Qui n’a jamais cédé à l’appel de la sieste juste après un déjeuner copieux ? C’est un réflexe quasi universel, un petit plaisir qui semble pourtant inoffensif. Pourtant, cette habitude, aussi réconfortante soit-elle, pourrait bien se retourner contre notre système digestif en favorisant l’apparition de reflux acides.
Une simple question de mécanique et de gravité
Lorsque nous mangeons, notre estomac se remplit et produit des sucs gastriques très acides pour décomposer les aliments. En position verticale, la gravité aide à maintenir ce contenu là où il doit être. Mais quand on s’allonge, tout change. La position horizontale annule cet effet et facilite la remontée du liquide acide vers l’œsophage, cette fameuse « vanne » entre les deux organes n’étant pas toujours parfaitement étanche.
C’est ce phénomène qui provoque les symptômes bien connus du reflux gastro-œsophagien (RGO) : cette sensation de brûlure qui remonte derrière le sternum, parfois accompagnée de régurgitations au goût amer. Des désagréments qui peuvent rapidement gâcher le bénéfice d’un bon repas.
Le verdict des experts : la règle des deux heures
Alors, combien de temps faut-il patienter ? La plupart des spécialistes s’accordent sur un délai de sécurité. La Société canadienne de recherche intestinale, par exemple, recommande d’attendre au moins deux à trois heures après la fin du repas avant de s’allonger ou de se coucher. Un intervalle jugé suffisant pour laisser à l’estomac le temps de faire une bonne partie de son travail.
D’autres, comme le Dr Sahra Pencreac’h, se montrent un peu plus souples, suggérant un minimum de 45 minutes, idéalement en privilégiant une marche légère pour stimuler la digestion. L’idée générale reste la même : laissez le temps à votre corps de commencer le processus avant de passer en position horizontale.
Et pour la nuit, comment adapter son sommeil ?
Pour ceux dont les symptômes se manifestent surtout la nuit, une astuce simple peut faire la différence. Il s’agit de surélever la tête du lit d’une quinzaine de centimètres. Attention, la solution ne réside pas dans l’empilement d’oreillers. Cela ne fait que plier le corps et peut même augmenter la pression sur l’abdomen, aggravant le problème en plus de provoquer des douleurs au cou ou au dos.
La bonne méthode consiste à glisser des cales sous les pieds de la tête du lit, ou à surélever directement le matelas. L’objectif est de créer une pente douce et uniforme de la tête aux pieds, utilisant une fois de plus la gravité comme alliée.
Quand la posture ne suffit pas : l'hygiène de vie en question
Mais le problème va souvent au-delà de la simple posture post-repas. Selon le docteur Bertrand Durantet, médecin anti-âge, la lutte contre le reflux passe par une approche plus globale. Côté assiette, il conseille d’éviter les suspects habituels : aliments très gras, chocolat, café, thé, tabac, plats en sauce ou encore jus d’orange, qui ont tendance à irriter la muqueuse ou à relâcher le sphincter de l’œsophage.
L’hygiène de vie générale joue aussi un rôle crucial. Lutter contre la constipation, éviter les vêtements trop serrés qui compriment l’abdomen, ou encore maintenir un poids de forme sont autant de leviers pour réduire la pression sur l’estomac et, par conséquent, les risques de reflux.
savoir écouter son corps et consulter si besoin
Si malgré ces précautions les symptômes persistent, des traitements existent, des plus simples à prendre après le repas aux inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sur prescription. Mais leur échec doit alerter. Une fibroscopie peut alors s’avérer nécessaire pour déceler une cause sous-jacente, comme une hernie hiatale, ou vérifier l’absence de lésions à l’œsophage.
Finalement, tout est question d’écoute et de bon sens. Plutôt que de voir ces conseils comme une liste de contraintes, il s’agit peut-être de réapprendre à accompagner notre corps dans le travail, parfois laborieux, de la digestion. Un petit effort pour un grand confort.
Selon la source : passeportsante.net