Australie : déploiement annoncé d’une flotte de drones sous-marins “Ghost Shark”, développés en un temps record
Auteur: Adam David
Face à un futur incertain pour sa flotte de sous-marins, l’Australie a décidé de prendre les devants. Canberra vient d’officialiser un contrat majeur avec l’entreprise de défense américaine Anduril pour acquérir une flotte de drones sous-marins autonomes de nouvelle génération, les Ghost Shark. Un pari technologique développé en un temps record, qui pourrait bien changer la donne stratégique dans la région.
Plus d'un milliard de dollars sur la table
Le montant de l’accord donne le vertige : 1,1 milliard de dollars. Ce n’est pas juste un achat sur étagère. Le contrat couvre la livraison des drones, leur maintenance, mais aussi le développement continu du système d’exploitation pour les cinq prochaines années. Le calendrier est serré, puisque le tout premier Ghost Shark XL-AUV devrait entrer en service dès janvier 2026, avec, à terme, des « douzaines » d’unités pour la marine royale australienne.
Un couteau suisse des profondeurs
Sur le papier, le Ghost Shark a tout du parfait couteau suisse des mers. Il est conçu pour des missions aussi variées que la reconnaissance, le renseignement, la surveillance des côtes, ou même des frappes offensives. Selon David Goodrich, le patron d’Anduril Australia, sa conception modulaire lui permettra d’évoluer en permanence, intégrant de nouvelles armes et charges utiles pour s’adapter aux menaces de demain.
Son autre atout majeur, c’est sa flexibilité. Le vice-amiral Mark Hammond, chef de la marine, a souligné qu’on pouvait le transporter par avion-cargo C-17, le lancer depuis la côte ou le déployer à partir d’un navire. Une agilité logistique rare pour un engin de cette taille.
Une vitesse de développement qui fait la différence
Mais là où le Ghost Shark impressionne vraiment, c’est sur le chronomètre. Moins de trois ans se sont écoulés entre la première ébauche et le début de la production en série. Une petite révolution dans un secteur de la défense habitué aux délais qui s’étirent sur des décennies. À titre de comparaison, son cousin américain, le drone Orca, est en gestation depuis près de dix ans sans être encore pleinement opérationnel.
Cette rapidité est une bouffée d’air frais pour une marine australienne en pleine, et laborieuse, modernisation.
La solution à l'impasse des sous-marins nucléaires ?
Cette course à l’équipement n’arrive pas par hasard. Elle s’inscrit dans le cadre du pacte de sécurité AUKUS, qui prévoit de doter l’Australie de sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire. D’abord trois à cinq submersibles américains de classe Virginie au début des années 2030, puis des SSN-AUKUS, conçus en commun, dans les années 2040.
Sauf qu’un grain de sable vient gripper la mécanique. Les chantiers navals américains peinent à suivre la cadence, ne produisant que 1,2 sous-marin par an quand il en faudrait 2,33 pour satisfaire à la fois les besoins de l’US Navy et ceux de l’Australie. Le retard est tel qu’un haut responsable du Pentagone a récemment qualifié la livraison à Canberra de « problème très difficile » si la production n’accélérait pas.
Le drone, police d'assurance d'une marine en plein doute
Un désaveu américain placerait l’Australie dans une position intenable, contrainte de prolonger la vie de ses sous-marins actuels de classe Collins, des navires des années 90 qui seront complètement obsolètes. Dans ce contexte, le Ghost Shark change de statut. Il n’est plus seulement une nouvelle capacité, il devient une police d’assurance, une solution agile face à la lourdeur des programmes industriels et aux aléas géopolitiques.
Ce drone fantôme, développé en un éclair, pourrait bien devenir l’atout le plus tangible d’une marine qui navigue en pleine zone de turbulences.
Selon la source : geo.fr