Santé / éthique : les médecins n’accordent pas les mêmes priorités lorsqu’on les interroge sur la mort idéale, selon une étude
Auteur: Adam David
La mort, on y pense tous un peu, souvent de loin. Mais pour ceux qui la côtoient chaque jour, l’idée d’une « bonne mort » prend une tout autre dimension, plus concrète, plus intime aussi. Une étude belge a justement sondé des médecins sur leurs souhaits personnels, et leurs réponses dessinent une fin de vie bien différente de celle que l’on imagine souvent.
Une question simple, des réponses complexes
Le point de départ est une question simple, presque brutale : « Comment aimeriez-vous mourir ? ». C’est ce qu’une équipe de l’université de Gand, en Belgique, a demandé à 45 médecins de trois pays aux cultures et systèmes de santé distincts : l’Italie, la Belgique et les États-Unis. L’idée était de comprendre comment leur pratique, leur vécu, forge leur propre vision de la fin. Après tout, ce sont eux qui se retrouvent au chevet des patients lors des décisions cruciales.
Le poids de l'expérience, surtout en soins palliatifs
Premier constat, assez logique : tous les praticiens ne sont pas logés à la même enseigne. Les médecins spécialisés en soins palliatifs se distinguent nettement. Pour eux, la réflexion sur leur propre mort n’est pas une abstraction ; elle est nourrie par le quotidien, par les histoires des patients qu’ils accompagnent. Ils ont des idées bien plus arrêtées sur ce qu’ils voudraient, et surtout, sur ce qu’ils voudraient éviter à tout prix, contrairement à leurs confrères d’autres spécialités, souvent moins confrontés à cette pensée.
Ce qui forge une conviction face à la fin
Bien sûr, le cadre légal du pays, la culture ou la religion pèsent dans la balance. Mais l’étude montre que deux facteurs dominent tous les autres : l’expérience clinique et le décès d’un proche. C’est la mémoire des fins de vie difficiles, celles qu’ils ont trouvées les plus éprouvantes, qui semble être le moteur le plus puissant de leurs choix. C’est en voyant ce qu’il ne faut pas faire, ou ne plus faire, que leur propre souhait se précise.
Le scénario d'un départ en douceur
Alors, à quoi ressemble ce départ « idéal » pour un médecin ? Le scénario se dessine assez clairement. Pas d’hôpital, si possible. Plutôt le calme du domicile ou d’une maison de retraite choisie. Le temps d’anticiper, de mettre ses affaires en ordre. Surtout, la présence des proches, la possibilité de dire au revoir sans urgence. Et puis, des conditions essentielles : ne pas souffrir, garder son esprit clair, préserver sa dignité et son autonomie jusqu’au bout.
Surtout, ne pas s'acharner pour rien
C’est peut-être là que le fossé se creuse le plus avec les désirs parfois exprimés par les patients ou leurs familles : le refus catégorique de l’acharnement thérapeutique. Pour ces médecins, prolonger la vie à tout prix quand il n’y a plus d’espoir de qualité de vie est l’écueil à éviter. Leur expérience leur a montré la souffrance que peuvent engendrer des traitements qui ne font que retarder l’inévitable. Cette volonté de ne pas « faire le combat de trop » est sans doute la leçon la plus forte de leur pratique.
une leçon qui dépasse le monde médical
Au fond, ce que cette étude nous dit, c’est que la mort se prépare aussi en en parlant. En la « normalisant », comme le suggèrent les chercheurs, on permet une réflexion plus sereine pour tous. En comprenant ce que ceux qui la voient de près souhaitent pour eux-mêmes, on ouvre peut-être une voie pour un meilleur accompagnement, pour les patients comme pour leurs familles. Une leçon d’humanité qui dépasse largement les couloirs de l’hôpital.
Selon la source : tameteo.com