Après les vaccins, le ministre américain de la Santé veut accuser le Tylenol de causer l’autisme
Auteur: Simon Kabbaj
Il avait promis de révéler ‘la cause’ de l’autisme, et il semblerait qu’il ait trouvé une nouvelle cible. Après avoir passé des années à accuser les vaccins, Robert F. Kennedy Jr., le très controversé ministre de la Santé américain, s’apprêterait maintenant à pointer du doigt un médicament que nous avons tous dans notre armoire à pharmacie : l’acétaminophène, plus connu sous le nom de Tylenol (l’équivalent de notre Doliprane ou Dafalgan). Selon des fuites, un rapport très attendu de son ministère devrait lister la prise de ce médicament pendant la grossesse comme un facteur de risque pour l’autisme. Une annonce qui, avant même d’être officielle, fait déjà bondir la communauté scientifique.
Que dit la science sur le lien entre Tylenol et autisme ?
La question n’est pas complètement nouvelle. Quelques études ont suggéré par le passé un possible lien entre la prise d’acétaminophène pendant la grossesse et un risque accru de troubles neurodéveloppementaux, comme l’autisme ou le trouble du déficit de l’attention (TDAH). L’idée est que le médicament pourrait traverser la barrière du placenta et perturber le développement du cerveau du fœtus. C’est une piste que certains scientifiques explorent, mais qui est loin, très loin, de faire l’unanimité.
Des études qui se contredisent et une science très incertaine
Car pour chaque étude qui suggère un lien, une autre vient la contredire. Le problème de ces études, c’est qu’il est très difficile de savoir si c’est vraiment le médicament qui est en cause. L’année dernière, par exemple, une très grande étude menée en Suède sur tous les enfants nés entre 1995 et 2019 a montré quelque chose de très intéressant. Au début, les chercheurs ont bien trouvé un petit risque accru chez les enfants dont les mères avaient pris de l’acétaminophène. Mais quand ils ont comparé les enfants d’une même fratrie (un enfant exposé au médicament et l’autre non), le lien a complètement disparu.
L'acétaminophène, un simple 'hareng rouge' ?
Qu’est-ce que cela veut dire ? Les chercheurs suédois en ont conclu que l’acétaminophène n’était probablement qu’un ‘hareng rouge’, une fausse piste. L’explication la plus probable, c’est que les femmes qui prennent de l’acétaminophène pendant leur grossesse le font souvent pour une bonne raison (fièvre, douleur, infection…). Et ce sont peut-être ces problèmes de santé sous-jacents, et non le médicament lui-même, qui augmentent le risque d’autisme chez l’enfant. ‘Les parents qui ont utilisé de l’acétaminophène différaient sur de nombreux aspects de ceux qui n’en ont pas utilisé’, ont-ils écrit dans leur article, publié dans la prestigieuse revue *JAMA*.
La réaction furieuse des experts en autisme
Face à ces rumeurs sur le rapport à venir, la communauté scientifique n’est pas restée silencieuse. Une coalition de plus de 200 chercheurs spécialistes de l’autisme s’est formée pour dénoncer l’approche du ministre. ‘Il est hautement irresponsable et potentiellement dangereux de revendiquer des liens (…) quand la science est beaucoup plus nuancée et incertaine’, ont-ils déclaré dans un communiqué. ‘L’annonce du secrétaire Kennedy va provoquer la confusion et la peur. Il semble faire une sélection partiale de vieilles données plutôt que de regarder l’ensemble de la recherche’.
Qu'en est-il des vaccins ?
Pour l’instant, on ne sait pas si le rapport de Kennedy mentionnera aussi les vaccins, son cheval de bataille de toujours. Mais étant donné la façon dont il semble ‘choisir’ les études qui l’arrangent, il est peu probable que ce rapport apporte une véritable clarté sur les causes complexes de l’autisme, comme il l’avait pourtant promis.
Conclusion : une chasse aux sorcières qui ne sert personne
Selon la source : gizmodo.com