C’est une image terrible, et malheureusement, elle nous est devenue familière. Une fois de plus, dans les eaux de l’État de Washington, aux États-Unis, une orque d’une espèce en grand danger a été aperçue en train de porter son petit, né sans vie. C’est un comportement qui ressemble à un deuil, un effort désespéré pour ramener à la vie celui qui n’est plus. Cette nouvelle histoire nous rappelle à quel point ces magnifiques créatures marines sont fragiles.
Que s'est-il passé avec l'orque J36 ?
Tout a commencé vendredi dernier, lorsque des chercheurs ont reçu des alertes. L’orque, identifiée sous le nom de J36, poussait son petit veau mort dans le détroit de Rosario, qui fait partie de la mer des Salish. Les équipes sur place ont rapidement confirmé la triste nouvelle : le bébé orque, une femelle, était bien décédé. On pouvait même encore voir son cordon ombilical.
D’après les premières observations, le petit semblait être né à terme ou presque. On ne sait pas encore s’il est né vivant ou s’il était déjà mort à la naissance. Ce qui est sûr, c’est que ce bébé n’avait pas plus de trois jours.
Un triste rappel du passé : l'histoire de Tahlequah
Si cette histoire vous dit quelque chose, c’est normal. Au début de l’année, une autre orque de la même famille, surnommée Tahlequah (ou J35), avait été vue faisant la même chose. Tahlequah avait ému le monde entier en 2018. À l’époque, elle avait transporté son petit décédé sur plus de 1 600 kilomètres pendant 17 jours. Un véritable tour de deuil qui avait marqué les esprits.
Heureusement, Tahlequah a eu un autre petit en 2020, qui lui, a survécu. Une bonne nouvelle, car les spécialistes estiment que près de 70% des grossesses chez les orques se terminent par une fausse couche ou la mort du petit peu après la naissance.
Pourquoi tant de bébés orques ne survivent-ils pas ?
La mortalité des petits est élevée chez toutes les orques, mais pour cette population spécifique, la situation est critique. Ils ne sont plus que 73 individus. Leur survie est menacée par plusieurs facteurs qui s’accumulent. Le principal problème est le manque de nourriture. Leur met préféré, le saumon quinnat, se fait de plus en plus rare.
À cela s’ajoutent deux autres fléaux : la pollution des eaux qui les empoisonne lentement, et le bruit des navires. Ce vacarme constant perturbe leur communication et leur capacité à chasser efficacement. C’est un peu comme essayer de trouver son chemin dans le brouillard avec un bruit assourdissant dans les oreilles.
Un comportement qui interroge : le deuil chez les orques
Pourquoi ces mères s’acharnent-elles à porter leur petit sans vie ? La science n’a pas de réponse définitive. Mais les experts pensent que cela témoigne d’émotions très complexes. Comme l’a écrit une spécialiste, Monika Wieland Shields, les orques « sont câblées pour ressentir toutes les émotions compliquées qui accompagnent la vie en groupe très soudé ».
Elles vivent en familles très unies, un peu comme nous. Il est donc tout à fait possible qu’elles ressentent une forme de chagrin, de deuil, et que ce geste soit leur manière de l’exprimer, ou peut-être un refus d’accepter la perte. C’est une question qui reste ouverte, mais qui nous montre à quel point ces animaux sont sensibles.
Conclusion : un signal d'alarme que nous devons écouter
Chaque histoire comme celle de J36 est un nouveau coup de poing. Ce n’est pas juste une anecdote triste sur un animal, c’est le symptôme d’un océan qui souffre et d’une espèce qui se bat pour ne pas disparaître. Ces mères orques, par leur deuil visible, nous envoient un message puissant. C’est un cri d’alarme sur l’urgence de protéger leur environnement, de nettoyer nos eaux et de leur garantir assez de nourriture pour que leurs petits aient une chance de vivre.
Selon la source : cbsnews.com