On les voit sur les réseaux sociaux, au détour d’un lac en hiver ou sur les côtes bretonnes. De plus en plus de gens, de tous âges, se jettent volontairement dans une eau à peine au-dessus de zéro. Loin d’être une simple lubie pour sportifs de l’extrême, cette pratique ancestrale trouve aujourd’hui un écho dans la science, qui commence à valider ses bienfaits sur le corps comme sur l’esprit.
Le principe du "bon stress" volontaire
Plonger son corps dans le froid, c’est lui infliger un choc. Mais un choc bénéfique, si l’on en croit les spécialistes. On parle de stress « hormétique » : une dose de stress si brève et contrôlée qu’elle force l’organisme à s’adapter et à se renforcer. Le secret, explique Émilie Steinbach, spécialiste du sujet, c’est que cet apport soit « bien dosé, court et volontaire ». Il ne s’agit pas de subir le froid, mais de l’utiliser comme un outil pour réveiller nos mécanismes de défense naturels, sans pour autant nous épuiser.
Un métabolisme réactivé par le froid
Qu’est-ce qui se passe concrètement dans notre corps ? L’un des effets les plus intéressants est l’activation du tissu adipeux brun. Contrairement à la graisse blanche qui stocke l’énergie, cette « bonne graisse » brûle des calories pour produire de la chaleur et maintenir notre température corporelle. C’est une sorte de chauffage interne naturel. Des études ont aussi montré que des expositions régulières au froid pouvaient améliorer la sensibilité à l’insuline et aider à mieux réguler le taux de sucre dans le sang. De quoi intéresser bien au-delà des simples amateurs de sensations fortes.
Un cocktail chimique pour le moral et la concentration
Les bienfaits ne sont pas que physiques. Le cerveau, lui aussi, réagit puissamment au choc thermique. Une immersion en eau froide déclenche la libération de neurotransmetteurs clés comme la dopamine (souvent associée au plaisir et à la motivation) et la noradrénaline (liée à la vigilance et la concentration). Résultat : beaucoup de pratiquants décrivent une sensation d’euphorie, une clarté mentale et un regain d’énergie qui peuvent durer plusieurs heures après le bain. C’est une sorte de redémarrage complet du système nerveux.
La tradition nordique, entre sauna et lac gelé
Cette pratique n’a rien de nouveau. Dans les pays nordiques, alterner le chaud et le froid est un rituel social et sanitaire bien ancré. Passer d’un sauna brûlant à un bain dans un lac gelé est ce qu’on appelle une « gymnastique vasculaire » : les vaisseaux sanguins se contractent violemment au contact du froid avant de se dilater à nouveau avec la chaleur. Des études menées en Finlande ont d’ailleurs établi un lien entre la pratique régulière du sauna (2 à 4 fois par semaine) et une réduction significative de la mortalité cardiovasculaire et des risques de démence. Le froid seul ne fait pas tout, c’est parfois son alliance avec le chaud qui décuple ses effets.
Se lancer, oui, mais avec prudence
L’aventure, cependant, ne s’improvise pas. Avant de plonger dans un lac à 3°C, il est essentiel de commencer en douceur. Une douche froide de quelques secondes sur les jambes, puis progressivement sur tout le corps, est une première étape accessible. Pour les bains, l’idéal est d’être accompagné et de ne jamais forcer. Il faut écouter son corps. Une hyperventilation, une douleur ou un malaise sont des signaux clairs qu’il faut sortir immédiatement. Il est crucial de rappeler que cette pratique n’est ni une punition, ni un outil de contrôle du poids. Et bien sûr, les personnes souffrant de problèmes cardiaques ou de tension instable devraient consulter un médecin avant de se lancer.
plus qu'une thérapie, une reconnexion
Le bain glacé n’est sans doute pas le remède miracle à tous nos maux. Mais il s’agit d’une pratique puissante qui, menée avec intelligence et respect de ses propres limites, semble offrir de réels bénéfices. Au-delà de la performance, c’est peut-être avant tout une invitation à sortir de sa zone de confort et à se reconnecter à des sensations corporelles brutes, dans un monde où l’on cherche de plus en plus à tout contrôler. Une façon de se prouver, simplement, que l’on est bien vivant.
Selon la source : passeportsante.net