Alzheimer : cette maladie peut-elle vraiment menacer vos enfants ? Le médecin Jimmy Mohamed apporte des réponses nuancées
Auteur: Adam David
C’est une angoisse sourde, une question qui revient sans cesse dans les familles touchées par Alzheimer : et si c’était mon tour ? Avec 1,4 million de personnes concernées en France, la maladie plane comme une menace, et l’on se demande si le mal est inscrit dans nos gènes. Le médecin et chroniqueur Jimmy Mohamed a récemment pris la parole pour démêler le vrai du faux, et surtout, pour apaiser une crainte souvent démesurée.
Une fatalité génétique ? Pas si vite
La statistique est sans appel et a de quoi surprendre. Selon Jimmy Mohamed, qui s’appuie sur les données de la recherche, 99 % des cas d’Alzheimer ne sont pas directement liés à une transmission génétique. La peur d’être condamné parce qu’un parent est atteint est donc, dans l’immense majorité des situations, infondée. C’est un premier soulagement, un chiffre puissant qui vient tordre le cou à une idée reçue tenace.
Les formes véritablement héréditaires existent, mais elles sont extrêmement rares. Elles ne représentent que moins de 1 % des diagnostics. Il s’agit de cas très spécifiques, dits « précoces », où la maladie se déclare bien avant l’âge habituel, généralement avant 65 ans.
L'âge, premier facteur de risque
Si la génétique est rarement en cause, qu’est-ce qui déclenche cette lente dégradation des neurones ? Le premier facteur de risque, et de loin, reste l’âge. Plus nous vieillissons, plus la probabilité de développer la maladie augmente, c’est un fait mécanique et statistique. Le cerveau, comme le reste du corps, vieillit, et ses défenses peuvent s’affaiblir.
Mais l’âge n’explique pas tout. D’autres éléments, plus insidieux, entrent en jeu. On sait aujourd’hui qu’un sommeil de mauvaise qualité, en particulier entre 50 et 70 ans, peut sérieusement augmenter les risques. Une dette de sommeil chronique à cet âge charnière semble fragiliser le cerveau pour les décennies à venir.
Savoir distinguer les signaux d'alerte
Alors, quand faut-il vraiment s’inquiéter ? Le tableau est très différent selon les situations. Si votre mère développe la maladie à 80 ans, votre risque personnel n’est pas significativement plus élevé que celui du reste de la population. C’est le scénario le plus courant, celui qui correspond à l’usure naturelle liée à l’âge.
En revanche, si plusieurs membres de votre famille proche (parents, oncles, tantes) ont été diagnostiqués avant 65 ans, la vigilance est de mise. Dans ce contexte bien précis, un conseil génétique ou un suivi neurologique peut être envisagé pour évaluer le risque réel et mettre en place une surveillance adaptée.
Bâtir son propre bouclier anti-alzheimer
La bonne nouvelle, c’est que nous ne sommes pas impuissants. Plutôt que de se focaliser sur une hérédité largement fantasmée, Jimmy Mohamed insiste sur le pouvoir de la prévention. On peut agir, et ce, dès aujourd’hui, pour mettre toutes les chances de son côté. C’est un véritable bouclier que l’on peut construire soi-même.
Comment ? En bougeant régulièrement, car l’activité physique protège aussi le cerveau. En mettant de la couleur et de la qualité dans son assiette, avec un régime de type méditerranéen ou MIND, connus pour leurs vertus neuroprotectrices. Et bien sûr, en ne laissant jamais son cerveau s’endormir : la lecture, les jeux, les discussions, les apprentissages… toute stimulation cognitive est bonne à prendre.
de la peur à l'action
Au fond, le message est clair : la fatalité n’a que peu de place dans l’histoire d’Alzheimer. Pour la plupart d’entre nous, la maladie n’est pas une sentence écrite dans notre ADN. L’idée n’est pas d’effacer le risque, mais de le regarder en face, sans le poids d’une angoisse irrationnelle. En se concentrant sur ce que l’on peut maîtriser – notre sommeil, notre alimentation, notre curiosité –, on transforme la peur en action. Et c’est sans doute là, aujourd’hui, notre meilleure arme.
Selon la source : passeportsante.net