Acupuncture : des fils d’or retrouvés dans le genou d’une femme après des douleurs chroniques
Auteur: Adam David
Quand la douleur chronique devient insupportable, on est parfois prêt à tout essayer. C’est l’histoire d’une femme de 65 ans en Corée du Sud, dont le calvaire articulaire a conduit les médecins à une découverte pour le moins déroutante : ses genoux étaient parsemés de centaines de fragments d’or. Une trouvaille qui lève le voile sur les conséquences inattendues de certaines pratiques alternatives.
Au bout du rouleau thérapeutique
Son parcours est, hélas, assez classique. Souffrant d’une arthrose sévère, cette patiente avait épuisé les ressources de la médecine conventionnelle. Les antalgiques, les anti-inflammatoires, et même les injections de corticoïdes ne lui offraient plus qu’un répit de courte durée. Pire, son estomac ne supportait plus les traitements, la forçant à tout arrêter et à vivre avec une douleur quasi permanente.
C’est dans cette impasse qu’elle s’est tournée vers une clinique d’acupuncture. Avec des séances plusieurs fois par semaine, elle espérait enfin trouver une solution durable, une alternative plus douce pour son corps. Une démarche que des milliers de personnes entreprennent chaque année à travers le monde.
La surprise révélée par la radiographie
Mais lorsque la douleur a subitement empiré, la contraignant à se rendre à l’hôpital, personne ne s’attendait à ce que les examens allaient révéler. Sur les clichés radio, les médecins ont bien sûr constaté les signes de l’arthrose avancée : un os tibial épaissi, des excroissances osseuses… Mais c’est autre chose qui a attiré leur œil. Des centaines de petits éclats métalliques, brillants et fins comme des cheveux, étaient disséminés tout autour de l’articulation.
Le diagnostic est vite tombé : il s’agissait de fragments de fils d’or, volontairement implantés lors de ses séances. Ce cas, rapporté dans le prestigieux New England Journal of Medicine, met en lumière une pratique méconnue et soulève de sérieuses questions.
L’acupuncture aux fils d’or, une pratique aux contours flous
Cette technique, utilisée depuis des décennies en Asie, notamment en Corée et au Japon, part d’une idée simple. Au lieu de retirer les aiguilles après la séance, on insère de minuscules fils d’or stériles dans les muscles ou les articulations. L’objectif ? Créer une stimulation continue des points d’acupuncture, et donc un effet anti-douleur prolongé. Une sorte de traitement permanent, implanté à même le corps.
Pourtant, en dehors de ces quelques pays, la méthode reste confidentielle et, surtout, n’a jamais fait l’objet de validations scientifiques sérieuses. Certains praticiens l’utiliseraient pour l’arthrose ou la polyarthrite rhumatoïde, mais sans aucune preuve clinique robuste de son efficacité. C’est une thérapie qui repose davantage sur la tradition et la croyance que sur la médecine factuelle.
Quand l'alternative devient un obstacle aux soins
Le problème, c’est que ces fils ne sont pas si inoffensifs. D’abord, ils compliquent le travail des médecins. Ces fragments métalliques peuvent gêner la lecture des images médicales et rendent une IRM potentiellement dangereuse : le champ magnétique pourrait les faire bouger et provoquer des lésions internes. De plus, ils sont quasiment impossibles à retirer une fois implantés.
Plus inquiétant encore, le recours à cette pratique peut retarder le bon diagnostic. Des publications scientifiques, comme le rappelle LiveScience, ont montré que des patients ont vu leur état s’aggraver car l’acupuncture masquait les symptômes d’une maladie inflammatoire grave qui, elle, nécessitait un traitement urgent.
Des fils qui voyagent dans le corps
L’un des phénomènes les plus troublants est la migration de ces fils. Le corps ne les ancre pas toujours là où ils ont été posés. Des cas documentés décrivent des fragments, implantés dans le dos, retrouvés des années plus tard dans les jambes. Une étude a ainsi rapporté l’histoire d’une femme de 75 ans souffrant d’infections à répétition au mollet. La cause ? Des fils d’or qui avaient « voyagé » depuis son dos, où elle avait reçu le traitement bien des années auparavant.
Bien qu’chimiquement inertes, ces corps étrangers peuvent déclencher des inflammations, fragiliser les tissus et servir de porte d’entrée pour des infections bactériennes. Certains patients ont même raconté avoir retiré eux-mêmes des fils qui commençaient à sortir de leur peau. Un signe inquiétant du manque de suivi de ces procédures.
Mieux informer pour mieux choisir
Loin de vouloir jeter l’opprobre sur toutes les approches alternatives, ce cas rappelle une vérité simple : « traditionnel » ou « naturel » ne signifie pas sans risque. L’enjeu est double. D’un côté, il est crucial que les patients soient pleinement informés des conséquences, surtout lorsqu’il s’agit de s’implanter des matériaux permanents. De l’autre, le corps médical doit apprendre à reconnaître ces complications d’un nouveau genre, pour ne pas passer à côté d’un diagnostic. Un dialogue, plus que jamais nécessaire, entre deux mondes de la santé qui s’ignorent encore trop souvent.
Selon la source : science-et-vie.com