Un robot-utérus capable de mener une grossesse à terme. Ça ressemble à de la science-fiction pure et dure, n’est-ce pas ? Pourtant, une entreprise chinoise, Kaiwa Technology, a récemment fait les gros titres en affirmant avoir mis au point un tel robot. L’histoire s’est avérée être un canular, mais elle a ouvert la boîte de Pandore. Car même si la technologie n’est pas encore là, elle nous force à nous poser des questions vertigineuses. Et si on créait des robots capables de donner naissance à des humains ? Et si cela nous menait tout droit au futur apocalyptique décrit dans le roman Dune ?
Le faux scoop qui a semé le trouble
L’entreprise chinoise prétendait avoir un prototype avancé, capable de simuler les processus hormonaux et physiques de la grossesse. Le robot aurait même des organes biosynthétiques. Elle annonçait un prix de vente autour de 14 000 dollars, bien moins cher que les 100 000 à 200 000 dollars que coûte une mère porteuse aux États-Unis. Une annonce spectaculaire… qui s’est révélée être complètement fausse. Mais le débat, lui, est bien réel.
Le premier danger : un bébé n'est pas une plante hydroponique
Le premier problème, et le plus évident, est technique. Un utérus robotisé qui fonctionne mal pourrait facilement endommager ou tuer un fœtus. Un bébé n’est pas une plante qu’on fait pousser avec de l’eau et des nutriments. Le placenta, cet organe incroyable qui se développe pendant la grossesse, est d’une complexité folle. Il s’adapte en permanence aux besoins du fœtus. Créer un placenta artificiel est un défi bien plus grand que de créer un simple utérus robotisé. Et les expériences sur les animaux, comme les moutons, ont déjà montré de nombreux problèmes de santé.
Les avantages potentiels : une nouvelle option pour l'infertilité ?
Mais alors, pourquoi chercher à créer une telle machine ? Les avantages potentiels sont bien réels. Un utérus synthétique pourrait ouvrir de nouvelles voies pour la recherche sur l’infertilité. Il pourrait offrir une solution de gestation pour autrui (GPA) beaucoup moins coûteuse pour les couples qui ne peuvent pas avoir d’enfants. Il pourrait aussi aider les bébés très prématurés à survivre, en leur offrant un environnement plus protecteur qu’une couveuse classique.
Les dangers éthiques : à qui appartient le bébé ?
Mais les questions éthiques sont un véritable champ de mines. À qui appartiendrait l’embryon ? Qui serait le propriétaire légal de l’enfant ? Dans certains pays comme les États-Unis, les embryons sont considérés comme des biens. La législation sur la procréation est déjà un casse-tête mondial, variant d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre. L’introduction d’un robot dans l’équation rend les choses encore plus complexes.
Et si les robots devenaient des 'personnes' ?
Et on ne parle même pas de l’intelligence artificielle. Si ces robots deviennent un jour si sophistiqués qu’on leur accorde le statut de « personne », avec des droits, comme certains en débattent, qu’adviendra-t-il ? Un robot pourrait-il être considéré comme une « mère » ? L’idée semble folle, mais elle est déjà sur la table des philosophes et des juristes.
Un marché juteux pour les pays en déclin démographique
Au-delà de l’éthique, il y a l’économie. Des pays comme le Japon ou la Corée du Sud, qui font face à une crise démographique sans précédent, pourraient voir dans l’utérus synthétique une solution. La Corée du Sud a déjà déclaré sa baisse de natalité « urgence nationale » et a investi plus de 200 milliards de dollars dans des programmes de fertilité, sans grand succès. Un robot de grossesse subventionné par le gouvernement pourrait-il changer la donne ? L’idée fait son chemin.
Conclusion : de 'Dune' à la réalité, un pas à ne pas franchir ?
Selon la source : gizmodo.com