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Un serpent, deux venins – Et les deux sont mortels

Auteur: Mathieu Gagnon

2025-08-28 12:02:17

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Crédit: freepik

On connaît tous la réputation du serpent brun de l’Est, cette créature redoutée des Australiens. On pensait tout savoir sur son venin mortel, mais voilà qu’une nouvelle étude vient tout chambouler. Des chercheurs ont découvert quelque chose d’assez inquiétant : ce serpent n’a pas un, mais bien deux types de venin, très différents selon l’endroit où il vit.Cette découverte, qui peut sembler être un simple détail pour les scientifiques, pose une question très sérieuse pour nous tous : l’anti-venin actuel est-il capable de nous protéger efficacement, peu importe où l’on se fait mordre ? C’est une question qui mérite qu’on s’y attarde.

Une équipe de chercheurs sonne l'alarme

C’est une équipe de l’Université du Queensland, menée par le professeur Bryan Fry, qui a mis le doigt sur ce problème. Ces spécialistes ont passé au crible le venin de tous les serpents bruns d’Australie. Leur objectif était simple : comprendre comment le venin agit sur le sang.Ils ne s’attendaient probablement pas à une telle surprise. Leurs résultats ont montré que les anti-venins, nos boucliers contre les morsures, pourraient avoir besoin d’une sérieuse mise à jour. C’est une nouvelle qui a l’effet d’une petite bombe dans le monde médical.

Deux venins, deux stratégies mortelles

Alors, qu’est-ce qui est si différent ? Imaginez deux manières de saboter la plomberie. Le venin des serpents du sud de l’Australie, lui, crée dans le sang un caillot dur comme de la pierre. Un bouchon solide qui bloque tout. C’est radical.À l’inverse, le venin des serpents du nord agit différemment. Il crée très vite une sorte de toile de caillots, mais cette toile est incroyablement fragile. Elle se déchire et s’effondre presque aussitôt. Le résultat est le même : c’est le chaos dans la circulation sanguine. Deux méthodes, mais une seule issue fatale si rien n’est fait.

Le grand fossé entre le nord et le sud

Pour comprendre cette différence, les chercheurs ont utilisé une machine spéciale qui observe comment le sang coagule. Les résultats sont sans appel. Les serpents bruns de l’Est qui vivent dans le sud ont un venin qui ressemble à celui d’un autre serpent célèbre, le taïpan : il forme un caillot solide et qui dure.Ceux du nord, par contre, c’est tout l’inverse. Leurs caillots se forment à une vitesse folle, mais sont si faibles qu’ils ne tiennent pas. Comme le dit le professeur Fry, comparer ces deux venins, c’est comme comparer le jour et la nuit. C’est complètement différent.

L'anti-venin actuel : une protection vraiment garantie ?

Voilà le cœur du problème. Aujourd’hui, pour fabriquer l’anti-venin contre le serpent brun, on utilise un mélange de venins dont on ne connaît pas vraiment l’origine géographique. C’est un peu une recette générale.Le souci, c’est que si ce mélange ne contient pas les deux types de venin – celui du nord ET celui du sud – alors la protection pourrait être incomplète. L’efficacité de l’anti-venin pourrait être très bonne dans une région et bien moins bonne dans une autre. Actuellement, tous les cas de morsures sont mis dans le même panier, ce qui empêche de voir s’il y a une différence de traitement entre les régions.

Retourner dans le passé pour mieux soigner demain

Que faire maintenant ? Les chercheurs ne vont pas en rester là. Leur prochaine étape est un vrai travail de détective : ils vont éplucher des centaines de dossiers médicaux d’hôpitaux.Heureusement, ils ont un indice de taille : les serpents du sud, avec leur venin « à caillot fort », vivent dans une zone où aucun autre serpent brun ne se trouve. Cela permet de savoir avec certitude, en regardant le lieu de la morsure, de quel type de venin il s’agit. En réanalysant ces vieux dossiers, ils espèrent enfin voir si les patients ont réagi différemment au traitement selon la région.

Pourquoi une telle différence ? une histoire de repas

Mais au fait, pourquoi cette différence de venin ? La nature fait bien les choses, et il y a une raison. Tout est lié à ce que les serpents mangent.Les scientifiques ont montré que la géographie des venins correspond à une différence génétique, qui elle-même est liée au régime alimentaire. Les serpents du sud mangent surtout d’autres reptiles. Ceux du nord, eux, préfèrent les mammifères. Le venin a donc évolué différemment pour être plus efficace sur leurs proies habituelles. C’est un exemple fascinant de l’adaptation de la nature.

Conclusion : vers des soins plus précis pour sauver plus de vies

Il ne faut pas paniquer. L’anti-venin actuel a déjà sauvé d’innombrables vies et continue de le faire. Mais cette découverte est une chance incroyable d’améliorer encore les choses.Le but ultime, c’est d’arriver à ce que les médecins appellent la « toxicologie de précision ». En d’autres termes : donner le bon anti-venin pour le bon serpent, et donc pour le bon patient. En comprenant mieux ces venins, on pourra développer des traitements sur mesure. C’est un grand pas en avant pour que les morsures de serpent, qui sont toujours un drame, soient de mieux en mieux soignées.

Selon la source : scitechdaily.com