Diabète de type 5 : une forme de diabète liée à la malnutrition identifiée par les chercheurs
Auteur: Adam David
Quand on pense au diabète, l’image du surpoids et d’une alimentation trop riche vient presque aussitôt à l’esprit. Pourtant, une autre réalité, longtemps restée dans l’ombre, vient d’être officiellement reconnue par la communauté scientifique : une forme de diabète non pas liée à l’excès, mais à la malnutrition. Ce « diabète de type 5 » toucherait déjà près de 25 millions de personnes, principalement dans les pays du Sud.
Un fantôme médical qui refait surface
L’histoire n’est pas nouvelle. Dès les années 1950, des médecins en poste dans des pays à faibles ressources avaient remarqué des cas troublants : des jeunes adultes, souvent très minces, qui développaient un diabète sévère sans présenter les caractéristiques habituelles. Pas d’obésité comme dans le type 2, pas de maladie auto-immune comme dans le type 1. L’OMS avait même créé une catégorie pour ce « diabète lié à la malnutrition » en 1985.
Pourtant, faute de preuves jugées suffisantes et de recherches approfondies, cette classification a été discrètement abandonnée en 1999. Le sujet est alors retombé dans une sorte de limbe médical, laissant des millions de patients sans diagnostic clair ni prise en charge adaptée.
Vellore, le consensus qui change la donne
Il aura fallu attendre une récente déclaration internationale, fruit d’un consensus d’experts réunis en Inde, pour que les choses bougent enfin. Publiées dans la prestigieuse revue The Lancet Global Health et soutenues par la Fédération internationale du diabète (FID), ces nouvelles recommandations décrivent un profil clinique bien distinct. On parle de patients jeunes, de moins de 30 ans, avec un indice de masse corporelle (IMC) très faible, inférieur à 18,5.
Leur pancréas ne produit quasiment plus d’insuline, mais contrairement au diabète de type 2, leur corps reste sensible à cette hormone. Autre différence majeure : ils ne développent pas d’auto-anticorps, ce qui les écarte du type 1. C’est bien une maladie à part entière.
Derrière les chiffres, le visage d'Aïcha
Pour comprendre ce que cela signifie concrètement, il faut imaginer Aïcha. À 19 ans, cette jeune femme vivant en zone rurale a toujours été très maigre, marquée par une sous-nutrition chronique depuis son enfance. Quand elle développe une soif intense et une fatigue extrême, les médecins pensent au diabète. Mais son cas est un casse-tête.
Elle n’est pas en surpoids, donc le type 2 semble improbable. Mais les tests pour le type 1 reviennent négatifs. Son histoire est celle de milliers d’autres : un parcours d’errance diagnostique, car son profil ne coche aucune des cases habituelles. Elle est l’illustration parfaite de ce diabète de type 5, né des carences précoces.
Soigner, un véritable casse-tête
La reconnaissance de ce diabète est une chose, le traiter en est une autre. Les protocoles classiques sont souvent inadaptés, voire dangereux. Prescrire de l’insuline à des personnes en situation de précarité alimentaire expose à un risque majeur d’hypoglycémie sévère si un repas est sauté. La metformine, traitement phare du type 2, peut quant à elle aggraver la perte de poids, ce qui est tout le contraire de l’objectif recherché.
La clé du traitement se trouve donc ailleurs. Elle réside dans une approche mixte, combinant un soutien nutritionnel pour reprendre du poids et retrouver des forces, avec des médicaments oraux à choisir avec une extrême prudence. Tout l’enjeu est de stabiliser la glycémie sans affaiblir davantage des organismes déjà fragiles.
bien plus qu'un enjeu médical
Reconnaître ce diabète de type 5 n’est donc pas qu’une simple question de classification. C’est ouvrir les yeux sur une conséquence directe de la pauvreté et de la faim dans le monde. Pour les chercheurs et les soignants, le défi est immense : il faut désormais développer des protocoles de soins spécifiques, former les professionnels de santé et surtout, intégrer la lutte contre ce diabète dans les programmes plus larges de sécurité alimentaire.
Car au fond, la première des préventions pour cette maladie ne se trouve pas dans une boîte de médicaments, mais bien dans une assiette suffisamment remplie.
Selon la source : passeportsante.net