Cibler une seule hormone pourrait aider à traiter 40 % des cas de diarrhée chronique
Auteur: Mathieu Gagnon
Vivre avec une diarrhée chronique, c’est un quotidien épuisant et souvent rempli d’incompréhension. Des millions de personnes souffrent du syndrome de l’intestin irritable avec diarrhée (SII-D), un mal qui gâche la vie sans qu’on en trouve toujours la cause exacte. Mais voilà qu’une nouvelle étude vient de mettre le doigt sur ce qui pourrait être un déclencheur majeur. C’est une véritable lueur d’espoir pour tous ceux qui se sentent démunis face à ce problème.
Cette avancée pourrait bien changer la donne et ouvrir la voie à des traitements enfin efficaces.
Le coupable identifié : une hormone qui sème la zizanie
Des chercheurs ont mené l’enquête et ils pensent avoir trouvé le grand responsable. Il s’agit d’une hormone, une sorte de messager dans notre corps, appelée peptide 5 analogue à l’insuline (ou INSL5). Ne vous inquiétez pas pour ce nom compliqué. Ce qu’il faut retenir, c’est que cette hormone serait directement liée aux symptômes de la diarrhée.
Selon les scientifiques, elle serait en cause dans environ deux cas sur cinq de SII-D. C’est énorme ! Cela veut dire que pour près de la moitié des personnes concernées, on a peut-être enfin une explication claire.
Mais que se passe-t-il exactement dans notre ventre ?
Pour faire simple, imaginez que notre système digestif est une route bien organisée. Pour bien digérer, notre corps utilise des ‘acides biliaires’. Normalement, ces acides travaillent dans la première partie de l’intestin. Mais parfois, à cause d’un petit dérèglement, ils se perdent et continuent leur chemin beaucoup plus bas, jusqu’au gros intestin (le côlon), là où ils ne devraient pas être.
Quand le corps détecte ces acides au mauvais endroit, il panique un peu. Il se dit qu’il y a un intrus et, pour s’en débarrasser au plus vite, il libère massivement cette fameuse hormone INSL5. C’est cette libération qui déclenche la diarrhée, comme une chasse d’eau pour nettoyer le système.
Un mécanisme de défense qui devient un problème
On pourrait penser que cette hormone est notre ennemie, mais ce n’est pas tout à fait ça. À la base, elle essaie de nous protéger. C’est un peu comme une alarme incendie. Elle détecte quelque chose d’anormal (les acides biliaires au mauvais endroit) et tire la sonnette d’alarme pour que le corps évacue le ‘danger’.
Le vrai problème, c’est quand cette alarme se déclenche sans arrêt. Si les acides biliaires se retrouvent constamment dans le côlon, l’alarme sonne en permanence, et la diarrhée devient alors chronique et très pénible.
Pourquoi les traitements habituels ne marchaient pas toujours
Si vous souffrez de ce mal, vous avez sûrement déjà tout essayé : changer d’alimentation, chercher des intolérances, vérifier s’il n’y a pas une infection… C’est ce que les médecins faisaient, et c’était tout à fait logique. Mais comme le dit le chercheur principal de l’étude, Chris Bannon, on s’est beaucoup concentré sur les bactéries de l’intestin, mais on a un peu oublié ces fameuses hormones intestinales.
Cette découverte explique enfin pourquoi tant de médicaments et de régimes n’avaient aucun effet pour certaines personnes : ils ne s’attaquaient tout simplement pas à la bonne cause.
Mieux comprendre pour mieux soigner
Cette avancée aide aussi à faire la différence entre le syndrome de l’intestin irritable (SII-D) et une autre maladie qui lui ressemble beaucoup, la diarrhée par acides biliaires (DAB). Jusqu’à présent, c’était difficile de les distinguer, et beaucoup de gens étaient diagnostiqués ‘intestin irritable’ un peu par défaut.
Maintenant, les médecins espèrent pouvoir repérer plus facilement cette maladie et ainsi proposer des traitements qui ciblent vraiment la cause du problème, au lieu de juste soulager les symptômes.
Et maintenant ? Un espoir de diagnostic et de traitement
La meilleure nouvelle dans tout ça, c’est ce que l’avenir nous réserve. Maintenant que l’on connaît le rôle de l’hormone INSL5, les chercheurs peuvent développer des médicaments pour la bloquer. Il y a déjà une piste intéressante : un médicament contre la nausée, l’ondansétron, a déjà montré des signes positifs chez certains patients.
Et ce n’est pas tout. Cette découverte pourrait mener à quelque chose de très simple et pratique : un test sanguin pour mesurer le niveau de l’hormone INSL5. Imaginez : une simple prise de sang pourrait suffire pour enfin savoir ce qui se passe et obtenir le bon diagnostic. Ce serait une révolution pour des millions de personnes.
Conclusion : une page se tourne pour les malades
En résumé, cette découverte est bien plus qu’une simple information scientifique. C’est un véritable tournant pour toutes les personnes qui endurent ce mal en silence depuis des années. Savoir qu’on n’a pas ‘ça dans la tête’ et qu’il y a une vraie raison biologique à leur souffrance est déjà un immense soulagement.
Le chemin vers un médicament parfait est peut-être encore un peu long, mais une porte vient de s’ouvrir. La science avance, et l’espoir de retrouver une vie normale est aujourd’hui plus concret que jamais.
Selon la source : sciencealert.com