La “dame de Wembley” : une femme élégante dont le destin tragique demeure un mystère
Auteur: Simon Kabbaj
C’est l’une de ces histoires qui hantent les esprits, un de ces mystères qui refusent de livrer leurs secrets. Il y a plus de vingt ans, le 29 octobre 2004, une femme est entrée dans une tour de bureaux à Londres, a bu une gorgée de café, puis a sauté de 80 mètres dans le vide. Depuis ce jour, personne n’a jamais su qui elle était. Pas de nom, pas de famille, rien. Son histoire est devenue celle de la ‘dame de Wembley Point’, une énigme aussi triste que fascinante.
Le portrait-robot d'une inconnue
Que sait-on d’elle ? Pas grand-chose, malheureusement. La police a pu dresser un portrait-robot assez précis. Il s’agissait d’une femme noire, âgée de 20 à 40 ans, de petite taille (entre 1m55 et 1m60). Le jour de sa mort, elle était très bien habillée : un blouson bordeaux, un pantalon noir et des bottines noires de la marque Skechers. Elle portait plusieurs bijoux, dont une bague en argent avec un coquillage cauri, un symbole de fertilité dans certaines cultures africaines.
Les quelques objets qu'elle avait sur elle
Dans ses poches et son sac, pas de téléphone, pas de carte d’identité, rien qui puisse permettre de l’identifier. Les enquêteurs ont seulement trouvé :
- Un sac en plastique avec les lettres CPNY.
- Un peu d’argent liquide : 5,20 livres.
- Un briquet et un paquet de cigarettes presque vide.
- Un journal *The Guardian* acheté sur place.
- Une petite peinture à l’huile.
- Et l’indice le plus important : un abonnement de bus hebdomadaire, acheté trois jours plus tôt à Tottenham, un quartier de Londres, à 7h07 du matin, ce qui suggère qu’elle empruntait régulièrement cette ligne.
Ses derniers instants : une détresse visible
On a pu reconstituer une partie de sa dernière matinée. Vers 9 heures, elle est entrée dans l’ascenseur de la tour avec des employés. Deux d’entre eux se sont souvenus d’elle, car elle semblait extrêmement angoissée. L’un d’eux lui aurait même dit gentiment : ‘Allez, courage, ma petite dame, ce n’est peut-être pas si grave’. Une phrase qui, rétrospectivement, fait froid dans le dos.
Le café et le saut
Elle est ensuite montée à la cafétéria du personnel au 21ème étage, ce qui laisse penser qu’elle connaissait le bâtiment, voire qu’elle y travaillait. Des témoins l’ont vue feuilleter son journal. Puis, le drame. Un témoin a raconté : ‘À un moment, elle était assise, très calme, dans un coin du restaurant. J’ai acheté mon café et quand j’ai regardé à nouveau, elle n’était plus là. La fenêtre était entrouverte’. Ce témoin a ajouté : ‘J’ai mis du temps à me remettre de ma tristesse. Je me demandais ce qui avait bien pu arriver à cette personne pour qu’elle sente qu’il n’y avait plus rien pour quoi vivre‘.
De nouvelles pistes, 20 ans plus tard ?
Pendant des années, l’enquête a piétiné. Mais récemment, pour le 20ème anniversaire de sa mort, une association qui s’occupe de cas non résolus, Locate International, a relancé l’appel à témoins et a révélé de nouvelles informations. Un homme se serait souvenu avoir discuté avec elle quelques semaines avant sa mort. Elle lui aurait confié être inquiète pour la santé de son petit ami. L’association pense aussi qu’elle avait peut-être des liens avec un centre communautaire à Tottenham qui aidait des demandeurs d’asile d’Afrique de l’Ouest. Ce sont des pistes minces, mais qui redonnent un petit espoir.
Conclusion : le droit à un nom, même dans la mort
Selon la source : ladbible.com