Alzheimer : les femmes présentent un risque plus élevé que les hommes, voici les causes
Auteur: Adam David
C’est un constat aussi connu que douloureux : la maladie d’Alzheimer touche davantage les femmes que les hommes. Une injustice statistique qui, jusqu’ici, restait largement inexpliquée, souvent mise sur le compte de leur espérance de vie plus longue. Mais pourquoi ? Une équipe de chercheurs américains pense tenir une piste sérieuse, une explication nichée au cœur de nos cellules.
Des chiffres qui parlent d'eux-mêmes
Chaque année en France, le diagnostic tombe pour 225 000 nouvelles personnes, Alzheimer ou maladie apparentée. La statistique est implacable et s’aggrave avec l’âge : si elle ne concerne que deux personnes sur mille entre 65 et 69 ans, elle explose pour atteindre 70 cas pour mille chez les plus de 90 ans. Et dans cette triste comptabilité, le déséquilibre entre les sexes est frappant. On estime qu’une femme sur quatre sera touchée au cours de sa vie, contre un homme sur cinq. Un écart significatif qui ne pouvait plus être ignoré.
La découverte : une protéine qui s'emballe
Pour tenter de percer ce mystère, des chercheurs du prestigieux MIT, emmenés par le professeur Stuart Lipton, ont analysé une quarantaine d’échantillons de cerveaux humains. Leur conclusion est saisissante : une protéine, baptisée C3, s’emballe littéralement dans le cerveau féminin atteint par la maladie. Le chiffre est édifiant : sa concentration y est jusqu’à six fois plus élevée que chez les hommes dans la même situation. C’est la première fois qu’une différence biologique aussi nette est mise en évidence.
Quand le défenseur devient l'agresseur
À la base, cette protéine C3 n’a rien d’une ennemie. Bien au contraire. Elle fait partie de notre arsenal immunitaire dit « inné », la première ligne de défense de l’organisme contre les infections. Son rôle, en temps normal, est de nous protéger. Mais dans le cas d’Alzheimer, et plus particulièrement chez les femmes, ce soldat zélé semble se retourner contre ses propres troupes, déclenchant une réaction inflammatoire dévastatrice pour les connexions neuronales.
Le rôle clé de la ménopause
Alors, quel est le déclencheur ? Les regards se tournent vers une étape clé de la vie des femmes : la ménopause. Les chercheurs ont en effet remarqué que cette surproduction de protéine C3 était particulièrement marquée chez les femmes ménopausées. L’hypothèse est que les œstrogènes, dont la production chute drastiquement à ce moment-là, agissaient auparavant comme un bouclier anti-inflammatoire, une sorte de garde-fou qui empêchait C3 de s’emballer. Une fois ce bouclier hormonal tombé, la protéine serait laissée en roue libre, avec les conséquences que l’on observe sur le cerveau.
Vers de nouvelles pistes thérapeutiques ?
Cette découverte n’est évidemment pas une simple curiosité scientifique. Elle ouvre une brèche, une perspective entièrement nouvelle pour la recherche. Si l’on parvient à comprendre comment réguler ou bloquer l’activité inflammatoire de cette protéine C3 spécifiquement chez les femmes, on pourrait alors imaginer un traitement capable de ralentir la progression de la maladie. C’est tout l’enjeu des travaux que poursuivent aujourd’hui le professeur Lipton et son équipe.
un espoir prudent mais réel
Le chemin est encore long, bien sûr. Pour l’heure, l’espérance de vie d’une personne diagnostiquée avec Alzheimer reste de huit à douze ans. Mais cette avancée du MIT offre plus qu’une simple explication à une inégalité biologique ; elle dessine les contours d’une future cible thérapeutique. Une piste qui redonne un peu d’espoir face à une maladie qui, jusqu’à présent, en laissait si peu.
Selon la source : aufeminin.com