Ils sont dans nos placards, promis à nous donner force et vitalité. Près de six Français sur dix consomment régulièrement des compléments alimentaires, un réflexe quasi banal aujourd’hui. Mais derrière les promesses marketing et les pots colorés, la question mérite d’être posée : en avons-nous vraiment besoin ? Pour le docteur Jimmy Mohamed, chroniqueur santé, la réponse est souvent non.
La quête du 'boost' immédiat chez les jeunes
Chez les plus jeunes, la tendance est particulièrement marquée. On pense à la fameuse « whey », cette poudre protéinée devenue le graal des salles de sport, présentée comme l’étape obligée pour sculpter son corps. Pour d’autres, ce sont les gélules de vitamines qui promettent un regain d’énergie ou un système immunitaire à toute épreuve face aux virus de l’hiver. Une solution de facilité, en somme, face à un objectif précis.
Pourtant, cette course à la supplémentation ignore une vérité simple, rappelle le médecin : dans l’écrasante majorité des cas, une alimentation bien pensée fournit déjà tout ce qu’il faut à l’organisme pour fonctionner à plein régime.
Le retour au bon sens : manger, dormir, bouger
Face à cette industrie florissante, Jimmy Mohamed plaide pour un retour aux fondamentaux, ce triptyque que nos grands-mères connaissaient déjà. D’abord, manger varié, en visant les fameux cinq fruits et légumes par jour qui apportent fibres, vitamines et antioxydants. Ensuite, dormir. Le sommeil n’est pas une variable d’ajustement : c’est un pilier de la santé, avec des besoins de 7 à 8 heures pour un adulte, et jusqu’à 10 ou 12 heures pour un enfant.
Enfin, bouger. Au moins une heure d’activité physique quotidienne pour les jeunes, c’est la base pour construire un corps sain et un mental solide. Simple, basique, et surtout, bien plus efficace sur le long terme que n’importe quelle gélule.
La whey, fausse amie du sportif ?
Faut-il pour autant diaboliser la whey ? Pas vraiment. Le produit en lui-même n’est pas dangereux pour une personne en bonne santé. Le vrai problème, c’est son inutilité dans bien des cas. Un adolescent qui a déjà une alimentation riche en protéines de qualité – œufs, lentilles, sardines, viande blanche – n’a aucun bénéfice à y ajouter un shaker de poudre.
Attention tout de même aux excès. Un apport trop massif en protéines peut fatiguer les reins, surtout en cas de fragilité préexistante. Certains travaux suggèrent même qu’un surplus chronique pourrait accélérer certains mécanismes du vieillissement. La modération reste donc de mise.
Du concret : les histoires de Camille et Sami
Prenons le cas de Camille, 17 ans, qui pousse la fonte quatre fois par semaine, son shaker de whey à portée de main. Son médecin a été clair : avec des repas bien pensés, incluant œufs, légumineuses et poisson, ses besoins en protéines seraient déjà largement couverts. L’investissement dans ces poudres coûteuses est donc, pour elle, superflu.
L’histoire est différente pour Sami, 12 ans, à qui son pédiatre a prescrit de la vitamine D. Son cas illustre d’ailleurs l’une des rares exceptions qui confirment la règle. C’est un complément souvent recommandé pour les enfants afin de garantir une bonne croissance osseuse et de soutenir leur immunité, surtout dans les régions peu ensoleillées.
L'essentiel est dans l'assiette, pas dans le pot
Au fond, le message est simple : les compléments alimentaires ne devraient jamais remplacer les fondamentaux d’une bonne hygiène de vie. Ils peuvent, à la marge, combler une carence avérée et diagnostiquée par un professionnel de santé, mais ne sauraient se substituer à une assiette équilibrée et une bonne nuit de sommeil.
Avant de dépenser des fortunes en gélules et en poudres, le premier investissement est peut-être à faire dans son panier de courses. C’est sans doute moins spectaculaire, mais tellement plus efficace.
Selon la source : passeportsante.net