Psoriasis et risque de cécité : ce que confirment les dernières recherches scientifiques
Auteur: Adam David
On a longtemps cru le psoriasis confiné à la peau, à ses plaques rouges et ses démangeaisons parfois insupportables. Une erreur. Une vaste étude, présentée récemment à Paris, vient de confirmer ce que certains spécialistes redoutaient : la maladie est associée à un risque bien réel de développer une DMLA, l’une des principales causes de cécité chez les seniors.
Une maladie bien plus profonde qu'il n'y paraît
Oubliez l’image d’une simple affection cutanée. Le psoriasis, qui touche environ un Français sur cinquante, est en réalité une maladie inflammatoire systémique, c’est-à-dire qu’elle touche l’organisme entier. Ses racines sont complexes, un enchevêtrement de prédispositions génétiques, de facteurs environnementaux et de dérèglements immunitaires. D’ailleurs, pour un patient sur cinq, la maladie ne s’arrête pas à la peau et s’attaque aux articulations, provoquant un rhumatisme psoriasique.
L'étude qui change la donne
C’est lors du grand congrès européen de dermatologie (EADV) que la nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Des chercheurs américains ont présenté les résultats d’un suivi colossal : plus de 20 000 patients atteints de psoriasis, âgés de plus de 55 ans, observés pendant quinze ans. Le verdict est sans appel. Ces patients présentent un risque significativement plus élevé de développer une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), en particulier sa forme la plus courante, dite « sèche ».
Une lueur d'espoir du côté des traitements ?
Mais cette étude ne se contente pas d’alerter. Elle ouvre aussi une porte d’espoir, ou du moins une piste sérieuse. Les scientifiques ont en effet remarqué que les patients traités avec des biothérapies (ces traitements de pointe comme les anti-TNFa ou les anti-interleukines) voyaient leur risque de développer une DMLA chuter de 27 % par rapport à ceux qui suivaient des traitements plus conventionnels. Une découverte qui pourrait changer la prise en charge.
Des signaux d'alarme venus d'ailleurs
Ce lien entre le psoriasis et les yeux n’est pas un fait isolé. D’autres études récentes viennent corroborer cette thèse. En Corée du Sud, le suivi de près de 2,7 millions de diabétiques a montré que souffrir de psoriasis augmentait de 21 % le risque d’occlusion veineuse rétinienne. Auparavant, des travaux menés à Taïwan avaient déjà mis en lumière un risque accru de DMLA néovasculaire (la forme agressive) chez les hommes psoriasiques. Les preuves s’accumulent.
Qu'est-ce que la DMLA, cet ennemi silencieux ?
Mais au fond, qu’est-ce que la DMLA ? C’est tout simplement la première cause de handicap visuel sévère après 60 ans dans les pays industrialisés. Elle s’attaque à la macula, la zone centrale de la rétine essentielle à la vision précise. La forme sèche, la plus fréquente, évolue lentement par l’accumulation de dépôts. La forme humide (ou exsudative), plus rare, est bien plus agressive, avec une prolifération de vaisseaux sanguins anormaux. Dans les deux cas, les symptômes sont insidieux : vision centrale floue, déformation des lignes droites, jusqu’à l’apparition d’une tache noire qui empêche de lire ou de reconnaître un visage.
Vers une surveillance ophtalmologique renforcée
Pour les patients, ces résultats changent potentiellement beaucoup de choses. Ils soulignent l’urgence d’une surveillance ophtalmologique régulière, surtout après 55 ans. Pour des associations comme France Psoriasis, le combat se joue sur deux fronts : garantir un accès plus équitable aux biothérapies innovantes et inciter les patients à ne jamais ignorer un trouble visuel, même mineur. Reste une question clé pour la recherche : ces traitements modernes pourraient-ils devenir, demain, une double arme protégeant à la fois la peau et la précieuse rétine ?
Selon la source : passeportsante.net