Le noyau de la Terre est déséquilibré : il croît plus vite d’un côté que de l’autre
Auteur: Simon Kabbaj
On a tous en tête l’image de la Terre comme une belle bille parfaitement ronde et équilibrée. Et bien, il semblerait que non ! Selon une nouvelle étude menée par des sismologues de la prestigieuse université de Berkeley en Californie, la partie la plus profonde de notre planète, son noyau, serait en fait… bancale. C’est une découverte assez folle qui pourrait expliquer un mystère qui intriguait les scientifiques depuis des années.
Le point de départ : un mystère pour les scientifiques
Pour comprendre, il faut savoir que les scientifiques étudient l’intérieur de la Terre un peu comme un médecin ferait une échographie. Ils analysent comment des ondes (celles des tremblements de terre, par exemple) traversent la planète. Et depuis longtemps, ils avaient remarqué quelque chose de bizarre : ces ondes ne voyagent pas à la même vitesse partout dans le noyau solide de la Terre. Selon la direction qu’elles prennent, elles vont plus ou moins vite. C’était un véritable casse-tête.
L'idée surprenante : le cœur de la Terre pousse plus vite d'un côté
Pour expliquer ce phénomène, les chercheurs ont imaginé un nouveau modèle, dont les détails sont publiés dans la très sérieuse revue *Nature Geoscience*. Leur idée est aussi simple : le noyau de la Terre ne grandit pas de façon uniforme. Il pousserait environ 60 % plus vite d’un côté que de l’autre ! Plus précisément, il se développerait plus rapidement sous l’Indonésie que sous le Brésil. C’est cette croissance déséquilibrée qui créerait une sorte de ‘structure’ asymétrique au cœur de notre monde.
Comment ça marche, cette croissance déséquilibrée ?
Le noyau interne de la Terre est une énorme boule de fer solide qui se forme en cristallisant. Imaginez des cristaux de fer qui s’accumulent. D’après ce nouveau modèle, la croissance plus rapide d’un côté force les nouveaux cristaux de fer à s’aligner d’une certaine manière, un peu comme les fibres du bois. Cela crée une sorte de ‘grain’ à l’échelle de la planète. Les ondes sismiques voyageraient alors plus vite quand elles suivent ce ‘grain’. Le Dr Daniel Frost, l’auteur principal de l’étude, l’a résumé ainsi : ‘Le modèle le plus simple semblait un peu inhabituel : que le noyau interne est asymétrique. (…) La seule façon d’expliquer cela est qu’un côté grandit plus vite que l’autre’.
Un mystère résolu, un autre qui apparaît
Cette nouvelle théorie permet aussi de donner un âge plus précis au noyau interne de la Terre : il aurait entre 500 millions et 1,5 milliard d’années. Mais en résolvant un mystère, les scientifiques en ont créé un autre ! On sait que le champ magnétique de la Terre, qui nous protège des radiations du soleil, existe depuis au moins 3 milliards d’années. Ce champ est créé par le noyau externe, liquide, qui bouge. Et ce mouvement est entretenu par la chaleur dégagée par la formation du noyau interne solide. Alors, qu’est-ce qui faisait bouger le noyau externe *avant* que le noyau interne ne commence à se former ? La professeure Barbara Romanowicz, une autre experte de l’étude, le reconnaît : ‘d’autres processus devaient donc animer le noyau externe à cette époque’.
Une théorie solide, mais qui doit encore être confirmée
Il faut rester prudent, bien sûr. Les scientifiques le disent eux-mêmes : étudier ce qui se passe à des milliers de kilomètres sous nos pieds est extrêmement difficile. Ce modèle est basé sur les données que nous avons aujourd’hui. Pour être absolument certain que cette théorie est la bonne, il faudra encore beaucoup plus de données sismiques, venant de nombreux tremblements de terre à travers le monde. C’est un travail de longue haleine.
Conclusion : notre planète, une merveille toujours pleine de secrets
Selon la source : iflscience.com