On le croise sans cesse sur les listes d’ingrédients, niché entre la farine et le sucre, sans jamais vraiment savoir qui il est. Le E471, ou de son nom plus barbare « mono- et diglycérides d’acides gras », est l’un des additifs les plus courants de l’industrie agroalimentaire. Sa mission ? Rendre nos aliments plus beaux, plus onctueux, plus stables. Bref, plus désirables.
Derrière le code, une histoire de graisse
Pour faire simple, le E471 est un agent de texture fabriqué synthétiquement. Le processus, appelé glycérolyse, consiste à décomposer des graisses, qu’elles soient d’origine végétale (soja, colza, palme…) ou animale (souvent du porc ou du bœuf). Le résultat final est chimiquement identique, peu importe la source. C’est là que le bât blesse pour certains régimes, mais nous y reviendrons.
Visuellement, il peut prendre l’apparence d’un liquide huileux, d’une pâte cireuse ou d’une simple poudre blanche. Son grand atout pour les industriels : il n’altère ni le goût ni l’odeur du produit final. Un vrai passe-partout.
Le couteau suisse des industriels
Si le E471 est si populaire, c’est qu’il est incroyablement polyvalent et surtout, économique. Il remplace avantageusement des matières grasses plus nobles et plus chères. En tant qu’émulsifiant, il permet de marier l’eau et l’huile, deux substances qui se détestent cordialement. C’est lui qui évite à votre mayonnaise en pot de « trancher » ou qui donne son incroyable moelleux à une brioche industrielle.
Il peut aussi aérer une crème glacée, stabiliser une margarine, rendre une confiture plus gélatineuse ou enrober certains produits pour une meilleure conservation. Un vrai magicien de la texture, à tel point qu’il est exclu de la filière bio, qui privilégie des procédés plus naturels.
Faut-il vraiment s'en inquiéter ?
La question qui brûle les lèvres : est-ce dangereux ? Officiellement, la réponse est non. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) considère que le E471 ne présente pas de risque pour la sécurité sanitaire aux doses habituellement utilisées. Il n’y a d’ailleurs pas de dose journalière admissible (DJA) fixée, ce qui témoigne d’une relative confiance des autorités.
Cependant, tout n’est pas si simple. Aucune étude ne démontre une toxicité directe, mais les nutritionnistes alertent sur un autre plan. Le E471 est un marqueur des aliments ultra-transformés. Une consommation excessive et régulière de ces produits est, elle, clairement corrélée à des risques accrus de maladies cardiovasculaires, de diabète ou d’hypercholestérolémie. Le problème n’est donc peut-être pas l’additif en lui-même, mais le système alimentaire qu’il représente.
Un additif que l'on retrouve (presque) partout
Faites le test la prochaine fois que vous irez faire les courses. Vous trouverez du E471 dans une liste impressionnante de produits. Du pain de mie du petit-déjeuner aux céréales, en passant par les biscuits, les gâteaux, les plats préparés, les crèmes desserts, les glaces, les sauces industrielles et même certaines préparations pour nourrissons. Sa présence est un bon indicateur que vous tenez entre les mains un produit qui a été fortement travaillé pour plaire à vos sens.
L'angle mort des régimes végétariens et confessionnels
C’est peut-être le point le plus problématique. L’origine, animale ou végétale, des graisses utilisées pour produire le E471 est rarement précisée sur l’emballage. Pour les personnes suivant un régime végétalien, végétarien, halal ou casher, c’est un véritable casse-tête. Un produit d’apparence inoffensive peut tout à fait contenir des dérivés de porc.
Sauf mention explicite « convient aux végétariens » ou certification, le flou persiste. Cette opacité place le consommateur dans une situation d’incertitude, l’obligeant souvent à éviter par précaution des dizaines de produits.
au-delà de l'additif, le modèle en question
Finalement, le E471 n’est ni un poison à diaboliser, ni un ingrédient totalement anodin. Il est le symptôme et l’outil d’une industrie qui cherche à standardiser les goûts et les textures à moindre coût. Sa présence massive dans nos placards nous interroge moins sur sa propre toxicité que sur la nature de ce que nous mettons, jour après jour, dans notre assiette.
Selon la source : passeportsante.net