriez mort de vieillesse bien avant d’arriver. C’est le défi fou que les auteurs de science-fiction explorent depuis des décennies avec le concept de « vaisseau générationnel ». Et aujourd’hui, des scientifiques ont conçu un projet bien réel, baptisé Chrysalide, un vaisseau-monde pensé pour un voyage de plus de 400 ans.
Le projet Hyperion : quand la science-fiction inspire les scientifiques
Ce projet n’est pas sorti de nulle part. Il est le grand gagnant d’un concours, le Projet Hyperion, qui demandait à des équipes de scientifiques de concevoir, de manière pratique, un vaisseau générationnel capable d’emmener des humains vers une planète habitable. L’équipe gagnante est allée encore plus loin, en imaginant un vaisseau capable d’emmener des milliers de personnes vers Alpha du Centaure, notre plus proche voisine stellaire.
Chrysalide : un simple tube pour un voyage complexe
De l’extérieur, Chrysalide a un design d’une simplicité déconcertante : c’est un gigantesque tube. Rien à voir avec les vaisseaux complexes de Star Trek. Mais cette forme a une raison bien précise : la sécurité. Sa forme cylindrique est la meilleure pour minimiser les contraintes sur la structure pendant les longues phases d’accélération et de décélération. Et quand on dit gigantesque, on pèse nos mots : le vaisseau mesurerait plus de 58 kilomètres de long et pèserait 2,4 milliards de tonnes !
Comment ne pas devenir tout flagada ? La gravité artificielle
Vivre des générations sans gravité ? C’est un aller simple pour des problèmes de santé majeurs. Pour contrer cela, l’intérieur du vaisseau serait composé de coques rotatives. La force centrifuge créée par la rotation simulerait la gravité, un peu comme l’eau dans le seau que vous faites tourner au-dessus de votre tête. Mais pour que cela soit confortable, il faut que le vaisseau soit très grand et qu’il tourne très lentement. Sinon, vous auriez une différence de gravité entre la tête et les pieds, ce qui n’est pas très agréable.
Où et comment construire un tel monstre ?
On ne construit pas un tel mastodonte sur Terre. Les concepteurs proposent de l’assembler au Point de Lagrange L1, un endroit stable entre la Terre et la Lune où les forces de gravité s’équilibrent. La NASA décrit ces points comme des « places de parking » dans l’espace. La construction prendrait entre 20 et 25 ans. Une paille, quand on sait que le voyage durera des siècles.
Le plus grand défi : se préparer à l'isolement
Mais le plus grand défi n’est pas technique, il est humain. Comment préparer une société à vivre coupée du reste de l’humanité pendant des siècles ? L’équipe a une idée radicale. Avant même le lancement, la première génération de voyageurs devrait passer 70 à 80 ans en Antarctique, dans un environnement isolé, pour s’adapter et développer une culture de la résilience et de l’autonomie. C’est la préparation psychologique qui serait la clé du succès de la mission.
Les enfants du cosmos : voudront-ils seulement atterrir ?
Et c’est là que les questions les plus fascinantes se posent. Que signifierait le fait d’arriver sur une nouvelle exoplanète, un voyage commencé par vos lointains ancêtres ? Les concepteurs se demandent si les générations futures, habituées à la vie dans l’espace, ne trouveront pas l’idée d’atterrir sur une planète « sans intérêt ». Ils ne se verront peut-être plus comme des humains de la Terre, mais comme des « créatures du cosmos », nées de la symbiose entre les humains, la technologie et l’intelligence artificielle. Leur maison, ce serait le vaisseau.
Conclusion : un rêve de papier, mais un rêve qui fait avancer
Selon la source : iflscience.com
Source : canva.com