On la croyait presque reléguée aux livres d’histoire médicale, mais elle est bien de retour. L’hépatite A frappe de nouveau en France, et les chiffres ont de quoi inquiéter. Le 12 septembre 2025, le ministère de la Santé a officiellement tiré la sonnette d’alarme : avec plus de 1 000 cas recensés depuis janvier, le total de l’année 2024 est déjà dépassé, ravivant les craintes d’une épidémie oubliée.
Qu'est-ce que ce virus qui profite d'un relâchement ?
L’hépatite A est une infection virale du foie, longtemps contenue en France par des standards d’hygiène élevés et une vaccination ciblée. Le paradoxe, c’est que la pandémie de Covid-19, avec ses gestes barrières omniprésents, avait mis un frein brutal à sa circulation. Depuis 2023, la tendance s’est inversée, et l’incidence est revenue à ses niveaux d’avant-crise.
Sa propagation est insidieuse : elle passe par la fameuse voie « oro-fécale », c’est-à-dire par des mains mal lavées, de l’eau ou des aliments contaminés. Certaines pratiques sexuelles ou l’usage de drogues par voie intraveineuse peuvent aussi être des vecteurs. Après une incubation silencieuse de quatre à six semaines, les symptômes apparaissent : fièvre, grosse fatigue, douleurs au ventre et, le plus visible, la jaunisse qui colore la peau et les yeux.
Des foyers épidémiques sous haute surveillance
La carte de France de l’épidémie se dessine peu à peu, avec deux zones particulièrement touchées, selon un bulletin DGS-urgent. D’un côté, la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a comptabilisé 84 cas jusqu’à la fin du mois d’août. De l’autre, les Pays de la Loire, où le foyer semble plus tenace, avec 117 cas et une circulation du virus toujours active début septembre.
Mais c’est peut-être à Lyon que la situation est la plus palpable. L’Agence Régionale de Santé (ARS) du Rhône a alerté sur une flambée de cas dans la métropole, notamment dans le 7e arrondissement. Un lieu précis cristallise les craintes : une école maternelle.
Quand l'épidémie s'invite à la cour de l'école
Loin des statistiques nationales, l’inquiétude a un visage : celui d’un enfant de 5 ans. Quelques jours à peine après la rentrée, une famille lyonnaise a vu son fils développer de la fièvre et une jaunisse. Le diagnostic tombe : hépatite A. L’école a immédiatement dû déclencher le protocole, informer les autres parents et renforcer la surveillance.
Ce cas concret illustre parfaitement comment le virus s’immisce à nouveau dans les lieux de vie collectifs, là où l’hygiène des mains des plus petits reste un défi quotidien. Il matérialise le risque d’une diffusion rapide si rien n’est fait.
Hygiène et vaccination, les armes pour riposter
Face à cette résurgence, les autorités sanitaires martèlent deux messages clés, qui relèvent presque du bon sens. Le premier, c’est le lavage des mains à l’eau et au savon. Un geste simple, presque banal, mais qui reste le premier rempart contre la transmission.
Le second levier est la vaccination. Pour l’heure, elle reste ciblée et recommandée pour les voyageurs se rendant dans des zones à risque, les personnes atteintes de maladies chroniques du foie, ainsi que les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Si l’infection se guérit le plus souvent seule, elle peut être grave chez les adultes fragiles, voire mortelle dans de très rares cas (moins de 5 pour 1000).
Faut-il repenser la stratégie vaccinale ?
Cette flambée des cas pourrait-elle changer la donne ? La question d’élargir les recommandations vaccinales, notamment pour les enfants scolarisés, est désormais sur la table de la Haute Autorité de Santé (HAS). Elle pourrait être amenée à réévaluer sa stratégie.
Pour l’instant, les experts restent prudents, soulignant le manque de recul et de données précises sur les modes de contamination dans les foyers actuels. Une chose est sûre : l’hépatite A vient de rappeler à tous qu’aucune victoire sanitaire n’est jamais définitivement acquise.
Selon la source : passeportsante.net