Et si l’on pouvait déceler les prémices d’Alzheimer en seulement quelques minutes, simplement en regardant des images ? C’est la promesse d’une nouvelle technique, baptisée « EEG Fastball », qui pourrait changer la donne dans le diagnostic précoce de la maladie. L’idée : identifier les personnes à risque avant même que les symptômes les plus lourds ne s’installent, et ainsi gagner un temps précieux.
Une course contre la montre silencieuse
Le besoin est immense, car la maladie d’Alzheimer avance masquée. Elle est la forme de démence la plus répandue, touchant des dizaines de millions de personnes dans le monde. Son processus est insidieux : bien avant que les pertes de mémoire ou la confusion ne deviennent évidentes, des protéines toxiques (tau et bêta-amyloïdes) s’accumulent dans le cerveau, détruisant lentement les neurones. Au moment du diagnostic, les dégâts sont souvent déjà considérables.
Le parcours du combattant du diagnostic actuel
Jusqu’ici, le diagnostic précoce ressemblait à un véritable défi. Les examens existants, comme les scanners cérébraux ou l’analyse du liquide céphalorachidien, sont certes capables de détecter les fameuses protéines. Mais ces méthodes sont lourdes, coûteuses et invasives. Et leur résultat ne prédit pas toujours avec certitude la vitesse à laquelle la maladie va évoluer chez un patient.
L’autre option, les tests cognitifs, présente aussi ses limites. Mémoriser des listes de mots, résoudre des problèmes… Ces épreuves peuvent être longues, anxiogènes pour les patients et leurs résultats parfois faussés par le niveau d’éducation ou la maîtrise de la langue. On est loin d’une solution simple et universelle.
« EEG Fastball » : la simplicité comme nouvelle arme
C’est précisément pour combler ce vide que des chercheurs des universités de Bath et Bristol, en Angleterre, ont imaginé une approche radicalement différente. Leur test ne demande aucun effort conscient de mémorisation. Le patient s’installe confortablement, un casque EEG sur la tête, et son unique tâche est de regarder des images défiler très rapidement sur un écran.
Le protocole est astucieux. D’abord, on lui présente une petite série d’images. Ensuite, des centaines d’autres visuels défilent à toute vitesse, parmi lesquels sont glissées les images du premier groupe. Le casque mesure alors en temps réel les micro-réactions du cerveau, traquant le signal électrique qui trahit la reconnaissance d’une image familière. Le tout ne dure que trois minutes.
Un premier test sur le terrain plus que concluant
Mais cette méthode fonctionne-t-elle en conditions réelles ? Pour le savoir, l’équipe a testé 106 volontaires, répartis entre des adultes en bonne santé et des personnes souffrant déjà de troubles cognitifs légers (TCL). Ce second groupe était lui-même divisé entre ceux dont les troubles touchaient la mémoire (le profil le plus à risque pour Alzheimer) et les autres.
Les résultats, publiés dans la revue Brain Communications, sont plus qu’encourageants. L’outil a su faire la différence : les participants avec des troubles de la mémoire liés à Alzheimer montraient une réaction cérébrale à la reconnaissance des images nettement plus faible que les autres. En clair, le test a pointé du doigt, rapidement et de manière passive, la signature cérébrale du trouble le plus inquiétant.
Un espoir immense, mais une étape à la fois
Faut-il y voir une révolution ? Pas encore tout à fait, mais sans doute un formidable espoir. L’« EEG Fastball » ne se veut pas un outil de diagnostic final, mais plutôt un instrument de triage, rapide et non invasif. Il permettrait aux médecins généralistes d’identifier facilement les patients qui méritent des examens plus poussés, sans longues listes d’attente ni angoisse inutile.
L’objectif est clair : orienter plus vite les bonnes personnes vers les bonnes stratégies de prévention et, demain, vers les traitements adaptés. Gagner du temps sur la maladie, apaiser l’incertitude. Une petite révolution, en somme, pour l’angoisse des premiers doutes.
Selon la source : trustmyscience.com