Un astéroïde pourrait-il rayer l’humanité de la carte ? La science a une réponse, et elle est nuancée
Auteur: Adam David
L’image d’un astéroïde géant s’écrasant sur la Terre relève souvent de la science-fiction hollywoodienne, un scénario catastrophe qui alimente nos angoisses collectives. Pourtant, le risque, bien que faible, est bien réel. Une étude récente vient de mettre des chiffres précis sur cette menace planétaire, et ses conclusions sont plus complexes qu’on pourrait le croire.
Une chance sur 11 000 : ce que disent les chiffres
Pour sortir du domaine de la pure spéculation, une équipe de physiciens menée par Carrie Nugent a voulu quantifier ce danger. En simulant les trajectoires de cinq millions d’objets célestes de plus de 140 mètres de diamètre naviguant près de la Terre, ils ont pu établir une fréquence. Leurs calculs, publiés dans *The Planetary Science Journal*, sont formels : en moyenne, un impact de cette ampleur se produirait une fois tous les 11 000 ans.
Pour donner un ordre d’idée, c’est statistiquement plus probable que de finir foudroyé ou d’être attaqué par un coyote. Cela reste un événement d’une rareté extrême à l’échelle d’une vie humaine, mais pas impossible à l’échelle de l’histoire de notre planète.
Un impact ne signifie pas forcément l'apocalypse
Mais que se passerait-il vraiment si un tel objet nous percutait ? Tout dépend de la taille de l’intrus, de sa vitesse, et surtout, de son point de chute. L’étude montre qu’un astéroïde de 140 à 200 mètres tombant dans l’océan ne ferait probablement aucune victime directe. En revanche, si ce même projectile venait à frapper une zone densément peuplée, les conséquences pourraient être dramatiques, affectant jusqu’à un million de personnes.
Ce n’est que pour les objets bien plus massifs que le scénario d’une catastrophe planétaire, avec des répercussions climatiques et globales, devient une possibilité sérieuse. La bonne nouvelle, c’est qu’ils sont aussi beaucoup plus rares.
La défense planétaire, notre assurance-vie cosmique
Loin de vouloir semer la panique, ces calculs servent avant tout d’argumentaire. L’objectif est de convaincre les décideurs politiques de l’importance d’une « défense planétaire » robuste, en finançant la détection précoce et, si nécessaire, les missions de déviation. On a vu que c’était possible.
La mission DART de la NASA, qui a réussi à dévier un astéroïde en 2022, a prouvé que l’humanité n’était plus une cible passive. C’était une sorte de billard cosmique réussi, une démonstration de force qui a changé la donne : nous pouvons désormais agir pour protéger notre planète.
2024 YR4, l'alerte qui a testé notre vigilance
Cette vigilance n’est pas théorique. L’histoire récente de l’astéroïde 2024 YR4 en est la preuve parfaite. Découvert il y a peu, cet objet de 40 à 90 mètres a d’abord suscité l’inquiétude : les premières estimations laissaient entrevoir un risque de collision avec la Terre en 2032. Une course contre la montre s’est engagée pour affiner sa trajectoire.
Grâce à des observations plus poussées, notamment avec le télescope spatial James Webb, la menace a été écartée. La probabilité d’impact est tombée à une chance sur 100 000. Le soulagement fut général, mais l’épisode a montré à quelle vitesse une menace peut émerger et, heureusement, être évaluée par la science.
regarder le ciel avec pragmatisme
Au final, le ciel ne nous tombera probablement pas sur la tête demain. L’étude de Carrie Nugent et de son équipe nous rappelle que nous vivons dans un univers où les orbites se croisent, mais que l’ignorance et l’impréparation sont nos seuls vrais ennemis. La surveillance constante du ciel est notre meilleur bouclier. C’est une invitation à lever les yeux, avec un mélange de fascination et de vigilance.
Selon la source : geo.fr