Attention : 6 choses qu’il ne faut surtout pas laisser sécher à l’air libre (voici ce qui peut arriver)
Auteur: Adam David
Il y a une image d’Épinal, presque un souvenir universel : l’odeur du linge séché au grand air, un parfum de propre, de soleil et de vent. Pendant des siècles, le fil à linge a été le seul maître du séchage, un rituel lent et respectueux. Puis la modernité est arrivée, avec son vrombissement pressé, nous promettant des serviettes douces et des couettes sèches en moins d’une heure. On a cru le choix simple : l’air libre pour l’écologie et la délicatesse, la machine pour la vitesse et le pratique.
Pourtant, cette dichotomie est un leurre. Dans les arcanes du soin du linge, des règles plus subtiles et contre-intuitives existent. L’idée que le séchage à l’air est une panacée universelle est une erreur qui peut coûter cher à nos vêtements préférés. Pour y voir plus clair, nous avons interrogé Jerry Pozniak, directeur général de Jeeves New York, une institution du nettoyage de luxe qui, depuis plus de quarante ans, murmure à l’oreille des textiles les plus précieux. Ce qu’il révèle pourrait bien changer à jamais votre façon de vider votre machine à laver.
les serviettes et tapis de bain
C’est peut-être le premier réflexe que l’on voudrait déconstruire. Pourquoi ne pas laisser une serviette sécher à l’air ? Après tout, elle est conçue pour ça. « Il n’y a aucun avantage pratique, et ce serait même un inconvénient en termes de temps et d’espace », tranche Jerry Pozniak. Le principal problème n’est pas seulement l’attente interminable, mais la texture. Le séchage en machine, par son action de culbutage, assouplit les fibres. À l’air libre, une serviette peut devenir rêche, cartonneuse, perdant tout son pouvoir réconfortant. Le gain écologique est ici annulé par la perte de confort. Le conseil de l’expert : un séchage à température moyenne ou basse, plus long mais garant d’une douceur préservée.
les couvertures et couettes
La logique est la même que pour les serviettes, mais à une échelle supérieure. Le séchage de ces pièces volumineuses relève du casse-tête logistique. « Où pourriez-vous bien l’étendre ? », s’amuse Pozniak. À moins de disposer d’un jardin et d’une installation de western, l’opération est périlleuse. Suspendre une couette humide à l’intérieur est le meilleur moyen de créer un microclimat humide, peu propice à un séchage homogène et rapide. Sans compter que dans un environnement urbain, c’est une invitation ouverte à la poussière et aux polluants. Pour ces poids lourds du linge, la puissance et l’espace d’une machine de laverie professionnelle sont souvent la seule solution viable.
les manteaux, surtout en duvet
Ici, le séchage à l’air libre n’est pas seulement déconseillé, il est destructeur. Particulièrement pour les vêtements contenant du duvet ou des alternatives synthétiques. « Vous avez absolument besoin de l’action de brassage du sèche-linge pour que l’air circule à travers les plumes », insiste Pozniak. Sans ce mouvement constant, l’humidité fait s’agglomérer le duvet en paquets compacts et durs. Le manteau perd alors son pouvoir isolant, son gonflant et son confort. Une fois ces amas formés, il est quasiment impossible de leur rendre leur forme initiale. Le sèche-linge, accompagné de quelques balles de séchage, n’est pas une option, c’est un impératif pour la survie de votre doudoune.
le denim
Le jean est une matière vivante, presque capricieuse. Son traitement dépend intimement de sa composition. Si un denim 100% coton peut parfois supporter un séchage à l’air, la majorité des jeans modernes contiennent de l’élasthanne. L’étiquette, « votre meilleure amie » selon Pozniak, recommande souvent un séchage doux en machine. Pourquoi ? Pour resserrer les fibres qui se détendent au lavage, permettant au jean de retrouver sa forme et de s’ajuster parfaitement à nouveau. Mais il y a un autre risque, plus insidieux : le « cassage » de la couleur. Lorsque le jean sèche plié sur un fil, l’eau s’écoule et la teinture, parfois fragile, peut créer des marbrures ou des lignes de décoloration disgracieuses aux pliures. Un séchage en machine, homogène, évite ce phénomène.
les tricots
C’est le piège classique. On pense protéger son pull en le laissant sécher naturellement. Or, de nombreux tricots, surtout en acrylique, deviennent incroyablement lourds une fois gorgés d’eau. Les suspendre verticalement, c’est condamner leurs fibres à un étirement irréversible. Les épaules se déforment, les manches s’allongent, et votre pull préféré finit en robe difforme. La méthode préconisée par les professionnels est un compromis : un séchage à plat sur une serviette propre jusqu’à ce que le vêtement soit sec à 90%, puis un passage rapide de quelques minutes au sèche-linge à basse température pour lui redonner sa souplesse et son moelleux. Le poids est ici l’ennemi numéro un.
les vêtements à ornements
Perles, sequins, broderies : ces détails précieux transforment un vêtement en bijou, mais aussi en cauchemar de séchage. Tout comme pour les tricots, le poids de l’eau combiné à celui des ornements peut exercer une tension fatale sur le tissu. Le risque de déchirure ou de distorsion est immense. Si vous avez lavé à la main une telle pièce, le séchage à plat est la seule option, en veillant à ce que l’air circule bien tout autour. « Gérer toutes ces règles peut vous rendre un peu fou », admet Pozniak. Pour les pièces de grande valeur, la sagesse commande souvent de confier le vêtement dans son intégralité à un professionnel. C’est parfois admettre que certaines batailles ne valent pas la peine d’être menées à la maison.
l'éloge de l'étiquette
Finalement, la leçon est simple : il n’y a pas de bonne ou de mauvaise méthode de séchage dans l’absolu. Il n’y a que des choix adaptés, ou non, à la nature du textile. La laine, le cachemire, la soie ou les vêtements de sport techniques, par exemple, ne devraient quasiment jamais voir l’intérieur d’un sèche-linge, la chaleur étant leur ennemie mortelle. L’art du soin du linge n’est pas une science exacte, mais plutôt un dialogue constant avec la matière. Avant de choisir entre le vent et la machine, le geste le plus important reste le même : prendre un instant pour lire l’étiquette. C’est là, dans ces quelques pictogrammes universels, que se trouve la clé pour que nos vêtements durent, non pas une saison, mais une vie. Et comme le rappelle Pozniak, rien ne remplace l’odeur d’un drap séché dehors. « C’est la façon la plus économique et écologique de sécher le linge, et puis… ça sent tellement bon. » Un plaisir simple, à condition de le réserver aux bons tissus.
Selon les sources : rd.com
Jerry Pozniak, directeur général de Jeeves New York et co-auteur de The Laundry Book ; interviewé en août 2025.