Alzheimer : un laboratoire de neurologie mène des recherches sur un traitement expérimental utilisant la lumière
Auteur: Adam David
C’est une réalité brutale pour des millions de familles : une fois le diagnostic d’Alzheimer posé, il n’existe pas de traitement pour guérir. En France, la maladie affecte, de près ou de loin, plus de trois millions de personnes. Pourtant, à Strasbourg, une équipe de neurologues explore une piste aussi simple que surprenante, qui pourrait un jour changer la donne.
Sortir de l'impasse thérapeutique
Aujourd’hui, l’accompagnement des malades vise surtout à préserver leur autonomie le plus longtemps possible, sans pouvoir stopper la progression de la démence. Cette impasse pousse les scientifiques à penser différemment. « Maintenant, il y a cette envie de se tourner vers d’autres types thérapeutiques », confie Matthieu Aguilera, un jeune chercheur de 28 ans qui vient de soutenir sa thèse à Strasbourg. Son intuition, partagée par d’autres laboratoires dans le monde, repose sur un outil inattendu : la lumière.
Une expérience inspirée des États-unis
L’idée n’est pas sortie de nulle part. Depuis quelque temps déjà, des équipes américaines ont montré des résultats étonnants sur des souris atteintes d’Alzheimer à un stade avancé. En les stimulant avec une lumière clignotant à une fréquence précise de 40 hertz (Hz), ils ont réussi à restaurer une partie de leurs capacités mémorielles et même à réduire les plaques amyloïdes caractéristiques de la maladie. Une véritable percée qui a inspiré l’équipe strasbourgeoise.
À Strasbourg, des résultats quasi immédiats
Pendant quatre ans, Matthieu Aguilera et son équipe ont travaillé sur 120 souris, mais à un stade précoce de la maladie, pour en comprendre les tout premiers signes. C’est sur ces dernières qu’ils ont appliqué le protocole de stimulation lumineuse. L’effet a été spectaculaire. « Après deux semaines d’une heure de stimulation par jour, elles n’avaient plus de problèmes de mémoire », explique le chercheur. Un résultat d’une rapidité déconcertante.
Pourquoi 40 hertz ? La science derrière le clignotement
Cette fréquence de 40 Hz n’est pas choisie au hasard. On sait qu’elle joue un rôle dans la préservation de la plasticité synaptique, c’est-à-dire la capacité des neurones à communiquer entre eux, une fonction que la maladie d’Alzheimer détruit peu à peu. D’ailleurs, des essais cliniques sur l’humain ont déjà démarré outre-Atlantique, combinant cette fois stimulations lumineuses et sonores sur la même fréquence. La piste est donc jugée sérieuse par la communauté scientifique.
Entre optimisme et prudence, le long chemin des essais cliniques
Malgré l’enthousiasme, Matthieu Aguilera appelle à la plus grande prudence. Si les premiers résultats sont plus qu’encourageants, le chemin est encore long avant de pouvoir imaginer une application à grande échelle chez l’humain. « Il faudra sans doute une dizaine d’années », estime-t-il, le temps de valider la sécurité et l’efficacité du protocole à travers des essais cliniques rigoureux. La science demande du temps.
L'avenir de la recherche s'écrit à Strasbourg
Loin d’être un point final, cette découverte ouvre un nouveau chapitre. Une collaboration est sur le point de naître entre le laboratoire de neuroscience cognitive et adaptative et les Hôpitaux universitaires de Strasbourg pour faire avancer le projet. L’espoir est là, fragile mais réel, porté par une nouvelle génération de chercheurs déterminés à éclairer les zones d’ombre de notre cerveau.
Selon la source : rcf.fr