Santé infantile : l’UNICEF alerte sur la progression de l’obésité chez les enfants
Auteur: Adam David
C’est un basculement que l’on redoutait sans vraiment vouloir y croire. Le dernier rapport de l’UNICEF le confirme : pour la première fois dans l’histoire moderne, le nombre d’enfants et d’adolescents obèses dans le monde dépasse celui de ceux en insuffisance pondérale. Derrière ce constat froid se cache une crise sanitaire silencieuse, alimentée par un système qui semble avoir perdu le nord.
D'une faim à l'autre
Il n’y a pas si longtemps, le visage de la malnutrition infantile était celui de la maigreur, un spectre qui hantait principalement les pays à faibles revenus. L’obésité, elle, était perçue comme un mal de pays riches, presque un luxe tragique. Mais la mondialisation de la malbouffe a changé la donne. L’abandon progressif des régimes traditionnels au profit d’aliments ultratransformés, bon marché et omniprésents, a fait basculer la tendance.
Aujourd’hui, le pendule est reparti dans l’autre sens, avec une violence inouïe. Le problème n’est plus seulement l’accès à la nourriture, mais sa qualité. Cette transition alimentaire, couplée à une sédentarité croissante, a créé un cocktail explosif dont les enfants sont les premières victimes.
Des chiffres qui donnent le vertige
Le rapport *Feeding Profit*, publié par l’UNICEF en 2025, met des chiffres précis sur cette réalité. Le constat est sans appel : 188 millions d’enfants et d’adolescents en âge scolaire souffrent désormais d’obésité, soit 9,4 % du total. Un chiffre qui dépasse de peu les 9,2 % d’enfants encore en insuffisance pondérale. La France n’est pas épargnée, avec près de 17 % des 5-19 ans en surpoids, dont 4 % d’obèses.
Dans certaines régions du monde, comme les îles du Pacifique, la situation est carrément hors de contrôle, avec des taux qui dépassent les 35 %. Comme le résume Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF, « les aliments ultratransformés remplacent de plus en plus les fruits et légumes à une période clé de leur croissance ». On ne pouvait pas être plus clair.
Derrière la courbe de poids, des vies hypothéquées
Mais au-delà des statistiques, que se passe-t-il vraiment ? Prenons l’exemple d’un adolescent de 14 ans en surpoids. Il ne s’agit pas seulement d’une question d’apparence. C’est un risque accru de développer, bien avant l’heure, une résistance à l’insuline, porte d’entrée du diabète de type 2, ou encore de l’hypertension artérielle.
C’est aussi une qualité de vie qui se dégrade : un sommeil de moins bonne qualité, une estime de soi parfois en berne, et des difficultés à participer à des activités physiques, ce qui crée un cercle vicieux. L’obésité n’est pas qu’une question de kilos ; c’est une bombe à retardement sanitaire et psychologique.
Un système alimentaire en accusation
Si les facteurs individuels et familiaux ont leur importance, l’UNICEF pointe une responsabilité bien plus large : celle d’un environnement « obésogène ». Publicités omniprésentes ciblant les plus jeunes, disponibilité constante de produits à la fois pauvres en nutriments et riches en sucres, graisses et sel… Tout est fait pour encourager la consommation de ces aliments.
Des pays comme le Mexique ont commencé à réagir, en interdisant par exemple la vente de malbouffe dans les écoles. Ces mesures, souvent combattues par de puissants lobbys agroalimentaires, montrent qu’une action politique volontariste peut avoir un impact direct. Mais le combat est loin d’être gagné.
et maintenant, on fait quoi ?
La sonnette d’alarme est tirée. Les solutions techniques sont sur la table : taxer les produits les plus nocifs, imposer un étiquetage nutritionnel clair et lisible comme le Nutri-Score, interdire le marketing destiné aux enfants. Ces outils ont prouvé une certaine efficacité, mais ils restent insuffisants face à la force de frappe de l’industrie.
L’OMS estime que le coût économique de l’obésité pourrait dépasser les 4 000 milliards de dollars par an d’ici 2035. Le coût humain, lui, est déjà incalculable. La question n’est plus de savoir si nous devons agir, mais si nous aurons le courage de le faire avant que cette crise ne devienne totalement irréversible.
Selon la source : passeportsante.net