Pour des millions de personnes souffrant de maladies coronariennes, le geste est presque automatique : un cachet d’aspirine chaque jour pour éloigner le spectre de la crise cardiaque. Mais cette habitude, ancrée depuis des décennies dans les routines médicales, pourrait bien être remise en question par une étude d’envergure, qui place un autre médicament sur le devant de la scène.
Un mal silencieux qui touche des millions de personnes
Au cœur du problème, on trouve la coronaropathie. C’est une maladie insidieuse où les artères qui irriguent le cœur se bouchent peu à peu, sous l’effet de dépôts graisseux. Les conséquences vont de la simple douleur thoracique – la fameuse angine de poitrine – à l’infarctus, lorsque le blocage est total. Avec plus de 300 millions de malades dans le monde, dont près de 3 millions en France, trouver une parade efficace est un enjeu de santé publique majeur.
Des résultats qui pourraient changer la donne
C’est là qu’intervient le clopidogrel, un anticoagulant bien connu. Une analyse fouillée de sept essais cliniques, publiée dans la prestigieuse revue *The Lancet*, vient de livrer des conclusions pour le moins percutantes. En suivant près de 29 000 patients pendant plus de cinq ans, les chercheurs ont observé que ceux sous clopidogrel avaient 14 % de risques en moins de subir une crise cardiaque, un AVC ou de décéder d’une cause cardiovasculaire. Un chiffre qui, à cette échelle, est loin d’être anodin.
Plus efficace, mais pas plus risqué : le pari gagnant
L’efficacité, c’est une chose. Mais en matière d’anticoagulants, la grande hantise reste le risque d’hémorragie. Et c’est peut-être le point le plus convaincant de l’étude : ce gain de protection ne s’accompagne pas d’une augmentation des saignements majeurs par rapport à l’aspirine. ‘Ces résultats soutiennent une préférence pour le clopidogrel’, concluent sobrement les scientifiques, qui voient là une option potentiellement plus sûre pour un traitement au long cours.
Vers une nouvelle norme dans les cabinets médicaux ?
Cette découverte pourrait-elle rapidement trouver son chemin jusqu’aux ordonnances ? Plusieurs signaux sont au vert. Le clopidogrel est déjà disponible en version générique, ce qui le rend accessible. Pour le professeur Bryan Williams, de la British Heart Foundation, il ne fait aucun doute que ‘ces résultats sont susceptibles d’avoir un impact sur les médicaments que les médecins prescrivent’. La transition, au moins dans les esprits, semble déjà en marche.
le coût, dernier obstacle sur la route ?
Un dernier obstacle pourrait toutefois freiner son adoption généralisée : le prix. Même en générique, une boîte de clopidogrel reste près de trois fois plus chère que l’aspirine. La question qui se pose désormais est moins scientifique qu’économique et politique : le surcoût vaut-il la réduction significative du risque ? Des études complémentaires seront nécessaires pour trancher, mais une page de la prévention cardiovasculaire est sans doute en train de se tourner.
Selon la source : aufeminin.com